France : les passagers Indiens bloqués à Vatry ont décollé, levée de garde à vue pour les suspects

Photo de l'avion immobilisé à Vatry dans la Marne
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Par Somaya Aqad, AFP
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La majorité des passagers indiens confinés depuis plus de trois jours à l’aéroport de Vatry dans la Marne, sont repartis, ce lundi, vers l'Inde. Les deux Indiens soupçonnés d'avoir joué un rôle dans ce qui pourrait être une filière d'immigration clandestine, ont été laissées libre par la justice.

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L'avion immobilisé depuis jeudi à l'aéroport de Vatry, dans la Marne, a décollé lundi vers 14H40, , avec à son bord 276 passagers indiens sur les 303 initiaux, selon une source proche du dossier.

Arrivé jeudi après-midi à Vatry pour une escale technique, l'appareil y est resté immobilisé près de quatre jours en raison d'un signalement anonyme faisant état de soupçons de traite d'êtres humains. Vingt-sept passagers restent en France: deux personnes présentées lundi à un juge d'instruction en vue d'une possible mise en examen, et 25 autres ayant déposé une demande d'asile, qui sera analysée à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, selon la source proche du dossier. 

Finalement,  les deux Indiens du vol immobilisé depuis jeudi dernier dans la Marne, et placés en garde à vue, ont été laissés libres par la justice, Ils étaient soupçonnés d'être des passeurs.

Une information judiciaire pour aide à l'entrée et au séjour irrégulier d'étrangers sur le territoire en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs a été ouverte par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), a précisé le parquet de Paris à l'AFP.

Les deux hommes, nés en 2000 et 1984, avaient été placés en garde à vue vendredi, soupçonnés d'avoir joué un rôle dans ce qui pourrait être une filière d'immigration clandestine. Le parquet a demandé leur placement en détention provisoire.

L'avion qui transportait 303 passagers indiens, dont la saisie a été levée par la justice dimanche, "devrait partir dans la journée", a indiqué la préfecture de la Marne à l'AFP.

Il doit prendre la direction de Bombay (Inde), a précisé à l'AFP Liliana Bakayoko, l'avocate de la compagnie aérienne, Legend Airlines. "Nous avons obtenu ce matin l'autorisation de vol de la part des autorités indiennes mais nous sommes encore dans l'attente du créneau horaire."

Des passagers très mécontents

L'appareil est toujours stationné lundi matin sur la piste du petit aéroport de Vatry (Marne), à 150 km de Paris, a constaté un journaliste de l'AFP. Une passerelle d'embarquement a été installée.

De premiers passagers ont commencé à passer la porte d'embarquement, ont précisé l'avocate et la préfecture.

Des autorisations ont été obtenues par la compagnie pour 301 des 303 passagers du vol, "exception faite des deux personnes placées en garde à vue", a précisé Mme Bakayoko.

Tous ne monteront vraisemblablement pas à bord, puisque les demandeurs d'asile, 12 dimanche en fin d'après-midi selon une source proche du dossier, devraient être transférés vers une autre zone d'attente.

Parmi ces demandeurs d'asile figurent cinq des onze mineurs non-accompagnés (MNA) passagers du vol, a indiqué à l'AFP l'Association accompagnement éducatif de la Marne, nommée administrateur ad hoc de ces mineurs.

En outre, selon Liliana Bakayoko, "un certain nombre de personnes ne souhaitent pas partir vers l'Inde, ils sont très mécontents, ils souhaitent aller au Nicaragua", où les premiers Indiens auditionnés dimanche avaient dit vouloir se rendre pour du tourisme.

L'Airbus A340 de la petite compagnie roumaine Legend Airlines ne devait initialement effectuer qu'une escale technique d'une heure à Vatry, le temps de faire le plein sur son trajet reliant Dubaï (Emirats arabes unis) à Managua, capitale du Nicaragua.

Mais il y a été immobilisé à la suite d'un "signalement anonyme" selon lequel des passagers étaient "susceptibles d'être victimes de traite des êtres humains" en bande organisée, avait indiqué le parquet de Paris à l'AFP vendredi.

Des conditions dénoncées

"On ne sait pas si c'est de la traite d'êtres humains, du trafic de migrants ou ni l'un, ni l'autre... Mais on a quand même gardé dans un aéroport, pendant trois nuits et trois jours, 303 personnes qui étaient en escale, des hommes, des femmes et des enfants. C'est surprenant", a réagi dimanche auprès de l'AFP Geneviève Colas, coordinatrice pour le Secours catholique-Caritas du Collectif contre la traite des êtres humains.

La préfecture de la Marne souligne que des lits individuels, des toilettes et des douches ont été installés dans la zone d'attente de l'aéroport, créée de toutes pièces pour faire face à cette situation inédite, ainsi qu'une "zone +famille+ pour assurer l'intimité parent-enfant".

Maître François Procureur, bâtonnier de Châlons-en-Champagne, s'est ému dimanche de "problèmes d'exiguïté et de mauvaises conditions de vie".

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"Ma crainte, c'est qu'on les remette dans l'avion, et après? S'ils sont vraiment victimes de traite, ce n'est pas normal de simplement les faire repartir vers un autre pays", juge Mme Colas.

La justice avait remis en cause dimanche la légalité de la procédure maintenant les passagers dans cette zone d'attente, la jugeant illégale pour trois premiers passagers auditionnés par un juge des libertés et de la détention.

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