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Emmanuel Macron : "Je déclare que la France reconnaît aujourd'hui l'État de Palestine"

Emmanuel Macron a annoncé la reconnaissance d'un État de Palestine par la France.
Emmanuel Macron a annoncé la reconnaissance d'un État de Palestine par la France. Tous droits réservés  AP Photo/Angelina Katsanis
Tous droits réservés AP Photo/Angelina Katsanis
Par Euronews
Publié le Mis à jour
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L'Autorité palestinienne a salué la reconnaissance officielle par la France, qualifiant ce geste de "décision historique et courageuse". Mahmoud Abbas a plaidé pour un "État unifié, sans armes, avec une loi, un droit".

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Emmanuel Macron s'est exprimé ce lundi soir dans le cadre de la Conférence internationale pour la mise en œuvre de la solution des deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte.

Prenant la parole à la tribune de l'ONU, il a entamé son discours historique par un hommage aux victimes des massacres perpétrés par le Hamas le 7-Octobre, en exigeant la libération des otages qui sont toujours détenus dans la bande de Gaza : "Le temps est venu de libérer les 48 otages détenus par le Hamas, le temps est venu d’arrêter la guerre, les bombardements à Gaza, les massacres des populations en fuite. Le temps de la paix est venu, car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la saisir".

"La promesse de l'État arabe reste jusqu'à ce jour inachevée", a déploré le président français.

"Certains diront : trop tard. D'autres diront : trop tôt. Une chose est sûre : nous ne pouvons plus attendre", a poursuivi le président de la République.

21h22 heure française, l'annonce est tombée :

Fidèle à l'engagement historique de mon pays, pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien, je déclare que la France reconnaît l'État de Palestine.

Emmanuel Macron a ensuite ajouté que "rien ne justifie la poursuite de la guerre à Gaza. Tout commande d'y mettre un terme (...) pour sauver des vies des otages détenus dans des conditions atroces."

"Les Israéliens et les Palestiniens vivent dans une solitude jumelle"

"Une solution existe pour briser le cycle de la guerre : c'est la reconnaissance de l'Autre", a déclaré le chef de l'État.

"Cette reconnaissance ouvre le chemin de la négociation utile aux Israéliens comme aux Palestiniens", a-t-il insisté.

Selon Emmanuel Macron, une Autorité palestinienne devrait offrir à son peuple un "cadre d'expression démocratique renouvelé et sécurisé". Le président a précisé que l'ouverture d'une ambassade française ne sera suivie que par la libération de tous les otages, en insistant sur "un véritable démantèlement et désarmement du Hamas", conformément à un plan de paix porté par la France et l'Arabie saoudite.

"La France est prête à contribuer à une mission internationale de stabilisation sur le terrain", s’est-il également engagé.

"La paix est beaucoup plus exigeante, beaucoup plus difficile que toutes les guerres. Mais le temps est venu" a-t-il conclu.

Les sièges réservés à la délégation israélienne à l'ONU vides lors du discours d'Emmanuel Macron, le lundi 22 septembre 2025.
Les sièges réservés à la délégation israélienne à l'ONU vides lors du discours d'Emmanuel Macron, le lundi 22 septembre 2025. AP Photo

Celui qui a constaté dans son discours que les Israéliens et les Palestiniens vivaient "dans une solitude jumelle", a rencontré des membres des sociétés civiles palestinienne et israélienne quelques heures plus tôt, comme l'a confirmé Pieyre-Alexandre Anglade, président de la Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale.

"Ce que nous voulons, c’est un État unifié, sans armes", assure Abbas

Première concernée, l'Autorité palestinienne a salué la reconnaissance officielle par la France, qualifiant ce geste de “décision historique et courageuse”. Dans un communiqué, son ministère des Affaires étrangères a souligné que cette initiative, conforme au droit international et aux résolutions de l’ONU, renforce les efforts pour la paix et la solution à deux États.

Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, qui avait été privé de visa pour pour assister à cette conférence, a ensuite pris la parole par visioconférence.

Il a déclaré que le Hamas n'aurait aucun rôle à jouer dans le gouvernement et a demandé "un cessez-le-feu permanent", ainsi que "la libération des otages, de tous les otages et des prisonniers" et a appelé à "la reconstruction de Gaza et de la Cisjordanie".

Abbas a plaidé pour un "État unifié, sans armes, avec une loi, un droit".

Il a également annoncé des élections législatives et présidentielles "lorsque la guerre aura cessé".

