Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney a conduit le parti libéral à sa quatrième victoire électorale consécutive, alors que le parti conservateur de Pierre Poilievre était donné largement favori il y a encore quelques mois.
Les libéraux du Canada ont échoué de peu à obtenir une majorité parlementaire lors d'une victoire électorale qui a néanmoins marqué un retour politique remarquable pour la formation, donnée perdante il y a encore quelques mois.
Le parti libéral a remporté 169 des 343 sièges du Parlement à l'issue du scrutin de lundi, soit trois sièges de moins que la majorité et 25 sièges de plus que les conservateurs, arrivés en deuxième position, selon l'organisme chargé du décompte des voix, Élections Canada.
Ils auront donc besoin du soutien d'au moins un autre parti pour faire passer les lois. Les néo-démocrates progressistes, qui soutenaient jusqu'à l'année dernière le gouvernement libéral minoritaire de Justin Trudeau, ont remporté 7 sièges, et pourraient ainsi être un partenaire potentiel.
La grogne anti-Trump bouleverse les pronostics
Bien qu'ils n'aient pas obtenu une majorité absolue, la victoire électorale des libéraux - la quatrième consécutive - a constitué un renversement radical par rapport au début de l'année, lorsqu'ils étaient loin derrière leurs rivaux conservateurs dans les sondages.
La démission de Justin Trudeau de ses postes de Premier ministre et de chef du parti libéral, ainsi que la rhétorique hostile du président américain Donald Trump à l'égard du Canada ont contribué à la renaissance du parti.
Sous la direction du nouveau Premier ministre Mark Carney, un économiste de renom récemment entré en politique, le parti libéral a réussi, en quelque sorte, à faire de l'élection un référendum sur Donald Trump, arguant qu'il était le mieux placé pour contrer ses menaces contre le Canada.
Depuis son entrée en fonction le 20 janvier, le président américain a exprimé à plusieurs reprises son intention d'annexer le pays aux États-Unis en tant que 51e État. Il a également imposé au Canada des droits de douane de 25 % sur des produits tels que l'aluminium et l'acier.
Dans son discours de victoire, Mark Carney a souligné que les relations entre le Canada et les États-Unis avaient radicalement changé.
"Nous avons surmonté le choc de la trahison américaine, mais nous ne devons jamais en oublier les leçons", a-t-il déclaré. "Comme je le dis depuis des mois, les États-Unis veulent nos terres, nos ressources, notre eau, notre pays".
"Ce ne sont pas des menaces en l'air : le président Donald Trump essaie de nous briser pour que les États-Unis puissent nous posséder", poursuit le Premier ministre. "Cela n'arrivera jamais, jamais. Mais nous devons aussi reconnaître la réalité : notre monde a fondamentalement changé".
Mark Carney s'est entretenu avec Donald Trump mardi, et les deux hommes ont convenu de se rencontrer en personne dans un avenir proche.
Le parti conservateur perd les élections contre toute attente, mais réalise tout de même un bon score
Si le nouveau chef du gouvernement canadien a bénéficié politiquement des menaces du président américain contre le Canada, le dirigeant conservateur Pierre Poilievre, qui avait adopté le slogan "Le Canada d'abord" (sur le modèle du slogan "America First" de Donald Trump), en a fait les frais.
Alors que les sondages lui conféraient une avance de 20 points sur le parti libéral en début d'année, le parti de Pierre Poilievre a finalement perdu les élections, même s'il a tout de même obtenu plus de députés que dans la précédente législature.
Alimenté par la colère des Canadiens face aux politiques de Donald Trump, le taux de participation aux élections de cette semaine a été le plus élevé depuis 1993 : 68,5 % des électeurs admissibles ont voté.