Le réchauffement planétaire a rendu les canicules plus chaudes, plus longues et plus fréquentes, seule solution la mise en œuvre des accords de Paris par tous les signataires. Il n'est pas encore trop tard disent les scientifiques du réseau international WWA.
Le climat extrême de la célèbre Vallée de la Mort aux Etats-Unis semble s'étendre à tout l'hémisphère nord de la planète en ce mois de juillet...
Plus de 54 degrés dans le parc national californien, un record historique de 45,3°C en Catalogne, plus de 43°C à Phoenix depuis 24 jours... Sans le changement climatique, de telles canicules auraient été "quasiment impossibles" en Europe et aux Etats-Unis, démontre le nouvelle étude du réseau World Weather Attribution (WWA).
Ce réseau a été fondé en 2014, il mène et publie des études d'attribution des événements extrêmes au réchauffement climatique.
"Le réchauffement planétaire, causé par les émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine, rend les canicules plus longues, plus fréquentes et plus chaudes", affirment les auteurs de l'étude, sept scientifiques néerlandais, britannique et américain.
"Les récentes vagues de chaleur ne sont plus des événements exceptionnels" et celles qui adviendront "seront encore plus intenses et plus courantes si les émissions ne sont pas réduites rapidement", concluent les chercheurs.
Car si des phénomènes naturels comme les anticyclones ou El Nino peuvent contribuer à déclencher ces canicules, "réchauffer les températures de la planète en brûlant des énergies fossiles est bien la raison majeure pour laquelle elles sont si graves", souligne le WWA.
Avec un réchauffement planétaire d'1,2 degrés Celcius**,** les canicules en Europe sont déjà 2,5 °C plus chaudes, celles en Amérique du nord augmentent de 2°C et celles en Chine de 1°C.
L'étude lance cet avertissement : "ces canicules deviendront encore plus fréquentes et arriveront tous les deux à cinq ans si le réchauffement climatique atteint les 2 degrés".
Et les scientifiques de rajouter, c'est bien "ce qui nous attend dans une trentaine d'années, si tous les pays signataires de l'Accord de Paris ne mettent pas pleinement en oeuvre leurs engagements actuels concernant la réduction rapide de leurs émissions de gaz à effet de serre".
Autrement dit, il est encore temps de ne pas empirer les choses, mais il faut s'y mettre maintenant.
Ce début d'été "pourrait devenir la norme (...) et même être considéré comme frais si on n'atteint pas la neutralité carbone", souligne une des fondatrices du WWA et climatologue britannique Friederike Otto.
Pour elle, "les résultats de cette étude d'attribution ne sont pas une surprise. (...) D'un point de vue scientifique, elle est même ennuyeuse car elle ne fait que confirmer ce que nous avions prévu. Mais ce que nous n'avions pas prévu, c'est à quel point nous sommes vulnérables face aux effets du réchauffement climatique. Car cela tue des gens", a-t-elle martelé.
Pourtant, "ces vagues de chaleur ne sont pas la preuve d'un emballement du réchauffement ou d'un effondrement du climat. Nous avons encore le temps" d'inverser les choses, déclare la scientifique.
"Il est urgent d'arrêter la combustion des énergies fossiles et de travailler à réduire nos vulnérabilités. Si nous ne le faisons pas, des dizaines de milliers de personnes continueront à mourir", estime la climatologue.
Elle juge "absolument essentiel" l'adoption d'une législation internationale sur l'élimination progressive des énergies fossiles lors de la COP28 qui aura lieu en novembre à Dubaï.