Le leader de 89 ans a noté que l'Autorité palestinienne avait déjà reconnu le droit d'Israël à exister dès 1988.

Mahmoud Abbas s'est exprimé par visioconférence.
Mahmoud Abbas s'est exprimé par visioconférence. AP Photo/Yuki Iwamura

Vers la reconnaissance de la Palestine : une journée en France

Plusieurs villes tenues par la gauche ont affiché leur soutien à la décision présidentielle plus tôt dans la journée de lundi.

Près de 90 communes françaises ont fait flotter le drapeau palestinien sur le fronton de mairies, bravant l'interdiction du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, au nom des principes de neutralité du service public.

"Ce soir, le président de la République annoncera à l’ONU la reconnaissance de l’Etat de Palestine. Nantes accompagne cette décision historique de la République française en hissant, pour la journée, le drapeau palestinien", a déclaré lundi matin la maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland.

"Loin des instrumentalisations, loin des propos outranciers, notre responsabilité est de refuser le silence et de faire tout ce qui est en notre pouvoir, ici et maintenant, pour que cesse l’horreur", estime quant à elle la maire de Rennes, Nathalie Appéré.

En l'honneur "d'une date historique", le conseiller régional d'Île-de-France Yannick Trigance, a également fait hisser le drapeau palestinien sur le fronton de l'Hôtel de Ville de Saint-Denis, en présence du premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.

La mairie écologiste de Lyon – qui affichait depuis le début de l'été une banderole sur les grilles de l'Hôtel de Ville appelant à un cessez-le-feu et à la reconnaissance de l'État de Palestine – s'est également jointe au mouvement.

"C’est un geste de paix et de justice, qui s’inscrit dans la tradition lyonnaise : une ville attachée à l’humanisme, au droit, à l’autodétermination des peuples, à la lutte contre toutes les formes de haine, et qui refuse la confusion et les amalgames", a indiqué le maire de la troisième ville de France, Grégory Doucet.

Dénonçant une situation "terrible" dans les territoires palestiniens, l'édile affirme toutefois "que cette reconnaissance n’est pas un aboutissement", mais qu'elle "doit ouvrir la voie à la paix, à la justice et à la sécurité pour tous".

 Rassemblement devant la mairie de Lyon où flotte le drapeau palestinien.
Rassemblement devant la mairie de Lyon où flotte le drapeau palestinien. Euronews

Plusieurs villes françaises, comme Saint-Ouen, ont choisi de hisser à la fois les drapeaux palestinien et israélien. Ces derniers ont également été projetés ensemble dimanche soir sur la tour Eiffel, avec le drapeau de la paix.

Mettant en garde contre "les risques d'importation sur le territoire national d'un conflit international en cours" et "les troubles graves à l'ordre public identifiés localement", Bruno Retailleau avait précédemment exhorté les préfets à faire respecter un "principe de neutralité des services publics" dans leur commune.

Le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, Hugues Moutouh, avait précisé samedi que "l'État non seulement ne demande pas le pavoisement, mais demande le non-pavoisement".

Olivier Faure du PS, à l'origine de cette proposition, a pointé, dans un tweet, un manque de soutien du "socle commun" à l'égard de la décision d'Emmanuel Macron, que toutes les composantes de la gauche soutiennent.

"Sentiment étrange que les soutiens habituels du Chef de l’État sont très silencieux et qu’ils ont laissé le monopole de la parole à Bruno Retailleau, hostile à cette reconnaissance", a déclaré le socialiste.

La reconnaissance d'un État palestinien s'élargit

À l'instar de la France, la Belgique, Andorre, le Luxembourg, Malte et Saint-Marin ont officialisé la reconnaissance de la Palestine ce lundi, tandis que le Portugal, le Royaume-Uni, l'Australie et le Canada l'ont fait dimanche.

Sur les 193 membres de l'ONU, une quarantaine seulement ne reconnaissent pas l'État palestinien. C'est notamment le cas des États-Unis, du Japon, de la Corée du Sud, du Cameroun, du Panama ou de la plupart des pays d'Océanie.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a fustigé ces démarches de reconnaissance et assuré que son gouvernement continuerait à chercher "la paix par la force".

Alors que Tsahal durcit son offensive étendue dans la ville de Gaza, le Hamas - dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU mais ne font pas de distinction entre civils et combattants - fait état de plus de 65 000 morts dans l'enclave palestinienne depuis le début du conflit, déclenché par les massacres du 7-Octobre en Israël.

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