Frappes sur Odessa : Kyiv accuse Poutine de "cracher" à la face du monde, Moscou nie

À proximité du lieu d'un bombardement
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Par Stephane HamalianEuronews avec AFP
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La Russie a nié samedi auprès d'Ankara toute implication dans les frappes contre le port ukrainien d'Odessa.

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Des frappes russes ont visé samedi le port d'Odessa, a annoncé l'Ukraine qui a accusé Vladimir Poutine d'avoir "craché au visage" de l'ONU et de la Turquie et de compromettre l'application de l'accord signé la veille sur la reprise des exportations des céréales bloquées par la guerre.

Odessa est la plus grande ville et le plus important port de toute la côte de la mer Noire, et à ce titre crucial pour la reprise des exportations de céréales ukrainiennes.

En tirant des missiles de croisière sur le port d'Odessa, le président russe a "craché au visage du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et du président turc Recep (Tayyip) Erdogan, qui ont déployé d'énormes efforts pour parvenir à cet accord", a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Oleg Nikolenko.

Moscou nie

M. Guterres a déclaré dans un communiqué qu'il "condamnait sans équivoque" ces attaques, soulignant que "la mise en oeuvre intégrale (de l'accord) par la Fédération de Russie, l'Ukraine et la Turquie est impérative".

"Frapper une cible cruciale pour l'exportation de céréales un jour après la signature des accords d'Istanbul est particulièrement répréhensible et démontre une fois de plus le mépris total de la Russie pour le droit international et les engagements", a réagi de son côté le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell sur Twitter.

La Turquie pour sa part s'est dite "préoccupée" samedi par ces frappes.

"Le fait qu'un tel incident se soit produit juste après l'accord que nous avons conclu hier (...) nous préoccupe vraiment", a déclaré le ministre turc de la Défense Hulusi Akar.

"Les Russes nous ont dit qu'ils n'avaient absolument rien à voir avec cette attaque et qu'ils examinaient la question de très près", a ajouté Hukusi Akar.

Recrudescence des frappes

L'Ukraine a prévenu que la Russie assumerait "l'entière responsabilité" en cas d'échec de l'accord sur les exportations de céréales.

Un porte-parole de l'administration de la région d'Odessa, Serguiï Bratchouk, a affirmé que deux des missiles de croisière avaient été abattus par la défense antiaérienne.

Le centre de l'Ukraine n'a pas été épargné non plus avec une reprise samedi des frappes russes qui ont tué trois personnes, après une accalmie dans les combats qui se sont concentrés sur le Donbass (est).

Treize missiles de croisière russes lancés depuis la mer sont tombés près de la ville de Kropyvnytskyi située dans la région de Kirovograd (centre), a annoncé son gouverneur Andriy Raikovytch, précisant que des infrastructures ferroviaires et un aérodrome militaire ont été ciblés.

Avant les frappes sur Odessa, l'Union africaine s'était "félicitée" samedi de l'accord sur les exportations de céréales, saluant un "développement bienvenu" pour le continent qui fait face à un risque accru de famine.

L'accord doit permettre d'exporter entre 20 et 25 millions de tonnes de grains bloquées en Ukraine.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie - deux pays qui assurent notamment 30% des exportations mondiales de blé - a conduit à une flambée des cours des céréales et des huiles, frappant durement le continent africain très dépendant de ces pays pour son approvisionnement.

Cette hausse des cours est venue aggraver la situation de pays déjà confrontés à une crise alimentaire, notamment dans la Corne de l'Afrique (Kenya, Ethiopie, Somalie, Djibouti) qui connaît sa pire sécheresse depuis 40 ans.

"Responsabilité de l'ONU"

Le cours du blé a chuté vendredi après l'accord, retrouvant même son cours d'avant la guerre sur le marché américain (Chicago), tandis que sur le marché européen (Euronext), il restait environ 16% au-dessus du cours d'avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie du 24 février.

La signature de ce texte âprement négocié sous les auspices des Nations unies et d'Ankara a eu lieu à Istanbul en présence notamment d'Antonio Guterres, et du président Erdogan.

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Les conditions sont réunies pour son application "dans les prochains jours", avait assuré peu après le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou.

Washington qui soutient l'Ukraine contre l'agression russe, a fait peser sur Moscou la responsabilité du succès de l'opération. "Il revient maintenant à la Russie de concrètement mettre en oeuvre cet accord", a souligné la numéro 3 de la diplomatie américaine, Victoria Nuland.

L'Ukraine s'est montrée de son côté circonspecte.

C'est désormais "la responsabilité de l'ONU" de garantir le respect de l'accord, a vendredi soir le président Volodymyr Zelensky, disant s'attendre à "des provocations, à des tentatives de discréditer les efforts ukrainiens et internationaux".

"L'accord correspond entièrement aux intérêts de l'Ukraine", s'est-il cependant félicité, ajoutant que les militaires ukrainiens continueraient de contrôler "à 100% tous les accès aux ports", dont la Russie exigeait initialement le déminage.

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"Couloirs sécurisés"

La principale mesure découlant de l'accord est la mise en place de "couloirs sécurisés" afin de permettre la circulation en mer Noire des navires marchands, que Moscou et Kiev s'engagent à "ne pas attaquer", a expliqué un responsable des Nations unies.

Il sera valable pour "120 jours", le temps de sortir les quelque 25 millions de tonnes accumulées dans les silos d'Ukraine tandis qu'une nouvelle récolte approche.

Les négociateurs ont toutefois renoncé à nettoyer la mer Noire des mines - principalement posées par les Ukrainiens pour protéger leurs côtes. L'ONU a précisé que des "pilotes ukrainiens" ouvriraient la voie aux cargos dans les eaux territoriales.

Quant aux inspections des navires au départ et en direction de l'Ukraine, exigées par la Russie pour empêcher de les utiliser pour amener des armes, elles auront lieu dans les ports d'Istanbul.

Quelques heures avant la signature, le Kremlin avait souligné que s'il fallait que les céréales ukrainiennes atteignent les marchés mondiaux, il fallait aussi "permettre aux marchés de recevoir des volumes supplémentaires d'engrais et de céréales" russes, dont l'exportation était freinée par les sanctions occidentales. Et a obtenu la garantie que ces sanctions ne s'appliqueront, ni directement ni indirectement, sur ces produits.

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