Newsletter Newsletters Events Évènements Podcasts Vidéos Africanews
Loader
Suivez-nous
Publicité

Cold cases : l'appel d'Interpol à identifier 46 femmes inconnues dont les corps ont été découverts en Europe

Matériel de campagne "Identify Me" comportant des images de certaines victimes
Matériel de campagne "Identify Me" comportant des images de certaines victimes Tous droits réservés  Courtesy of Interpol
Tous droits réservés Courtesy of Interpol
Par Aleksandar Brezar
Publié le
Partager cet article Discussion
Partager cet article Close Button

L’Organisation internationale de police criminelle a lancé un nouvel appel à témoins afin d’identifier une quarantaine de femmes décédées en Europe au cours des dernières décennies.

PUBLICITÉ

Ce premier appel à témoins avait permis d’identifier Rita Roberts, une citoyenne britannique de 31 ans découverte à Anvers plus de trente ans plus tôt. Peu après qu'elle ait quitté son Cardiff natal pour s'installer aux Pays-Bas, sa famille a cessé de recevoir ses lettres et cartes postales.

Au début, ils ne se doutaient de rien : dans les années 1990, et il n'était pas possible de téléphoner ou de prendre des nouvelles à quelqu'un par le biais d'une messagerie instantanée. Mais les semaines, puis les mois, se sont écoulés, et toujours aucune nouvelle.

Rita avait une trentaine d'années. Elle connaissait bien les Pays-Bas pour s'y être rendue à plusieurs reprises avant de déménager, et il était probable qu'elle soit prise par l'envie de faire sa vie ou qu'elle apprécie simplement d'avoir enfin quitté sa ville natale pour de bon.

Pourtant, l'inquiétude persistait. En octobre 1992, un avion d'El-Al s'est écrasé sur un immeuble résidentiel d'Amsterdam et la famille de Rita en était venue à penser qu'elle pourrait faire partie des nombreuses victimes qui n'ont pas encore été identifiées. Sa sœur Donna n'était pourtant pas convaincue.

"Il était plus facile de penser qu'elle était morte dans cet accident d'avion que de laisser son esprit aller dans des endroits sombres", a déclaré Donna, la sœur de Rita Roberts. "Peut-être qu'elle en avait assez de cette famille, qu'elle est partie, qu'elle a épousé cette personne, qu'elle est partie pour avoir des enfants, qu'elle a repris sa vie en main."

Entre-temps, des gens venaient voir les Roberts avec toutes sortes de rumeurs, affirmant qu'elle avait été vue jusqu'au Maroc. Donna avait même lancé ses propres recherches, interrogeant tout le monde, de l'émission Crimewatch de la BBC à l'Armée du Salut, en passant par les avocats de Rotterdam - un autre endroit où Rita aurait pu s'installer - dans l'espoir de retrouver sa sœur. La pénible quête de réponses s'est éternisée jusqu'à ce que, l'année dernière, l'initiative d'Interpol appelée "Identify Me" rende publics 22 cas de femmes décédées non identifiées.

En l'espace de deux jours, la famille de Rita a repéré l'image d'un tatouage de rose familier dans la couverture médiatique. Elle a contacté Interpol et le corps de Rita a été identifié. Elle avait été retrouvée à Anvers en 1992, après avoir été violemment tuée, mais les autorités n'avaient jamais pu établir son identité.

Aujourd'hui, pour tenter de résoudre d'autres cold case au nombre de 46, Interpol annonce ce mardi une collaboration avec la Belgique, l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas, l'Espagne, et la France, pays concernés par ces affaires et révèle des informations sur ces dossiers. 

Un souvenir, un tuyau, une histoire commune

Les autorités pensent que les réponses à ces affaires pourraient se trouver au-delà des frontières. Interpol et les autorités nationales de ces pays ont tout mis en œuvre, de l'analyse ADN aux données biométriques en passant par l'IRM et l'IA. Aujourd'hui, c'est au tour du public.

"Notre objectif dans le cadre de la campagne "Identify Me" est simple. Nous voulons identifier les femmes décédées, apporter des réponses aux familles et rendre justice aux victimes. Mais nous ne pouvons pas le faire seuls" a déclaré Jürgen Stock, secrétaire général d'Interpol. "C'est pourquoi nous lançons un appel au public pour qu'il se joigne à nous dans cet effort. Leur aide pourrait faire la différence. (...) Même la plus petite information peut être vitale pour aider à résoudre ces affaires non résolues. Qu'il s'agisse d'un souvenir, d'un tuyau ou d'une histoire partagée, le moindre détail peut aider à découvrir la vérité. Le public peut être la clé qui permettra de révéler un nom, un passé et de rendre une justice qui n'a que trop tardé."

