Pression sur les médias indépendants : la Russie arrête une autre journaliste américano-russe

Alsu Kurmasheva, journaliste américano-russe, dans le boxe des accusés du tribunal ed Kazan, Russie. 20 octobre 2023
Alsu Kurmasheva, journaliste américano-russe, dans le boxe des accusés du tribunal ed Kazan, Russie. 20 octobre 2023 Tous droits réservés Artemii Shumatov/Kommersant Publishing House via AP
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Alsu Kurmasheva, une journaliste américano-russe est en détention depuis mercredi en Russie, Elle risque jusqu'à cinq ans de prison.

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La justice russe a confirmé la détention d'Alsu Kurmasheva, une journaliste américano-russe travaillant pour Radio Free Europe/Radio Liberty, un média financé par les États-Unis.

Un juge de la ville de Kazan a décidé de la maintenir en détention pendant trois jours supplémentaires. Elle avait été arrêtée mercredi et accusée de ne pas s'être enregistrée en tant qu'"agent de l’étranger". Elle risque maintenant jusqu'à cinq ans de prison si elle est reconnue coupable.

Alsu Kurmasheva n'est pas la seule journaliste américaine détenue en Russie. En mars dernier, un reporter du Wall Street Journal Evan Gershkovich a été arrêté et accusé d'"espionnage", ce que son employeur et lui-même nient avec véhémence.

La Russie est accusée de mener une campagne sans merci de répression visant médias indépendants, ONG, journalistes, avocats et opposants depuis que le début de l'assaut russe contre l'Ukraine en février 2022.

Nombre de militants et de reporters russes ont fui leur pays, d'autres --célèbres ou anonymes-- ont été incarcérés. 

Agent de l'étranger ?

Ce statut d'"agent de l'étranger", qui rappelle le qualificatif soviétique d'"ennemi du peuple", impose aux personnes ou entités visées des contraintes administratives et un contrôle financier très lourd.

Il impose également d'accompagner toute publication, y compris sur les réseaux sociaux, de ce label.

Certaines des critiques les plus respectées du président russe Vladimir Poutine figurent parmi ces "agents", comme le prix Nobel de la paix et rédacteur en chef du journal indépendant Novaïa Gazeta, Dmitri Mouratov.

Alsu Kurmasheva, qui réside d'ordinaire à Prague avec son mari et ses enfants, s'était rendue en Russie pour une "urgence familiale" le 20 mai mais n'avait pas pu repartir car ses passeports américain et russe lui ont été confisqués.

Selon le site internet Tatar inform, elle avait été condamnée à une amende le 11 octobre dernier pour ne pas avoir déclaré sa citoyenneté américaine aux autorités russes.

D'après ce média, qui cite des sources policières anonymes, elle a notamment travaillé sur la mobilisation d'enseignants par l'armée .

Alsu Kurmasheva, qui a rejoint RFE/RL en 1998, travaille pour son service en langues tatare et bachkire, couvrant ces minorités ethniques de Russie peuplant en particulier le Tatarstan et le Bachkortostan, des régions de la Volga et de l'Oural.

Radio Free Europe/Radio Liberty

Basé à Prague, RFE/RL est financé par le Congrès américain et avait été fondé durant la Guerre Froide pour contrer la propagande soviétique dans le bloc de l'Est. 

Le média publie toujours des contenus en une multitude de langues, souvent sensibles dans des pays dirigés par des régimes autoritaires.

"Je suis venue travailler pour (RFE/RL) car ce média compte pour moi, sa mission d'apporter une information objective à mon peuple, le peuple qui parle ma langue, le tatar, en particulier", expliquait en 2014 Alsu Kurmasheva.

Elle est la seconde journaliste américaine à être arrêtée en Russie en 2023, après Evan Gershkovich.

Ce journaliste au Wall Street Journal, arrêté le 29 mars en plein reportage, est détenu à Moscou.

Gershkovich, qui a aussi travaillé pour l'AFP en Russie par le passé, est accusé d'espionnage, crime passible de 20 ans de prison, une accusation que lui, Washington, son journal, ses proches et sa famille rejettent.

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La Russie n'a jamais étayé ces accusations et l'ensemble de la procédure est classée secrète.

Ces dernières années, plusieurs citoyens américains arrêtés en Russie ont été libérés après des échanges de prisonniers avec Washington.

Sources additionnelles • AFP, AP

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