Marches en France contre les violences policières : au moins 2 000 personnes à Paris

Assa Traoré, place de la République à Paris, pour le rassemblement en mémoire de son frère Adama. 8 juillet 2023.
Assa Traoré, place de la République à Paris, pour le rassemblement en mémoire de son frère Adama. 8 juillet 2023. Tous droits réservés Thomas Padilla/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.
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Par euronews avec AFP, AP
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La plupart des marches se sont déroulées dans le calme. Celle de Paris s'est achevée par l'arrestation d'un frère d'Adama Traoré.

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Au moins 2 000 personnes se sont rassemblées à Paris dans le calme samedi après-midi, en mémoire d'Adama Traoré, malgré l'interdiction de la préfecture de police, alors que des "marches citoyennes" empreintes de "deuil et colère" contre les violences policières se sont tenues dans plusieurs autres villes de France.

Assa Traoré, soeur d'Adama et figure du combat contre les violences policières, avait annoncé qu'elle serait présente "à 15h place de la République", après l'interdiction de la marche annuelle prévue à Persan et Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) en mémoire de son frère décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016.

Elle a pris la parole debout sur un banc de la place, devant plusieurs élus de gauche et entourée d'un important dispositif des forces de l'ordre. 

"On marche pour la jeunesse, pour dénoncer les violences policières. On veut cacher nos morts", a-t-elle déclaré, devant notamment la cheffe de file des insoumis à l'Assemblée nationale Mathilde Panot, les députés Eric Coquerel et Louis Boyard, portant leur écharpe tricolore, comme Sandrine Rousseau (EELV).

Malgré les demandes de dispersion et quelques verbalisations constatées par l'AFP, les manifestants, scandant notamment "Justice pour Nahel" ou "Nique la police", sont ensuite partis en cortège, dans le calme, avant qu'Assa Traoré ne leur demande de se disperser "sans violence". La majorité d'entre eux avaient quitté les lieux vers 16h30.

Youssouf Traoré en garde à vue

Deux personnes ont été interpellées, dont Youssouf, l'un des frères d'Assa Traoré. La préfecture de police a confirmé son arrestation pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique", sans détailler ces violences.

Selon une source proche du dossier, il est accusé d'avoir "porté un coup" à une commissaire de police sur la place de la République. Selon cette même source, il a été blessé à l'oeil lors de son arrestation.

En fin d'après-midi, il a été conduit à l'hôpital mais n'y a finalement pas été admis et est retourné au commissariat pour la poursuite de sa garde à vue, selon une source policière.

Plusieurs journalistes ont par ailleurs dénoncé sur les réseaux sociaux, preuves en images à l'appui, avoir été violemment repoussés par des policiers en couvrant ces interpellations.

La préfecture de police avait interdit dans la matinée ce rassemblement non déclaré, car "présentant des risques de troubles à l'ordre public", en rappelant le "contexte tendu" et les "cinq nuits consécutives" de violences urbaines après le décès de Nahel M., 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier le 27 juin à Nanterre.

Une enquête a été ouverte à l'encontre d'Assa Traoré, "organisatrice" du rassemblement interdit.

Des manifestations dans tout le pays

Une trentaine de manifestations ont été organisées dans tout le pays : ils étaient notamment 640 à Nantes, 400 à Strasbourg, 200 à Bordeaux, une centaine à Dijon, 450 à Vénissieux, près de Lyon. A Lille, la manifestation a été interdite par la préfecture.

A Marseille, 750 personnes se sont rassemblées selon la préfecture, dont le députés insoumis Manuel Bompard, "stupéfait" du "déni" des autorités sur le problèmes des violences policières. "Manifestement le pouvoir politique a l'intention de parler de tout sauf de ça, donc c'est utile qu'il y ait des manifestations", a-t-il dit.

A Angoulême, ils étaient près de 300 pour réclamer "justice" pour Alhoussein Camara, Guinéen de 19 ans touché mortellement par un tir de policier lors d'un contrôle routier mi-juin.

Près d'une centaine d'associations, syndicats et partis politiques classés à gauche, parmi lesquels LFI, EELV, CGT et Solidaires, ont appelé à ces "marches citoyennes", pour exprimer "deuil et colère", dénoncer des politiques jugées "discriminatoires" contre les quartiers populaires et demander "une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d'intervention et de son armement".

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a critiqué vendredi des organisations dont "la seule proposition", selon lui, est "d'appeler à manifester (...) dans les grandes villes qui ne se sont pas encore remises des saccages".

La mort de Nahel et les violences urbaines qui ont suivi, ont jeté une lumière sur les maux de la société française, des difficultés des quartiers populaires aux relations houleuses entre jeunes et forces de l'ordre.

Ce samedi aussi, le quai d'Orsay a fortement contesté les critiques "infondées" d'un comité d'experts de l'ONU qui avait lourdement critiqué la gestion des émeutes par les forces de l'ordre, réclamant notamment l'interdiction du "profilage racial".

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