Selon les médias d'État syriens, le gouvernement s'est coordonné avec certains responsables de la ville pour évacuer quelque 1 500 Bédouins par bus.
En Syrie, alors qu'un fragile cessez-le-feu entre la minorité druze et les combattants bédouins semble tenir après une semaine d'affrontements, le gouvernement a commencé à évacuer les familles bédouines de la ville de Soueïda lundi.
Les médias d'État syriens ont précisé que le gouvernement s'était coordonné avec certains responsables de Soueïda pour faire venir des bus afin d'évacuer quelque 1 500 Bédouins de la ville.
Les violences entre les milices druzes et les clans musulmans sunnites ont fait des centaines de morts et menacent de mettre à mal la transition déjà fragile de l'après-guerre en Syrie.
Israël a également lancé des dizaines de frappes aériennes sur la province de Soueïda, à majorité druze, visant les forces gouvernementales qui s'étaient rangées du côté des Bédouins.
Des familles bédouines évacuées de Soueïda
Des bus remplis de familles bédouines ont été accompagnés par des véhicules du Croissant-Rouge arabe syrien et des ambulances. Certaines familles sont parties en camion avec leurs biens.
Les autorités syriennes n'ont pas fourni d'autres détails sur l'évacuation et sur la manière dont elle s'inscrit dans le cadre de l'accord plus large, à la suite de l'échec des pourparlers en vue d'un échange d'otages samedi.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme, basé au Royaume-Uni, a toutefois déclaré que, dans le cadre de l'accord, les combattants bédouins devaient libérer les femmes druzes qu'ils détenaient en captivité et quitter la province.
L'envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie, Tom Barrack, qui a participé à des négociations entre plusieurs pays, a déclaré que les auteurs des hostilités des deux côtés devaient rendre des comptes. Le responsable a également précisé qu'un accord devait être conclu pour permettre au gouvernement intérimaire de la Syrie, en place depuis sept mois, d'exercer son autorité et de fonctionner pleinement après plus d'une décennie de conflit.
"Les autorités syriennes doivent être tenues pour responsables, mais elles doivent également se voir confier la responsabilité de rétablir l'ordre", a déclaré Tom Barrack à Beyrouth après avoir rencontré des responsables lundi.
Des combattants bédouins massés à la périphérie de la ville
Les combattants bédouins se sont retirés de la ville de Soueïda dimanche et demeuraient depuis à la périphérie de la ville tandis que les forces de sécurité bouclaient la zone.
Un convoi d'aide composé de quelque 32 véhicules du Croissant-Rouge est entré dans la ville, tandis qu'une délégation gouvernementale accompagnée d'un autre convoi d'aide a été refoulée.
Après l'échec des négociations en vue d'un échange d'otages dimanche en fin de journée, l'Observatoire et des groupes d'activistes à Soueïda ont rapporté avoir entendu ce qu'ils ont dit être des frappes aériennes et des hélicoptères israéliens au-dessus des villages où quelques escarmouches ont eu lieu entre les Bédouins et les Druzes.
L'armée israélienne a déclaré qu'elle n'était "pas au courant" de frappes nocturnes en Syrie.
Les Druzes de plus en plus sceptiques face au nouveau gouvernement
Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed al-Charaa, a promis de demander des comptes aux auteurs d'attaques ciblées et d'autres violations.
La communauté druze du pays a largement célébré la chute de la famille al-Assad, qui a mis fin à des décennies de régime tyrannique en Syrie. Bien qu'ils s'inquiètent de l'éventualité d'un régime islamiste d'al-Charaa, un grand nombre d'entre eux souhaitent aborder la question de manière diplomatique.
Contrairement à la plupart des autres personnalités druzes influentes, le chef spirituel de la communauté druze Hikmat al-Hijri et ses partisans ont cependant adopté une approche plus conflictuelle avec le président syrien de transition.
Les nombreux cas d'attaques, qui comprenaient le meurtre de civils druzes et la profanation de photos de notables religieux, ont rendu les Druzes plus sceptiques à l'égard d'Ahmed al-Charaa et moins optimistes quant à la possibilité d'une coexistence pacifique.
Plus de la moitié des quelque 1 million de Druzes dans le monde vivent en Syrie. La plupart des autres Druzes vivent au Liban et en Israël, notamment sur le plateau du Golan occupé, qu'Israël a repris à la Syrie lors de la guerre du Proche-Orient de 1967 et annexé en 1981.