Accord à l'ONU pour les océans : un tournant décisif pour la protection de la biodiversité

Fond marin du parc Kisite Mpunguti au Kenya (archive)
Fond marin du parc Kisite Mpunguti au Kenya (archive) Tous droits réservés AP Photo
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Par euronews avec AFP
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Pour les défenseurs de l'environnement ce traité international est un tournant décisif pour la protection de la biodiversité. Il a fallu 14 ans pour parvenir à un accord

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Une bonne nouvelle pour les océans. Après plus de 15 ans de discussions, dont quatre années de négociations formelles, les Etats membres de l'ONU se sont enfin mis d'accord dans la nuit de samedi à dimanche sur le premier traité international de protection de la haute mer destiné à contrecarrer les menaces qui pèsent sur des écosystèmes vitaux pour l'humanité.

"Le navire a atteint le rivage", a annoncé la présidente de la conférence Rena Lee, au siège de l'ONU à New York vers 2 h 30 du matin (heure française), sous les applaudissements nourris et prolongés des délégués.

Les délégués ont finalisé un accord au contenu désormais gelé sur le fond, mais qui ne sera formellement adopté qu'à une date ultérieure après avoir été passé au crible par les services juridiques et traduit pour être disponible dans les six langues officielles de l'ONU.

Le contenu exact du texte n'a pas été publié dans l'immédiat mais les militants l'ont salué comme étant un tournant décisif pour la protection de la biodiversité.

Qu'est-ce que la haute mer ?

La haute mer commence où s'arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes et n'est donc sous la juridiction d'aucun Etat.

Même si elle représente plus de 60% des océans et près de la moitié de la planète, elle a longtemps été ignorée dans le combat environnemental, au profit des zones côtières et de quelques espèces emblématiques.

Avec les progrès de la science, la preuve a été faite de l'importance de protéger tout entier ces océans foisonnant d'une biodiversité souvent microscopique, qui fournit aussi la moitié de l'oxygène que nous respirons et limite le réchauffement climatique en absorbant une partie importante du CO2 émis par les activités humaines.

Mais les océans s'affaiblissent, victimes de ces émissions (réchauffement, acidification de l'eau...), des pollutions en tout genre et de la surpêche.

Que prévoit ce traité ?

  • Il permettra de créer des aires marines protégées dans les eaux internationales.

Environ 1% seulement de la haute mer fait l'objet de mesures de conservations, et cet outil emblématique est jugé indispensable pour espérer protéger d'ici 2030 30% des terres et des océans de la planète, comme s'y sont engagés l'ensemble des gouvernements de la planète en décembre.

"Les zones de haute mer protégées peuvent jouer un rôle essentiel pour renforcer la résilience face aux effets du changement climatique", a déclaré Liz Karan, de l'ONG Pew Charitable Trusts qui a qualifié cet accord de "réalisation capitale".

  • Le traité introduit également l'obligation de réaliser des études d'impact sur l'environnement des activités envisagées en haute mer.
  • Enfin, chapitre hautement sensible qui a cristallisé les tensions jusqu'à la dernière minute, le principe du partage des bénéfices des ressources marines génétiques collectées en haute mer.

Les pays en développement qui n'ont pas les moyens de financer de très couteuses expéditions et recherches se sont battus pour ne pas être exclus de l'accès aux ressources marines génétiques et du partage des bénéfices anticipés de la commercialisation de ces ressources - qui n'appartiennent à personne - dont entreprises pharmaceutiques ou cosmétiques espèrent tirer des molécules miracles.

Nous franchissons une étape cruciale pour préserver la vie marine et la biodiversité qui sont essentielles pour nous et pour les générations à venir
Virginijus Sinkevicius
Commissaire européen à l'Environnement

Les réactions

"C'est un jour historique pour la conservation et le signe que dans un monde divisé la protection de la nature et des personnes peut triompher sur la géopolitique", a déclaré Laura Meller, de Greenpeace.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a félicité les délégués, selon un de ses porte-paroles qui a déclaré que cet accord est une "victoire pour le multilatéralisme et pour les efforts mondiaux visant à contrer les tendances destructrices qui menacent la santé des océans, aujourd'hui et pour les générations à venir".

L'accord trouvé à l'ONU sur le premier traité international de protection de la haute mer est "un moment historique pour nos océans", a salué dimanche le commissaire européen à l'Environnement, Virginijus Sinkevicius. "Nous franchissons une étape cruciale pour préserver la vie marine et la biodiversité qui sont essentielles pour nous et pour les générations à venir", a indiqué le responsable européen.

"Ce jour marque l'aboutissement de plus d'une décennie de travaux préparatoires et de négociations internationales dans lesquelles l'UE a joué un rôle clé", a-t-il souligné.

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"C'est aussi (...) un atout majeur pour mettre en oeuvre l'objectif que nous nous sommes fixé lors de la COP15, à savoir protéger 30% des océans", a ajouté le commissaire européen, chargé des Océans et de la Pêche.

Soutien financier

L'Union européenne a promis, à New York, 40 millions d'euros pour faciliter la ratification du traité et sa mise en oeuvre initiale.

Au-delà, l'UE s'est engagée à consacrer plus de 800 millions d'euros à la protection des océans en général pour 2023 lors de la conférence "Notre Océan" qui s'est achevée vendredi à Panama.

Au total, la ministre panaméenne des Affaires étrangères Janaina Tewaney a annoncé que "341 nouveaux engagements", d'un montant de près de 20 milliards de dollars -- dont près de 6 milliards des Etats-Unis--, avaient été pris lors de cette conférence pour protéger les mers.

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