Ces nouvelles scènes de chaos surviennent un jour après que des milliers de Palestiniens ont envahi un centre d'aide de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF).
Après environ trois mois de blocus humanitaire qui ont poussé des centaines de milliers de Palestiniens au bord de la famine, la reprise des distributions d'aide se fait dans le chaos à Gaza.
Des milliers de personnes ont envahi mercredi un entrepôt alimentaire du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, dans le centre de l'enclave, pour se procurer de la nourriture.
Des besoins humanitaires "incontrôlables"
Selon les responsables de l'hôpital des Martyrs d’al-Aqsa, ces heurts ont fait quatre morts : deux tués dans la bousculade et deux décédés des suites de blessures par balles. Le PAM rapporte quant à lui "deux morts" tout en précisant être en train de "confirmer les détails".
Les images prises sur place montrent des Palestiniens transportant de gros sacs de farine, pesant chacun environ 25 kilogrammes, alors qu'ils se frayaient un chemin hors du bâtiment.
Un kilo de farine se vend actuellement à 70 $ (62,2 €) et un sac entier à 500 $ (444,2 €) à Gaza, ont expliqué des personnes sur le terrain à Euronews.
"Les besoins humanitaires sont devenus incontrôlables après 80 jours de blocus complet de toute assistance alimentaire et autre aide à Gaza", a écrit la branche du PAM pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sur X.
"Le PAM n'a cessé de mettre en garde contre les conditions alarmantes et la détérioration de la situation sur le terrain, et les risques imposés par la limitation de l'aide humanitaire à des personnes affamées qui ont désespérément besoin d'assistance", indique l'organisation.
Au moins 48 blessés la veille dans un centre de la Fondation humanitaire pour Gaza
Ces heurts surviennent un jour après des scènes de chaos similaires dans un centre de distribution d'aide de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), une nouvelle organisation d'aide soutenue par Israël et les États-Unis.
Des rapports indiquent qu'au moins 48 personnes ont été blessées quand des soldats israéliens ont ouvert le feu pour reprendre le contrôle de la situation après que des milliers de Palestiniens ont envahi le centre logistique.
L'armée israélienne affirme quant à elle avoir effectué des "tirs de sommation en l'air", hors de l'enceinte du centre.
Le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, rapporte par ailleurs qu'une personne a été tuée durant l'échauffourée, ce que conteste la GHF.
La GHF sous le feu des critiques
Le nouvel organisme humanitaire pour distribuer l'aide à Gaza a été critiqué par les Nations unies et d'autres organisations, qui ont refusé d'y participer.
"Ce nouveau système est un rationnement basé sur la surveillance qui légitime une politique de privation délibérée", a affirmé John Whittall, chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, lors d'une conférence de presse tenue mercredi.
"Les Nations unies ont refusé de participer à ce projet, estimant qu'il était irréalisable sur le plan logistique et qu'il violait les principes humanitaires en utilisant l'aide comme un outil dans le cadre des efforts plus vastes d'Israël pour dépeupler certaines zones de Gaza", ajoute-t-il.
Les Nations unies estiment que la GHF ne sera pas en mesure d'assurer une aide humanitaire suffisante aux quelque 2 millions de personnes dans la bande de Gaza.
Le directeur fondateur de la Fondation humanitaire de Gaza, Jake Wood, a démissionné dimanche, estimant qu'il ne serait pas possible pour le groupe de fournir de l'aide "tout en adhérant strictement aux principes humanitaires d'humanité, de neutralité, d'impartialité et d'indépendance".
Israël affirme que la GHF permettra d'empêcher le Hamas d'accéder à l'aide humanitaire et d'en tirer profit, mais les Nations unies nient que cela se produisait à grande échelle.