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Les familles des prisonniers français en Iran sans nouvelles de leurs proches

La famille de Cécile Kohler, aux côtés de la présidente de l'Assemblée nationale française, Yael Braun-Pivet, devant l'Assemblée Nationale, 25 mars 2025.
La famille de Cécile Kohler, aux côtés de la présidente de l'Assemblée nationale française, Yael Braun-Pivet, devant l'Assemblée Nationale, 25 mars 2025. Tous droits réservés  AP Photo
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Par Estelle Nilsson-Julien
Publié le Mis à jour
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Les familles des prisonniers français détenus en Iran attendent avec inquiétude de leurs nouvelles, suite au cessez-le-feu entre l’Iran et Israël le 24 juin.

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Depuis trois ans, Cécile Kohler et Jacques Paris, un couple de Français accusés « d'espionnage » par l’Iran, sont détenus par les autorités iraniennes à la prison d'Evin, un large complexe pénitentiaire de Téhéran où la torture et les exécutions sont monnaie courante.

Pour Noémie Kohler, la sœur de Cécile, la frappe israélienne du 23 juin, ciblant la prison d'Evin est tout ce qu'elle redoutait. Malgré le cessez-le-feu entre l’Iran et Israël entré en vigueur le mardi 24 juin, elle attend avec inquiétude des nouvelles. 

« On est resté des heures sans savoir si Cécile et Jacques avaient été touchés par les bombardements, s'ils étaient toujours en vie. Le soir, le ministre des français des Affaires étrangères a été informé que Cécile et Jacques n’avaient pas été touchés par les autorités iraniennes, mais jusqu'à présent on n’a pas eu de signe de vie concret, ni de contact direct avec eux », dit-elle. 

Suite à la frappe israélienne, les autorités pénitentiaires iraniennes ont annoncé le transfert d’un nombre de détenus vers d’autres prisons. Mais la famille ne sait pas si le couple en fait partie : « On ignore tout de leur situation, on est extrêmement inquiets, on imagine qu’ils ont été transférés aussi, mais on ne sait pas où », explique Noémie. 

Jusqu'à présent, Cécile, une professeure de lettres de 40 ans, ainsi que Jacques, un professeur de mathématiques retraité âgé de 71 ans, étaient incarcérés dans la section 209 de la prison d'Evin, où sont détenus les prisonniers politiques et les ressortissants étrangers.

« Le 6 octobre 2023, ils ont été contraints à faire des aveux forcés à la télévision iranienne. On leur a fait avouer qu'ils étaient des agents des services de renseignement français », explique Noémie, qui affirme que le couple effectuait un voyage touristique, au moment de l'arrestation le 7 mai 2022. 

Le dernier contact que Noémie a eu avec sa sœur remonte au 28 mai 2025.

« On ne peut pas l’appeler, c’est toujours elle qui nous appelle et c’est très aléatoire, c’est au bon vouloir de ses geôliers. Ce sont quasiment systématiquement des vidéos WhatsApp entre trois et dix minutes sous haute surveillance, parfois on attend un mois, parfois trois », explique-t-elle.

Dans ces conditions, difficile pour la famille de parler librement avec Noémie.

« A chaque fois qu'on s'appelle, son visage est entouré d’un tchador très serré et à travers son langage corporel, on sait qu’il y a des gens autour d’elle, on entend des gens qui chuchotent autour d’elle, on sent qu’elle est sous pression », ajoute-t-elle. 

Depuis leur incarcération en mai 2022, Cécile Kohler et Jacques Paris ont eu droit à seulement quatre visites consulaires. Le gouvernement français a déposé une requête contre l’Iran devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) le 16 mai dernier, les désignant comme « otages d'État", et accusant l'Iran de violer le droit à la protection consulaire inscrit dans la Convention de Vienne.

« Le 30 mai 2025, à la suite de la requête de la France, Cécile et Jacques ont reçu leur cinquième visite consulaire en 3 ans. On nous a confirmé qu'ils n'ont toujours pas de meubles, qu'ils dorment par terre dans une cellule sans fenêtre qui est éclairée 24 heures sur 24. Ils voient la lumière du jour seulement trois fois par semaine pour sortir dans une  cour intérieure pour une trentaine de minutes », explique Noémie. 

« Depuis décembre 2024, ils sont dans l'attente d'un verdict qu'on leur annonce extrêmement sévère et imminent, mais il n'arrive jamais, c'est une torture psychologique», ajoute-t-elle.

Elle estime que l’état de Cécile et Jacques s’est dégradé rapidement au cours des derniers mois : « Ils sont de plus en plus affaiblis par leur détention, ils vont de plus en plus mal, ils sont à bout de force. Ils doutent vraiment de la capacité de la France à les sortir de là ».

Dans une publication parue sur X le 21 juin, le président de la République Emmanuel Macron affirme avoir réclamé la libération du couple français durant un appel avec le président iranien Massoud Pezeshkian : « Cécile Kohler et Jacques Paris doivent être libérés. Leur détention inhumaine est injuste. J'attends qu'ils rentrent en France ».

Cécile Kohler et Jacques Paris sont officiellement les derniers ressortissants français détenus en Iran, à la suite de la libération d'Olivier Grondeau en mars 2025, incarcéré en octobre 2022.

Le 20 juin, l'agence de presse iranienne Tasnim a annoncé qu'un citoyen européen, dont la nationalité n’a pas été dévoilée, avait récemment été arrêté en Iran, accusé « d'espionnage dans des zones sensibles » du pays.

Selon les estimations de l’ONG Hostage Aid Worldwide, une quinzaine d'Européens et de binationaux suédois, français, suisse, chypriote, allemand et britannique sont emprisonnés en Iran.

Téhéran est accusé de pratiquer une politique de diplomatie des otages par les groupes de défense des droits humains, se servant des Européens et des binationaux comme «monnaie d'échange » pour faciliter ses négociations avec l’Occident.

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