Reportage en Transcarpathie, région épargnée par les combats, mais pas par le deuil

Les deux fils et deux petits-fils de Klára Halus, une enseignante à la retraite, sont partis au front.
Les deux fils et deux petits-fils de Klára Halus, une enseignante à la retraite, sont partis au front. Tous droits réservés Euronews
Par Nóra Shenouda
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Dans cette région d'Ukraine frontalière avec la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie, les habitants sont en sécurité. Mais après un an de guerre, l'absence et la mort des hommes se fait durement ressentir.

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Nous nous sommes rendus en Transcarpathie, une région du sud-ouest de l'Ukraine relativement épargnée par les combat. Un an après le début de la guerre, les femmes et les adolescents continuent à vivre, malgré l'absence douloureuse des hommes partis au front.

De nouvelles tombes de soldats s’alignent dans le cimetière militaire de Munkács en Transcarpathie, dans le sud-ouest de l’Ukraine. Elles côtoient celles des morts de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre en Afghanistan et en Crimée.

Frontalière avec la Hongrie, la région a été largement épargnée par les tirs ennemis. Mais elle est en deuil des hommes morts au combat.

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Alexander nous emmène sur la tombe de son père, décédé lors d'un de ses déploiement quelques mois plus tôt.Euronews Romania

Alexander pleure son père, décédé il y a trois mois lors d'un déploiement : "Mon père n'a pu rentrer à la maison pour la première fois qu'après neuf mois de guerre. Il m'a dit que "tu vas devoir être aussi fort que moi". C'était comme s'il le sentait... Il devait rentrer à la maison pour le Nouvel An, malheureusement il est tombé une semaine après être retourné au front. Sa voiture a heurté une mine. Ça a été un un choc pour toute la famille, on ne pouvait pas y croire."

À seulement vingt ans, Alexander doit maintenant soutenir financièrement sa mère, et ses deux frères et sœurs. Pour cette raison, il ne sera pas recruté par l’armée.

Continuer à vivre, malgré la guerre

Bien que les habitants de Mouncak se soient adaptés aux conditions de la guerre, beaucoup disent que ce qui leur a été fait ne peut être ni oublié ni pardonné.

Klara Halus, une ancienne enseignante à la retraite, nous montre des photos de sa famille déchirée par la guerre. Deux de ses fils, et deux de ses petits-fils sont partis au front. Leur départ est un déchirement : "Mentalement, regarder tout ça... Je ne les ai pas mis au monde pour la guerre, je ne les ai même pas élevés pour qu'ils soient prêts à enjamber des morts comme ça".

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Quatre membres de la famille de Klara Halus sont partis à la guerre.Euronews Romania

Aujourd'hui, son plus grand souhait est que la guerre se finisse, au plus tôt. "Le jour où j'entendrai à la télé que la guerre est fini, je vais devenir folle, je serai tellement heureuse !"

Mais, comme la plupart des habitants de Munkács, Klára continue à vivre. Elle fait du bénévolat pour une organisation religieuse locale. Elle rend tous les jours visite à sa belle-fille Diana, dont le fils et le mari sont en première ligne.

Elles partagent leurs inquiétudes vis-à-vis de leurs proches partis au front : "Ma petite fille demande : "quand est-ce que ça va s'arrêter ?". Elle pleure beaucoup", raconte Diana Halus. "Elle veut que mon mari, son père, rentre à la maison".

La paix, le plus vite possible

À Munkács, les habitants continuent à faire leurs courses après le travail, ils vont à l'église et se promènent dans le centre-ville. On ne voit les hommes en âge d'être militaires qu'en uniforme. Certains d'entre eux prennent des photos avec leur famille avant de partir au front.

Malgré l'absence de combats, l'âme des habitants n'est pas en paix. Les habitants se sont adaptés aux conditions de la guerre, mais tous nos interlocuteurs souhaitent la même chose : la paix, le plus vite possible."

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