Ukraine : des centaines de tombes sommaires à Izioum, Zelensky dénonce une Russie de "tortionnaires"

Des corps exhumés après la découverte de plus de 400 tombes sommaires et d'une fosse commune, Izioum, Ukraine, le 16.09.22
Des corps exhumés après la découverte de plus de 400 tombes sommaires et d'une fosse commune, Izioum, Ukraine, le 16.09.22 Tous droits réservés Evgeniy Maloletka/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved
Par Stephane HamalianEuronews avec AFP
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"Les tombes qui ne portent pas de noms sont celles de gens (trouvés) dans la rue", a indiqué le responsable gouvernemental ukrainien pour les personnes disparues.

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié vendredi l'armée russe de "meurtriers" et "tortionnaires" après la découverte de centaines de corps enterrés sommairement près d'Izioum, dans une région récemment reprise à Moscou et où ont aussi été trouvées des "salles de torture".

"La Russie ne laisse que mort et souffrance. Des meurtriers. Des tortionnaires. Privés de tout ce qui est humain", a déclaré M. Zelensky sur Telegram, promettant un "châtiment terriblement juste".

Il a évoqué "plus de 400 corps" trouvés sur ce site d'enterrement de masse près d'Izioum, "avec des traces de torture, des enfants, ceux qui sont morts à cause des frappes de missiles, les combattants des forces armées ukrainiennes".

Le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme souhaite se rendre à Izioum

Sur place, les enquêteurs ukrainiens ont commencé vendredi à exhumer des corps dans cette forêt près d'Izioum, où 443 tombes ont été découvertes avec notamment une fosse contenant les corps de 17 soldats ukrainiens, selon Oleg Kotenko, responsable gouvernemental pour la recherche des personnes disparues.

Deux hommes en tenues blanches y creusaient vendredi dans le sol sablonneux, près d'une croix avec l'inscription: "armée ukrainienne, 17 personnes. Izioum, de la morgue", selon des journalistes de l'AFP sur place.

Au moins l'un des corps, exhumé d'une autre tombe, a été retrouvé avec les mains liées avec une corde. Il était impossible d'établir dans l'immédiat s'il s'agissait d'un civil ou d'un militaire, le cadavre étant très abîmé, selon l'AFP.

Ces tombes ont été creusées pendant les combats lors de la prise de la ville par les forces russes en mars et durant l'occupation russe, qui a pris fin la semaine passée, a indiqué M. Kotenko. Certaines tombes pourraient renfermer plusieurs corps.

"Les tombes qui ne portent pas de noms sont celles de gens (trouvés) dans la rue", a précisé M. Kotenko, selon lequel "il y a beaucoup de personnes qui sont mortes de faim". "Cette partie de la ville était isolée, sans ravitaillement. Les gens étaient bloqués, rien ne marchait".

Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a immédiatement indiqué vouloir envoyer une équipe à Izioum pour "déterminer les circonstances de la mort de ces personnes".

Le chef de la police ukrainienne, Igor Klymenko, a lui annoncé la découverte de dix "salles de torture" dans des localités reprises aux Russes dans la région de Kharkiv, y compris six à Izioum et deux dans la ville de Balakliïa.

"Arrêter la guerre"

Les forces russes ont été accusées de nombreuses exactions dans les zones qui étaient sous leur contrôle, notamment à Boutcha, en banlieue de Kiev, où des corps de civils froidement exécutés ont été découverts après leur retrait fin mars. Moscou nie que ses soldats aient commis ces atrocités.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'était rendu à Izioum mercredi, dans cette région frontalière de la Russie dans le nord-est du pays, après le départ des troupes russes, chassées à la faveur d'une contre-offensive lancée début septembre sur plusieurs fronts.

L'AFP s'était déjà rendue dans cette ville de 50.000 habitants avant la guerre, peu après le départ des forces russes dans la nuit de samedi à dimanche. Les destructions y étaient importantes avec des maisons et bâtiments administratifs dévastés par les combats et des carcasses de blindés jonchant les routes.

Côté diplomatique, présent aux côtés de Vladimir Poutine pour un sommet régional en Ouzbékistan, le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé à mettre fin au conflit en Ukraine "au plus vite", tandis que le Premier ministre indien Narendra Modi a souligné que l'heure n'était "pas à la guerre".

Après avoir rencontré son allié chinois Xi Jinping jeudi, avec lequel il espère s'allier en contrepoids à l'ordre occidental, M. Poutine assuré qu'il souhaitait terminer "le plus vite possible" la guerre, accusant Kiev de "refuser tout processus de négociations".

Attaques contre les prorusses

Sur le front, les combats et bombardements se poursuivaient vendredi sur toutes les directions.

Dans l'Est, les autorités séparatistes de Lougansk ont annoncé la mort d'un procureur prorusse local et de son adjointe, tués par une explosion. Les autorités prorusses ont signalé d'autres attaques contre des cadres de l'occupation dans le sud de l'Ukraine.

A Kryvyï Rig, dans le centre du pays, les journalistes de l'AFP ont entendu une explosion, les autorités annonçant une nouvelle frappe contre des infrastructures hydrauliques alors que des bombardements russes y ont provoqué des inondations ces derniers jours.

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Dans la région de Kharkiv, 12 personnes ont été blessées dans des bombardements russes "massifs" dans des zones récemment reprises aux Russes, et quatre personnes supplémentaires dans la ville même de Kharkiv, selon les autorités régionales.

La présidence ukrainienne a rapporté des "combats de positions" dans la région de Lougansk, tandis que dans celle de Donetsk, des bombardements russes, notamment sur Bakhmout, ont fait cinq morts et six blessés.

Sur le front sud, où les forces ukrainiennes rencontrent plus de résistance qu'à Kharkiv, la "situation demeure difficile", selon la même source.

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