Des témoins font état d'une recrudescence des pillages dans l'enclave. L'ONU accuse Israël d'utiliser la famine comme "arme de guerre".
Alors qu'Israël bloque l'entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza depuis deux mois, le spectre d'une famine massive plane sur l'enclave palestinienne. Gaza, peuplée de plus de deux millions d'habitants est plongée dans ce qui est considéré comme la pire crise humanitaire depuis le début du conflit.
L'escalade du désespoir fait craindre une effondrement complet de l'ordre social. Des habitants et des travailleurs humanitaires témoignent d'une recrudescence des pillages dans le nord du territoire, des individus pour certains armés, pénétrant de force dans les entrepôts, les boulangeries et les magasins .
Une boulangerie vide prise d'assaut
La dernière vague de pillage a commencé mercredi soir dans la ville de Gaza, après que des camions humanitaires aient été signalés comme étant arrivés dans le nord du pays en provenance de la région méridionale.
Un travailleur humanitaire a déclaré que des individus armés avaient pris pour cible une boulangerie sur la base de rumeurs selon lesquelles elle contenait des réserves de nourriture.
Lorsque la boulangerie s'est avérée vide, le groupe a saccagé une soupe populaire gérée par une agence d'aide internationale dans le camp de réfugiés d'al-Shati.
L'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) a indiqué que son personnel s'était retiré en toute sécurité mercredi, après que des milliers de personnes eurent fait irruption dans son bureau local de la ville de Gaza et se soient emparées de fournitures médicales.
Louise Wateridge, haut responsable des situations d'urgence à l'UNRWA, a décrit le pillage comme "le résultat direct d'une privation insupportable et prolongée".
Les pillages se sont poursuivis jusqu'à vendredi soir. Selon trois témoins, des dizaines d'hommes armés ont forcé l'entrée d'au moins deux entrepôts de l'ONU, écrasant la police et les gardes locaux chargés de les protéger. Les entrepôts étaient déjà largement vidés avant les effractions.
"Il y avait des bandes organisées", a témoigné Ahmed Abu Awad, un habitant de l'ouest de la ville de Gaza, où certains des incidents ont eu lieu.
Un autre habitant, Yahya Youssef, a déclaré avoir observé deux nuits consécutives de confrontations armées entre les pillards et les forces de sécurité dans les rues de l'ouest de la ville de Gaza, près des locaux utilisés par les Nations unies et les organisations humanitaires.
Les organisations humanitaires notent que les incidents de cette semaine marquent un changement significatif : ils sont plus chaotiques et s'étendent plus loin dans les centres urbains.
Les autorités israéliennes affirment que les restrictions visent à contraindre le Hamas à libérer les 59 otages encore en captivité - dont 24 sont présumés morts - et à démanteler l'infrastructure militante de l'organisation.
L'ONU accuse l'État hébreu d'utiliser la famine comme "arme de guerre" et dénonce une politique "délibérément" cruelle.
17 morts dans une nouvelle frappe à Khan Younès
Dans le même temps, Israël poursuit ses opération militaires. Vendredi, la défense civile de Gaza a fait état d'au moins 42 personnes tuées dans des bombardements israéliens.
Une frappe touchant la ville de Khan Younès ce samedi a fait 17 morts, selon des médecins locaux. Parmi les victimes, 11 membres d'une même famille qui était abritée dans le camp de réfugiés de la ville. Trois enfants, dont deux frères et sœurs, l'un âgé d'un an et l'autre d'un mois seulement, ont perdus la vie.
Une autre frappe aérienne a touché une maison dans le quartier de Batn al-Samin à Khan Younès. Deux autres personnes ont été tuées.