Iran : une femme a été fouettée pour avoir refusé de porter le hijab

Roya Hashemi se promenant dans les rues de Téhéran sans foulard, vêtue d'un T-shirt à manches courtes et d'une jupe longue.
Roya Hashemi se promenant dans les rues de Téhéran sans foulard, vêtue d'un T-shirt à manches courtes et d'une jupe longue. Tous droits réservés X
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Par Euronews
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Cet article a été initialement publié en anglais

La flagellation d'une femme iranienne qui refusait de porter le hijab obligatoire a suscité l'horreur et la condamnation générales.

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Les autorités iraniennes ont exécuté mercredi dernier la sentence prononcée à l'encontre de Roya Heshmati, ce qui a suscité un torrent d'indignation sur les réseaux sociaux.

Mazyar Tataei, l'avocat de Roya Heshmati, a déclaré au journal local Shargh que sa cliente avait été arrêtée à son domicile en avril par la police dite de la moralité, qui lui avait confisqué son téléphone et son ordinateur portables et l'avait placée en détention pendant 11 jours.

Il a ajouté qu'initialement, Roya Heshmati avait été condamnée à 13 ans et neuf mois de prison, à une amende de 112 500 000 rials et à 148 coups de fouet, mais qu'une révision du verdict avait ramené la peine à 12 500 000 rials et 74 coups de fouet.

Roya Heshmati a partagé l'histoire de sa condamnation sur Instagram, suscitant un flot de réactions.

La jeune femme de 23 ans déclare qu'elle avait retiré son foulard en arrivant au tribunal pour recevoir sa sentence, jetant de côté un autre foulard qu'un groupe d'officiers féminins lui avait placé de force sur la tête.

Dans un récit poignant, elle raconte qu'elle avait finalement été menottée et forcée de porter un foulard, enchaînée à un lit dans une pièce qui ressemblait à une "horrible" chambre de torture médiévale, et fouettée sur les épaules, le dos, la taille, les cuisses, les mollets et les fesses.

Elle ajoute qu'elle avait essayé de ne pas montrer sa douleur pendant l'épreuve, murmurant les mots "Au nom des femmes, au nom de la vie, les vêtements de l'esclavage sont déchirés, notre nuit noire se lèvera et tous les fouets seront coupés à la hache...", tandis que les coups de fouet pleuvaient sur elle et que les chaînes meurtrissaient ses poignets.

Elle a ensuite été conduite devant le juge, tandis qu'une policière veillait à ce que son foulard reste en place. Elle a décrit sa conversation avec le juge sur Instagram, affirmant qu'il lui avait dit qu'elle pouvait quitter le pays si elle voulait vivre différemment.

"Ce pays appartient à tout le monde", déclare-t-elle, "laissez la loi faire son travail, nous continuerons notre résistance".

Elle a indiqué qu'elle avait retiré son foulard à la sortie du tribunal.

L'agence de presse Mizan, affiliée au système judiciaire iranien, a indiqué que Roya Heshmati avait eu des "comportements déplacés".

Elle a également indiqué qu'elle était "présente dans des conditions très inappropriées dans les rues de Téhéran".

Le terme "conditions inappropriées" fait probablement référence à une image la montrant marchant dans les rues de Téhéran sans foulard, vêtue d'un T-shirt à manches courtes et d'une jupe longue.

Suite aux nombreuses réactions à cette nouvelle, qualifiée de "violence et de brutalité de la part des autorités de la République islamique", plusieurs personnalités ont exprimé leur indignation, dont l'artiste et femme politique Zahra Rahnavard, qui, avec son mari l'ancien Premier ministre Mir Hossein Mousavi, est assignée à résidence depuis 2010.

Elle s'est adressée aux autorités en déclarant : "Vous fouettez Roya Heshmati, mais avec sa conscience éveillée et sa résilience, elle vous rit au nez. Je suis dégoûté par votre gouvernance".

Face à l'escalade des réactions à son histoire, Roya Heshmati a partagé un nouveau message sur Instagram, exprimant sa gratitude pour la solidarité manifestée. Elle déclare qu'elle ne s'attendait pas à ce que son histoire suscite une telle attention.

Elle précise qu'elle avait partagé l'histoire en privé sur sa page, soulignant qu'elle n'était pas une "personnalité publique" et qu'elle ne souhaitait pas changer ce statut.

En conséquence, elle a décidé de désactiver "volontairement" ses comptes Facebook et Instagram pour éviter toute controverse.

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