Le président ukrainien Volodymyr Zelensky aurait été au courant du projet de sabotage des deux gazoducs et l'a initialement approuvé, ont déclaré au Wall Street Journal quatre interlocuteurs impliqués dans l'organisation du sabotage. Kyiv a toujours nié son implication.
L'Allemagne a émis un mandat d'arrêt européen à l'encontre d'un instructeur de plongée ukrainien pour son implication présumée dans le sabotage des gazoducs Nord Stream dans la mer Baltique, selon les médias allemands.
Les enquêteurs allemands pensent que Volodymyr Z faisait partie d'une équipe qui, en septembre 2022, a placé des engins explosifs sur le tracé du gazoduc transportant le gaz naturel de la Russie vers l'Allemagne, ont rapporté les médias allemands mercredi. La loi allemande n'autorise pas la publication du nom de famille du suspect.
Le radiodiffuseur public allemand ARD, le quotidien Süddeutsche Zeitung et l'hebdomadaire Die Zeit ont affirme mercredi dans un rapport commun que les procureurs fédéraux ont obtenu ce mandat d'arrêt en juin à l'encontre d'un Ukrainien qui aurait résidé jusqu'à récemment en Pologne. Le rapport, qui ne cite pas de sources, identifie l'homme comme Wolodymyr Z.
Cependant, le bureau du procureur national polonais a indiqué que les autorités ne pouvaient pas détenir ce suspect parce qu'il avait franchi la frontière entre la Pologne et l'Ukraine au début du mois de juillet.
Le jeu des accusations reprend de plus belle
La délivrance du mandat d'arrêt - ou du moins, le fait qu'elle soit rendue publique - a fait paraître de nouvelles informations quant aux possibles organisateurs ou commanditaires des explosions.
Selon les informations du Wall Street Journal, qui cite quatre hauts fonctionnaires ukrainiens sous couvert d'anonymat, le président ukrainien Volodymyr Zelensky aurait d'abord approuvé un plan de faire exploser les gazoducs Nord Stream - en conversation, sans aucune trace papier, - avant de tenter en vain de l'annuler à la demande de la CIA.
Valeri Zaloujny, l'ancien commandant en chef des forces armées d'Ukraine, qui aurait dirigé l'effort de sabotage, « aurait ignoré l'ordre » de Zelensky et « serait allé de l'avant » avec le plan de destruction des gazoducs acheminant le gaz russe vers l'Allemagne, toujours selon le rapport.
Zaloujny, devenu entre temps l'ambassadeur de Kyiv au Royaume-Uni (et jouissant comme tel d'immunité diplomatique), a déclaré au WSJ qu'il ne savait rien de ces opérations et que les spéculations sur son implication dans l'attentat à la bombe n'étaient qu'une « provocation ». Il a ajouté d'ailleurs que les Forces armées ukrainiennes ne sont pas autorisées à mener des missions à l'étranger.
Il en va de même pour un haut responsable des services de renseignement ukrainiens (SBU), qui a également rejeté l'idée que Zelensky ait approuvé le plan dès le départ.
L'année dernière, M. Zelensky a lui-même insisté sur le fait que son pays n'était pas à l'origine de l'attentat du 2022, déclarant : « C'est moi qui donne les ordres appropriés. L'Ukraine n'a jamais rien fait de tel. Je ne ferais jamais une telle chose ».
Tensions sur fond de guerre en Ukraine
Les explosions en septembre 2022 ont eu lieu alors que l'Europe tentait de se couper des sources d'énergie russes à la suite de l'invasion de grande envergure de l'Ukraine lancée par le Kremlin en février 2022.
Elles ont provoqué la rupture du gazoduc Nord Stream 1, qui était la principale voie d'approvisionnement en gaz naturel de la Russie vers l'Allemagne jusqu'à ce que la Russie interrompe ses livraisons à la fin du mois d'août de la même année.
Ils ont également endommagé le gazoduc Nord Stream 2, qui n'est jamais entré en service parce que l'Allemagne a suspendu son processus de certification peu avant que la Russie n'envahisse l'Ukraine en février de la même année.
La Russie a accusé les États-Unis d'avoir organisé les explosions, ce que Washington nie. Les gazoducs ont longtemps été la cible de critiques de la part des États-Unis et de certains de leurs alliés, qui ont mis en garde contre le risque qu'ils représentent pour la sécurité énergétique de l'Europe en augmentant la dépendance vis-à-vis du gaz russe.
En mars 2023, les médias allemands ont rapporté qu'un groupe pro-Ukraine était impliqué dans le sabotage. L'Ukraine a rejeté les suggestions selon lesquelles elle aurait pu ordonner l'attaque et les fonctionnaires allemands ont fait part de leur prudence quant à cette accusation.