Tandis que Zelensky insiste sur la nécessité de maintenir et d'accroître la pression sur la Russie, Washington préparerait les 725 M de dollars d'aide supplémentaire, mais demande à Kyiv d'abaisser l'âge de la mobilisation de 25 à 18 ans.
Dans la nuit du 28 novembre, la Russie a lancé une attaque massive combinée de missiles et de drones contre le secteur énergétique ukrainien : la défense aérienne ukrainienne a détruit 76 missiles de croisière, 3 missiles guidés et 35 drones sur 188 cibles ennemies.
À l'aube, l'armée de l'air ukrainienne a signalé le décollage de sept bombardiers stratégiques russes Tu-95MS depuis l'aérodrome d'Olenya (dans la région de Mourmansk) et, après 5 h 30, des missiles russes ont été repérés au-dessus du territoire ukrainien.
En outre, des missiles de croisière Kalibr ont en plus été lancés depuis la mer Noire. Des groupes de drones russes ont été constatés dans les régions de Kyiv, Poltava, Zaporijjia, Tchernihiv, Soumy et Dnipro.
Les explosions ont ensuite été entendues à Odessa, Loutsk et Kharkiv, ainsi que dans la région de Volhynie.
Plus de 280 000 foyers de la région de Rivne, dans le nord-ouest du pays, sont actuellement privés d'électricité en raison de l'attaque, a déclaré le chef de la région, Oleksandr Koval. L'approvisionnement en eau est également interrompu dans les zones touchées. Certaines écoles de la ville de Rivne ont reçu l'ordre d'étudier à distance jeudi.
La région limitrophe de Volhynie a également été touchée, où 215 000 foyers sont privés d'électricité, a déclaré le chef de l'administration, Ivan Rudnytskyi. Toutes les infrastructures critiques qui ont été privées d'électricité ont été branchées sur des générateurs.
Les autorités locales ont ordonné l'ouverture des « points d'invincibilité », des abris où les habitants peuvent recharger leurs téléphones et autres appareils et se rafraîchir pendant les coupures de courant.
À Kyiv, où l'alerte au raid aérien a duré plus de neuf heures, des débris de missiles sont tombés dans l'un des quartiers de la ville, ont indiqué les autorités locales. Aucune victime n'a été signalée.
Selon le ministre de l’Énergie ukrainien Herman Halouchtchenko, "le secteur de l'énergie fait l'objet d'attaques massives de la part de l'ennemi... dans toute l'Ukraine."
« Les Russes poursuivent leurs tactiques de terreur. Ils ont stocké des missiles pour frapper les infrastructures ukrainiennes, pour faire la guerre aux civils par temps froid, pendant l'hiver. Ils ont été aidés par leurs alliés fous, en particulier la Corée du Nord. En ce moment, les Russes procèdent à un pilonnage tous azimuts du pays. Ils font la guerre même aux enfants », a écrit, quant à lui, le chef de l'administration présidentielle, Andriy Yermak, sur sa chaîne Telegram.
L'Ukraine, a-t-il souligné, « saura répondre » aux attaques russes.
Rosemary DiCarlo, la Secrétaire générale adjointe des Nations unies aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a dénoncé ce mois-ci l'augmentation du nombre de victimes civiles dans le conflit qui oppose l'Ukraine et la Russie depuis près de trois ans, en soulignant que le ciblage par Moscou de l'infrastructure énergétique de l'Ukraine pourrait faire de cet hiver « le plus rude depuis le début de la guerre ».
De son côté, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que l'attaque massive de la Russie sur l'Ukraine le 28 novembre était une réponse aux frappes ukrainiennes sur le territoire russe.
« La nuit dernière, nous avons lancé une frappe globale à l'aide de 90 missiles et de 100 drones. Nous avons touché 17 cibles. Je le répète une fois de plus : ces frappes de notre part ont également eu lieu en réponse aux attaques continues de missiles ATACMS américains sur le territoire russe. Comme je l'ai dit à maintes reprises, il y aura toujours une réponse de notre part ».
Zelensky appelle à ne pas baisser la pression sur la Russie
À l'issue de son entretien avec le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré que la pression sur la Russie devait être maintenue et renforcée à différents niveaux.
