La résurgence des libéraux canadiens, il n'y a pas longtemps donnés perdants face aux conservateurs de Pierre Poilievre, a été alimentée par les déclarations incendiaires de Donald Trump, qui en fait semble avoir ramené ses pires adversaires au pouvoir au Canada.
Les premiers résultats des élections générales au Canada indiquent que le Premier ministre Mark Carney est prêt à former un gouvernement, point culminant d'un renversement stupéfiant des perspectives politiques de son parti libéral après une fin de règne sans lustre du Premier ministre Justin Trudeau, autrefois très populaire.
Les chaînes de télévision canadiennes CBC et CTV prévoient que Carney restera à son poste, remportant une victoire spectaculaire après avoir hérité d'un parti libéral qui, dans les sondages, accusait un retard à deux chiffres sur le principal parti d'opposition, le parti conservateur, alors que la popularité de l'ancien Premier ministre Justin Trudeau était en chute libre.
Le Parti libéral devrait dépasser son rival conservateur dans les 343 sièges du Parlement. On ne sait toujours pas si Carney, économiste chevronné devenu politicien, formera un gouvernement majoritaire ou minoritaire. Pour être majoritaire, un parti doit obtenir 172 sièges à l'Assemblée.
En l'état actuel des choses, les médias canadiens prévoient que le parti de Carney obtiendra 161 sièges. Les conservateurs de Poilievre ne sont pas loin derrière, puisqu'ils devraient obtenir 150 sièges.
L'élection marque également une défaite cuisante pour les conservateurs canadiens qui, sous la direction de Pierre Poilievre, s'attendaient à revenir au pouvoir jusqu'à ce qu'une crise diplomatique et commerciale provoquée par la ré-inauguration de Donald Trump réduise considérablement l'attrait d'un virage populiste vers la droite.
La popularité de Trudeau s'est effondrée au cours des dernières années de son mandat de Premier ministre, et une vague de défaites aux élections partielles et de démissions de ministres de premier plan l'ont finalement poussé à annoncer sa démission en janvier de cette année, deux semaines avant que Trump ne soit assermenté pour son second mandat.
Cependant, Trudeau a répondu aux menaces intenses de Trump contre le Canada dans la première phase de sa présidence par une rhétorique patriotique et dure inattendue qui lui a immédiatement permis de regagner le soutien qu'il avait perdu.
Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d'Angleterre, a remporté une victoire écrasante dans la course à la succession de Justin Trudeau à la tête des libéraux, et a pu profiter de la vague de soutien spectaculaire des libéraux.
Le Bloc Québécois (BQ) devrait remporter 23 sièges, le Nouveau Parti Démocratique (NPD) 8 sièges, tandis que le Parti Vert est en passe de remporter un seul siège.
Le facteur Trump
Depuis son arrivée au pouvoir à la fin du mois de janvier, Donald Trump a placé le Canada dans sa ligne de mire. Lui-même et d'autres membres de son administration ont pris l'habitude de le qualifier de 51e État potentiel des États-Unis et se sont moqués du prédécesseur de Carney en l'appelant "gouverneur Trudeau".
Trump a également menacé d'imposer des droits de douane agressifs sur divers produits canadiens entrant aux États-Unis. Certains de ces droits de douane ont été appliqués, tandis que d'autres ont été suspendus ou retirés juste avant d'entrer en vigueur.
Cette situation, combinée aux remarques vagues mais menaçantes de Trump sur une annexion potentielle, a conduit Carney à déclarer que les relations entre les deux pays alliés avaient fondamentalement changé.
"L'ancienne relation que nous avions avec les États-Unis, basée sur l'approfondissement de l'intégration de nos économies et sur une coopération étroite en matière de sécurité et de défense, est révolue", a-t-il déclaré dans un discours prononcé le 28 mars.
"Il est clair que les États-Unis ne sont plus un partenaire fiable. Il est possible qu'avec des négociations globales, nous puissions rétablir un élément de confiance, mais il n'y aura pas de retour en arrière".