Une vidéo de bombardement postée par le président américain Donald Trump suggère que les pertes dans l'ensemble de la campagne américaine pourraient être plus élevées que ne le suggèrent les bilans des Houthis.
Les rebelles houthis du Yémen affirment qu'au moins deux personnes ont été tuées dans des frappes américaines nocturnes sur la ville de Saada, un bastion houthi, ce week-end.
Les bombardements ont blessé neuf autres personnes, selon la chaîne d'information par satellite al-Masirah du groupe rebelle, qui a diffusé des images montrant un bâtiment de deux étages en ruines.
Le président américain Donald Trump a récemment intensifié les frappes aériennes visant les rebelles houthis, suite aux menaces du groupe rebelle de cibler à nouveau des navires en mer Rouge en réponse aux opérations militaires israéliennes à Gaza.
Au moins 69 personnes ont été tuées au Yémen depuis la reprise de la campagne américaine, selon les chiffres publiés par les Houthis.
Toutefois, ces derniers n'ont rapporté aucune perte parmi leurs responsables militaires et de sécurité, ce qui semble contredire une vidéo récemment publiée en ligne par Donald Trump.
Rebelles houthis ou civils célébrant l'Aïd ?
Dans la nuit de vendredi à samedi, Donald Trump a mis en ligne une vidéo en noir et blanc montrant un groupe de plus de 70 personnes rassemblées en cercle visé par un tir de drone.
"Ces Houthis se sont rassemblés pour recevoir des instructions en vue d'une attaque", affirme Donald Trump, sans préciser le lieu de l'attaque ni donner d'autres détails sur la frappe. "Oups, il n'y aura pas d'attaque de la part de ces Houthis ! Ils ne couleront plus jamais nos navires !".
Le Commandement central de l'armée américaine, qui supervise les opérations militaires des États-Unis au Moyen-Orient, n'a pas publié la vidéo et n'a pas donné de détails sur les frappes qu'il a menées depuis le 15 mars. La Maison Blanche a déclaré que plus de 200 frappes avaient été menées jusqu'à présent contre les Houthis.
L'agence de presse SABA, contrôlée par les rebelles, a contesté la version de Donald Trump, affirmant que le bombardement visait "une visite sociale de l'Aïd dans le gouvernorat d'Hodeida". Les musulmans du monde entier ont récemment célébré l'Aïd al-Fitr, la fête qui marque la fin du mois de jeûne musulman du Ramadan.
"Les personnes présentes à ce rassemblement n'avaient aucun lien avec les opérations menées par [les Houthis], qui mettent en œuvre la décision d'interdire la navigation aux navires liés à l'ennemi américain et israélien", indique le rapport de la SABA, qui ajoute que l'attaque a fait des dizaines de morts et de blessés.
Toutefois, les Houthis n'ont jamais rapporté de frappe sur Hodeida pendant cette période avec un nombre de victimes aussi élevé. Le rapport de la SABA ne décrit pas non plus les personnes tuées comme des civils, ce qui suggère qu'elles auraient pu avoir des liens avec les forces de sécurité ou les forces militaires des rebelles. Par le passé, Hodeida a été le point de lancement d'attaques des Houthis vers la mer Rouge.
Un conflit à la portée régionale
La nouvelle opération américaine contre les Houthis menée par Donald Trump semble plus étendue que celles menées par l'ancien président Joe Biden, car Washington ne se contente plus de cibler les sites de lancement, mais tire également sur le personnel d'élite et largue des bombes sur les villes.
La nouvelle campagne de frappes aériennes a débuté après que les rebelles houthis ont menacé de recommencer à prendre pour cible des navires "israéliens" après qu'Israël a bloqué l'aide entrant dans la bande de Gaza.
De novembre 2023 à janvier de cette année, les Houthis ont pris pour cible plus de 100 navires marchands à l'aide de missiles et de drones, coulant deux d'entre eux et tuant quatre marins. Ils ont également lancé des attaques contre des navires de guerre américains, sans succès.
La campagne ne montre aucun signe d'arrêt, l'administration Trump ayant à plusieurs reprises lié ses frappes aériennes contre les Houthis à un effort pour faire pression sur l'Iran - qui soutient le groupe - au sujet de son programme nucléaire qui progresse rapidement.