Il n'est pas facile de consulter les documents fournis par Interpol. En parcourant les fiches, on se pose des questions sur chaque cas : comment cette femme est-elle morte ? Qui l'a tuée et pourquoi ?

Les visages reconstitués semblent regarder le spectateur en face, certains souriant presque - un contraste saisissant avec le fait que de nombreuses victimes ont été trouvées dans un tel état que les enquêteurs ont eu du mal à reconstituer une image fidèle. C'est pourquoi, pour certaines d'entre elles, ils ont opté pour des photos d'objets trouvés avec les corps : une bague avec une inscription, un vêtement coloré, un sac de voyage noir dans lequel se trouvait le corps d'une des victimes.

Dans certains cas, il n'y a qu'un tatouage, comme celui qui a permis d'identifier Rita Roberts. Bien que les informations dont ils disposent ne soient parfois que des fragments, les experts d'Interpol estiment qu'elles peuvent suffire à raviver la mémoire d'une personne ou à inciter des proches à prendre contact avec elle.

Toutes les pistes sont les bienvenues

L'année dernière, les enquêteurs ont reçu près de 2 000 informations et un total de 3 millions de visites sur le site web. Cette fois-ci, ils espèrent susciter un intérêt beaucoup plus large et accueillent toutes les suggestions du public, aussi mineures soient-elles.

"Nous recevons trois ou quatre types d'informations", explique à Euronews le Dr François-Xavier Laurent, de l'unité ADN d'Interpol. "Le premier est celui de proches d'une personne disparue.Ils voient la photo d'un objet ou du visage d'une personne, et ils nous écrivent en disant : "je pense que c'est peut-être ma mère, je pense que c'est peut-être ma sœur, c'est peut-être mon enfant. (...) Le deuxième type de message provient du public, qui ne connaît pas directement la personne, mais qui a vu un cas de disparition sur le site web ou qui a consulté Google pour essayer d'aider la police et qui a trouvé une piste."

Le reste des messages peut être une information sur quelque chose qui a été vu sur l'une des photos, par exemple un type de bijoux ou de boucles d'oreilles, et ils disent alors : "j'en ai un similaire, je l'ai acheté dans ce magasin dans le pays à cette date, alors peut-être que cela pourrait nous aider et, vous savez, parfois cela aide."

Contrairement à ce qui se passe dans les romans, où des détectives endurcis font la sourde oreille lorsqu'ils sont approchés par des détectives amateurs de l'internet, dans la vraie vie, Interpol veut connaître l'avis de tout le monde.

"N'hésitez pas à nous contacter si vous avez des pistes, car nous examinons chaque message et nous pensons vraiment que le public peut nous aider à clore certaines de ces affaires", a déclaré le Dr Laurent. "Certaines femmes ont été assassinées dans un endroit très isolé, par exemple, elles n'avaient presque rien sur elles. Il n'y a aucune piste actuelle qui pourrait aider à l'identification. Nous pensons donc vraiment que quelqu'un sur la planète sait quelque chose."

Sur les images familiales en VHS fournies par Donna Roberts, on repère immédiatement Rita, une jeune femme souriante, qui entre dans la pièce et s'assoit sur le canapé. Très vite, un chien s'approche d'elle et grimpe sur ses genoux. Tout le monde dans la salle éclate de rire. "Rita était une femme dure et indépendante, qui ne se laissait pas faire. Elle défendait sa famille et ses amis", a déclaré Donna. "Elle avait une personnalité joyeuse, sa vie était pleine de couleurs, et elle a apporté de la couleur dans ma jeune vie. Elle fera toujours partie de la personne que je suis aujourd'hui."

Accéder aux raccourcis d'accessibilité
Partager cet article Discussion

À découvrir également

L'homme suspecté dans la disparition de Maddie McCann acquitté dans d'autres affaires d'abus sexuels

Disparition du petit Emile : les ossements de l’enfant ont été retrouvés

Dix ans après la disparition du vol MH370, le mystère reste entier