Espagne : la dépouille du fondateur de la Phalange exhumée de l'ancien mausolée de Franco

Le cercueil de Jose Antonio Primo de Rivera, fondateur du parti fasciste espagnol, la Phalange, transporté au cimetière de San Isidro le lundi 24 avril 2023.
Le cercueil de Jose Antonio Primo de Rivera, fondateur du parti fasciste espagnol, la Phalange, transporté au cimetière de San Isidro le lundi 24 avril 2023. Tous droits réservés AP Photo/Manu Fernandez
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Par Euronews avec AFP
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La dépouille de José Antonio Primo de Rivera, fondateur du parti d'inspiration fasciste qui fut l'un des piliers du franquisme en Espagne, a été exhumée lundi.

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La dépouille du fondateur de la Phalange, parti d'inspiration fasciste qui fut l'un des piliers du franquisme en Espagne, a été exhumée lundi de l'ex-mausolée de Franco, "un pas de plus", selon le gouvernement de gauche, dans le travail de mémoire sur la Guerre civile et la dictature.

Une fois sortis de cette basilique monumentale creusée dans la roche et située non loin de Madrid, les restes de José Antonio Primo de Rivera (1903-1936) ont été transférés dans le cimetière madrilène de San Isidro pour y être réinhumés.

Environ 200 militants d'extrême droite ont accueilli le cortège funéraire en faisant le salut fasciste et se sont opposés aux nombreux policiers présents sur place lors de brèves échauffourées.

Fils du dictateur Miguel Primo de Rivera, qui dirigea l'Espagne de 1923 à 1930, le fondateur de la Phalange a été exécuté en novembre 1936, au début de la Guerre civile espagnole (1936-1939) provoquée par le soulèvement de militaires, dont le général Francisco Franco, contre le gouvernement républicain élu.

D'inspiration fasciste, la Phalange a été l'un des piliers du régime franquiste avec l'Eglise catholique et l'armée.

Cette exhumation, trois ans et demi après celle de la dépouille de Franco, découle de l'entrée en vigueur en octobre d'une loi phare du gouvernement de gauche dite de "Mémoire démocratique", qui vise entre autres à faire de l'ancien mausolée un lieu de mémoire sur cette sombre période.

"Nos institutions sont enfin fidèles a la mémoire de notre pays et non à ses oublis", a dit la numéro trois du gouvernement, la ministre communiste du Travail, Yolanda Díaz.

"Croisade"

Arrivé au pouvoir en 2018, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a érigé en priorité la réhabilitation des victimes de la dictature franquiste (1939-1975).

Après des mois de bataille judiciaire avec la famille de Franco, il était parvenu en 2019 à faire exhumer les restes du _"_Caudillo" du Valle de los Caídos (littéralement, "la vallée de ceux qui sont tombés") afin que ce mausolée, sans équivalent dans d'autres pays d'Europe occidentale ayant connu des dictatures, ne puisse plus être un "lieu d'apologie" du franquisme.

Franco et Primo de Rivera y avaient été enterrés de part et d'autre de l'autel de la basilique.

Ordonnée par Franco en 1940 pour célébrer sa "glorieuse Croisade" catholique contre les républicains "sans Dieu", la construction par des milliers de prisonniers politiques du Valle de los Caídos - rebaptisé par le gouvernement "Valle de Cuelgamuros", en référence au nom du lieu - a duré près de 20 ans.

Surplombée d'une croix de 150 mètres de haut, cette basilique est visible à des dizaines de kilomètres à la ronde.

Invoquant la "réconciliation nationale", Franco y avait fait transférer les corps de plus de 30 000 victimes de la Guerre civile, des franquistes, mais aussi des républicains, sortis de cimetières et de fosses communes sans que leurs familles en aient été informées.

Divisions

Les restes de victimes républicaines réclamés par leurs familles doivent aussi être exhumés, mais la procédure a pris du retard sur fond de bataille judiciaire.

En novembre, les autorités espagnoles avaient également fait exhumer la dépouille d'un dirigeant militaire franquiste, le général Queipo de Llano, de la basilique de la Macarena de Séville. Ce général est tenu pour responsable des milliers d'exécutions survenues après le soulèvement militaire de 1936, la plus célèbre étant celle du poète Federico García Lorca.

La question de la mémoire de la Guerre civile et de la dictature divise toujours en Espagne, où les blessures du passé ne sont pas refermées et où la droite accuse la gauche de les rouvrir.

Accusant lundi l'exécutif de "profaner" la tombe de Primo de Rivera, le chef du parti d'extrême droite Vox, Santiago Abascal, a dit "en avoir marre de ce gouvernement qui se dédie seulement à déterrer les haines et opposer les Espagnols les uns aux autres".

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