Lors d'un appel téléphonique avec son homologue américain, Vladimir Poutine a déclaré que la Russie était "prête" à travailler sur un "mémorandum" avec l'Ukraine, qui comprenait un éventuel cessez-le-feu pour une période déterminée.
Lors d'un appel téléphonique avec le président américain Donald Trump, le dirigeant russe Vladimir Poutine a déclaré qu'"un cessez-le-feu est possible si les bons accords sont conclus".
Le chef du Kremlin, cité par l'agence d'État TASS, a également déclaré que la Russie était "prête" à travailler avec Kyiv sur un "mémorandum relatif à un futur traité de paix".
Pour le président Poutine, la reprise des négociations russo-ukrainiennes directes à Istanbul indique que les parties sont "globalement sur la bonne voie".
D'après les agences russes, l'appel entre Trump et Poutine avait duré environ deux heures et demie.
Avant d'appeler le chef du Kremlin, le président américain s'est entretenu avec Volodymyr Zelensky, ont rapporté les médias ukrainiens.
L'Ukraine insiste sur un cessez-le-feu complet et inconditionnel, idée initialement proposé par le chef de la Maison Blanche et acceptée par Kyiv en mars dernier.
Trump : "Les négociations entre la Russie et l'Ukraine vont commencer immédiatement"
"La Russie et l'Ukraine vont immédiatement entamer des négociations en vue d'un cessez-le-feu et, plus important encore, de la fin de la guerre", s'est félicité la président américain sur son réseau Truth Social, ajoutant que "les conditions seront négociées par les deux parties".
Selon Trump, la Russie veut "faire du commerce à grande échelle avec les États-Unis lorsque ce "bain de sang" catastrophique sera terminé".
"La Russie a la possibilité de créer des emplois et des richesses en masse. Son potentiel est illimité. De même, l'Ukraine peut être un grand bénéficiaire des échanges commerciaux, dans le cadre du processus de reconstruction du pays", a-t-il poursuivi.
Trump affirme avoir informé, par téléphone, de la teneur de son échange avec Poutine le président Zelensky ainsi qu'un groupe de leaders européens :
- la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen,
- le président français Emmanuel Macron,
- la Première ministre italienne Giorgia Meloni,
- le chancelier allemand Friedrich Merz
- et le président finlandais Alexander Stubb.
Trump a fini son message par un rappel que le Vatican pourrait accueillir un prochain round des pourparlers entre la Russie et l’Ukraine.
"Que le processus commence", a-t-il martelé.
Zelensky : "Personne ne retirera nos troupes des territoires ukrainiens"
Devant la presse, le président ukrainien a réagi à l'idée de Poutine de travailler sur un "mémorandum" avec l'Ukraine, en vue de la conclusion d'un accord de paix, en ces termes : "Je ne sais pas quels sont les principes contenus dans ce mémorandum, mais si la Russie pose des conditions au retrait de nos troupes de certains territoires, cela signifie qu'elle ne veut pas que la guerre prenne fin. Car ils comprennent clairement que l'Ukraine ne le fera pas".
Plus tôt, Reuters a reporté, citant un haut responsable ukrainien, que les négociateurs russes ont exigé à Istanbul que l'Ukraine retire ses troupes de toutes les régions ukrainiennes revendiquées par Moscou (Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia) avant d'envisager un cessez-le-feu.
Volodymyr Zelensky a également déclaré que Kyiv et ses alliés envisageaient d'organiser une réunion de "haut niveau" entre l'Ukraine, la Russie, les États-Unis, les pays de l'UE et le Royaume-Uni dans le cadre d'une initiative visant à mettre fin à la guerre menée par Moscou.
S'exprimant après deux appels téléphoniques avec Donald Trump, le dirigeant ukrainien a déclaré que la réunion pourrait être organisée en Turquie, au Vatican ou en Suisse.
"Nous étudions toutes les possibilités. Il n'est pas nécessaire de convaincre l'Ukraine, et nos représentants sont prêts à prendre de véritables décisions lors des négociations. Ce qu'il faut, c'est une volonté similaire de la Russie d'engager des discussions constructives", a-t-il déclaré son son compte X.
"Il est crucial pour nous tous que les États-Unis ne se distancient pas des négociations et de la recherche de la paix, car le seul bénéficiaire est Poutine", a-t-il ajouté, appelant à faire pression sur Moscou.
Côté américain, la frustration grandit
Le vice-président américain J. D. Vance a également déclaré lundi que Trump avait l'intention de demander à Poutine s'il souhaitait "réellement mettre fin" à l'invasion à grande échelle de l'Ukraine.
"Nous nous rendons compte que nous sommes dans une impasse", a déclaré l'ex-colistier de Trump, ajoutant : "Je pense que le président va dire au président Poutine : "Ecoutez, êtes-vous sérieux ? Êtes-vous sérieux ?"
Il a ajouté qu'il n'était pas sûr que Poutine ait une stratégie pour mettre fin à la guerre, mais que Washington pourrait renoncer à toute tentative de médiation si aucun progrès significatif n'était réalisé en faveur de la paix.
Bien que ce soit Poutine lui-même qui ait suggéré des pourparlers directs entre la Russie et l'Ukraine, il n'a pas accepté l'invitation de Volodymyr Zelensky à se rendre à Istanbul la semaine dernière, envoyant à la place une délégation de "faible statut", composée notamment de ministres adjoints.
Le président ukrainien a rencontré son équipe plus tôt dans la journée de lundi pour "évaluer les résultats" de ces pourparlers, affirmant que Kyiv avait tout fait pour rapprocher un cessez-le-feu et que la Russie était l'obstacle à la paix.
"Les réunions des 15 et 16 mai ont montré au monde notre volonté de rapprocher la paix et, par conséquent, la nécessité de faire pression sur la Russie pour mettre fin à la guerre", a écrit Zelensky sur Telegram.
Il a ajouté que le résultat le plus important des pourparlers était un accord sur l'échange massif de prisonniers de guerre de chaque côté.
Kirill Boudanov, chef de la direction principale des renseignements du ministère de la Défense, a déclaré dans une interview, qu'il s'attendait à ce qu'un échange de prisonniers selon la formule "1 000 pour 1 000" ait lieu dans le courant de la semaine prochaine.