« Nous avons discuté des contacts avec nos partenaires, avec l'Amérique et d'autres pays, de notre travail coordonné avec eux pour réaliser ce que nous avons déjà convenu, et pour le renforcement supplémentaire nécessaire, à la fois militaire et politique », a-t-il précisé.
Lors d'un sommet sur la sécurité qui s'est tenu pendant deux jours en Suède, les dirigeants des pays nordiques et baltes ainsi que de la Pologne ont décidé d'accroître leur soutien à l'Ukraine.
Ils ont notamment déclaré qu'ils s'efforceraient de fournir davantage de munitions. Les dirigeants ont également discuté des relations transatlantiques et de la sécurité régionale dans la région de la mer Baltique.
Biden prépare un nouveau paquet d'aide à l'Ukraine
L'administration sortante du président Joe Biden prépare un nouveau programme d'aide militaire à l'Ukraine d'une valeur de 725 millions de dollars, selon deux sources citées par Reuters.
Selon l'une d'entre elles, les États-Unis prévoient de fournir divers équipements provenant des stocks américains, notamment des armes antichars, des drones, des mines antipersonnel, des systèmes de missiles Stinger et des munitions pour les MLRS HIMARS.
Selon l'un de ces responsables, la notification officielle du paquet d'aide au Congrès pourrait intervenir dès lundi. Le contenu et la taille du paquet pourraient changer dans les jours à venir, a indiqué Reuters.
Ce paquet sera le plus important dans le cadre de l'autorité de décision présidentielle (PDA), qui permet aux États-Unis d'utiliser les stocks d'armes existants pour aider les alliés en cas d'urgence.
Auparavant, ces mesures représentaient généralement 125 à 250 millions de dollars. M. Biden a désormais accès à 4 à 5 milliards de dollars supplémentaires au titre de la PDA approuvée par le Congrès, qu'il devrait utiliser avant que le président républicain élu Donald Trump ne prenne ses fonctions le 20 janvier.
Washington demande à Kyiv de mobiliser les jeunes de 18 ans
Les autorités américaines ont exhorté l'Ukraine à réviser d'urgence sa législation et à abaisser l'âge de la mobilisation de 25 à 18 ans afin d'augmenter plus rapidement la taille de ses forces armées pour faire face à la Russie en cas de guerre, a annoncé un haut fonctionnaire de l'administration de Joe Biden à l'Associated Press et au Financial Times sous le couvert de l'anonymat.
« La vérité est que l'Ukraine ne mobilise et n'entraîne pas suffisamment de soldats pour compenser ses pertes sur le champ de bataille tout en restant à la hauteur de l'armée russe qui ne cesse de croître », cite ses paroles le FT.
Kyiv estime ses besoins à 160 000 soldats, mais selon l'administration Biden, il ne s'agit que de la « limite inférieure » de ce dont l'armée ukrainienne a réellement besoin.
Le manque d'effectifs au sein des FAU signifie que l'armée russe progresse aujourd'hui plus rapidement sur la ligne de front qu'au cours des deux années précédentes de la guerre, conclut le FT.
Le conseiller en communication du président ukrainien, Dmytro Lytvyn, a noté en réponse que les armes promises n'arrivent pas à temps et qu'il n'y a pas assez d'armes pour équiper les soldats déjà mobilisés.
« Il est absurde d'entendre des appels à l'Ukraine pour qu'elle abaisse l'âge de la mobilisation, prétendument pour enrôler davantage de personnes, alors que nous constatons que l'équipement annoncé précédemment n'arrive pas à temps.
En raison de ces retards, l'Ukraine manque d'armes pour équiper les soldats déjà mobilisés ».
Comme rappelle Meduza, selon la loi actuelle adoptée au printemps 2024, l'âge de la mobilisation en Ukraine a été abaissé de 27 à 25 ans. Les hommes âgés de 18 à 25 ans jugés aptes au service militaire ne seront pas mobilisés, mais seront appelés à effectuer leur service militaire obligatoire.
Cependant, Kyiv craint qu'un abaissement de l'âge de la conscription à 18 ans aggraverait la crise démographique en Ukraine.