Après que le chef du Kremlin a rejeté le défi lancé par Kyiv de se rendre sur les rives du Bosphore en personne, le dirigeant ukrainien a envoyé son ministre de la Défense aux pourparlers avec les Russes.
Une journée riche en rebondissements. Volodymyr Zelensky a annoncé, à l'issue de son entretien bilatéral avec Recep Tayyip Erdogan à Ankara, qu'il enverrait une délégation à Istanbul pour des discussions avec les Russes, mais qu'il n'y serait pas présent lui-même.
La délégation ukrainienne sera dirigée par le ministre de la Défense Roustem Oumerov.
Zelensky a noté le "faible statut" de la délégation russe, composée notamment de ministres adjoints, mais a déclaré qu'il dépêchait ses représentants à Istanbul "par respect" pour ses homologues turc et américain ainsi que pour démontrer clairement la volonté de Kyiv de mettre fin à la guerre.
Ces pourparlers débuteront vendredi matin au plus tôt.
"En ce qui concerne l'ordre du jour, le mandat de notre délégation est clair : le cessez-le-feu est la priorité numéro un", a annoncé Zelensky sur X.
En début de soirée, le président ukrainien a quitté la Turquie pour l'Albanie où s'ouvrira demain, 16 mai, le sommet de la Communauté politique européenne.
Pour Moscou, il s'agit de la "reprise" des négociations avortées en 2022
Entre-temps, le chef de la délégation russe aux pourparlers avec l'Ukraine, Vladimir Medinski, un collaborateur de Poutine, a fait une brève déclaration à la presse au consulat général de Russie à Istanbul.
Selon lui, Moscou considérait les discussions prévues au palais de Dolmabahçe comme la "suite" des négociations du printemps 2022 qui n'avaient débouché sur aucun accord.
"La délégation est déterminée à trouver des points de contact et à établir une paix durable en supprimant les causes fondamentales du conflit", a-t-il déclaré, soulignant que les représentants du Kremlin à Istanbul "disposaient de tous les pouvoirs et de toutes les compétences" pour négocier, malgré les critiques formulées quelques heures plus tôt par la partie ukrainienne.
La délégation russe attendra la délégation ukrainienne à partir de 10 heures vendredi, a annoncé Medinski.
Un "simulacre" de délégation : Zelensky critique les seconds couteaux du Kremlin
À son arrivée dans la capitale turque, le leader ukrainien a déclaré que son pays était représenté en Turquie "au plus haut niveau", avec les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, le chef du bureau présidentiel ainsi que les responsables de l'armée et des services de renseignement "pour être en mesure de prendre toute décision susceptible de conduire à la paix attendue et juste".
Mais ce n'est pas le cas du côté russe, a-t-il ajouté, qualifiant de "simulacre de délégation" l'équipe dépêchée sur les rives du Bosphore par le maître du Kremlin, composée notamment de ministres adjoints.
"Nous devons comprendre quel est le mandat des représentants russes et s’ils sont capables de prendre des décisions", a-t-il souligné.
"Car nous savons tous qui prend les décisions en Russie", a déclaré Zelensky, en désignant Poutine, qui a refusé de venir à Istanbul.
"Qui utilise le terme "simulacre" ? Un clown ? Un raté ? Une personne sans aucune formation", a asséné Maria Zakharova, faisant monter la tension.
Le Kremlin a exclu le voyage de Poutine en Turquie, révélant que les pourparlers seraient menés par l'assistant présidentiel Vladimir Medinski. Ce dernier avait également dirigé la délégation moscovite à Istanbul en mars 2022, lors de la première tentative de négociation entre les deux belligérants.
Le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podolyak a déclaré en début de semaine que Zelensky ne rencontrerait pas de responsables russes de rang inférieur à Istanbul si Poutine ne venait pas en Turquie, estimant que de telles négociations n'auraient pas de sens.