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Comment les mafieux deviennent les nouveaux soldats de la guerre hybride anti-UE

Vue extérieure du siège de l'agence européenne de police Europol à La Haye, aux Pays-Bas
Vue extérieure du siège de l'agence européenne de police Europol à La Haye, aux Pays-Bas Tous droits réservés  Mike Corder/Copyright 2016 The AP. Tous droits réservés
Tous droits réservés Mike Corder/Copyright 2016 The AP. Tous droits réservés
Par Sergio Cantone & Vincent Reynier
Publié le Mis à jour
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Un nouveau rapport de l'agence de police Europol met en lumière la "mutation" de la criminalité organisée, qui est de plus en plus impliquée dans les tentatives de déstabilisation menées par des États hostiles à l'UE.

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Les mafias internationales sont entrées de plain-pied dans le jeu de la guerre des puissances. Selon Europol, l'agence de police de l'UE, les organisations criminelles traditionnelles sont de plus en plus impliquées dans les actions hostiles menées par des pays tels que la Russie et le Bélarus.

"Les organisations criminelles sont agiles, ne connaissent pas les frontières et cherchent à déstabiliser. Elles sont donc toujours à la recherche d'opportunités", déclare à Euronews Catherine De Bolle, directrice exécutive d'Europol.

"Si elles voient une opportunité de travailler avec un acteur étatique, elles le feront, s'il leur donne quelque chose en retour : de l'argent, l'accès à une infrastructure numérique ou cybernétique d'un État qu'elles peuvent ensuite utiliser pour leurs propres profits".

Une criminalité mondialisée

Le nouveau rapport sur l'évaluation de la menace que représente la criminalité grave et organisée (SOCA) souligne que celle-ci n'est plus une entité enracinée au niveau national, comme les anciennes mafias. Elle s'est au contraire complètement mondialisée grâce aux nouvelles technologies et à un cyberespace qui ne connaît pas de frontières.

"Nous voyons des cybercriminels travailler pendant la journée dans une infrastructure criminelle pour le compte d'un acteur étatique. Et la nuit, ils mènent leurs [activités criminelles traditionnelles] de leur propre chef pour obtenir des bénéfices. Ils travaillent donc pour des acteurs étrangers et pour leur propre compte", explique Catherine De Bolle.

Le crime organisé transnational s'est transformé de facto en société militaire privée de la guerre hybride, louant ses services et ses réseaux clandestins illégaux à des acteurs étatiques, déclare Europol.

Un autre facteur important qui modifie la géographie des menaces contre les démocraties est l'intelligence artificielle qui, selon le rapport du SOCA, est devenue une arme fondamentale de la guerre hybride et a profondément contribué à modifier le paysage de la sécurité en effaçant les dernières lignes de séparation entre les activités criminelles et les opérations hostiles.

La directrice exécutive d'Europol met par ailleurs en garde contre les risques liés aux zones de conflit, en particulier en Ukraine.

"Nous devons certainement envisager le fait que le crime organisé en Russie et en Ukraine trouvera de nouveaux moyens de pénétrer dans l'Union européenne", indique Catherine de Bolle. "Ils connaîtront très bien la cybernétique. Ils disposeront d'un grand nombre d'armes. Il sera donc très important de surveiller cette situation à l'avenir".

Le crime et la guerre, une menace imminente pour l'UE

Magnus Brunner, le commissaire européen chargé des Affaires intérieures, annonce que le rapport du SOCA sera soumis aux gouvernements de l'UE et que le personnel d'Europol serait doublé dans les années à venir grâce à une augmentation de son financement.

Le budget d'Europol pour 2024 s'élevait à plus de 220 millions d'euros.

Selon l'UE, l'immigration clandestine est l'un des exemples les plus inquiétants de l'interaction entre la criminalité organisée et des acteurs étatiques hostiles pour déstabiliser l'Union.

Depuis des années, la Pologne se plaint d'être la cible privilégiée des flux massifs d'immigrants clandestins depuis le Bélarus.

"Il est clair qu'il s'agit d'une migration créée artificiellement, car nous avons à nos frontières des personnes venant de Somalie, d'Érythrée, d'Irak, d'Égypte, par exemple. Ces migrants devraient passer par la route méditerranéenne", affirme Maciej Duszczyk, vice-ministre polonais de l'Intérieur, à Euronews.

"C'est le modus operandi des gangs criminels qui coopèrent étroitement avec les gouvernements bélarusse et russe, car sans l'engagement des acteurs étatiques de ces deux pays, il serait impossible de créer ces routes migratoires", conclut-il.

Europol met également en garde contre un scénario chaotique potentiel dans une Ukraine d'après-guerre, où l'absence de contrôle pourrait devenir l'environnement idéal pour des activités criminelles.

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