Il n'y aura pas de "guerre par procuration" entre l'Égypte et l'Éthiopie sur le sol somalien, selon le président du pays, Hassan Sheikh Mohamud.
Le président somalien, Hassan Sheikh Mohamud, a déclaré qu'il ne pourrait laisser passer aucun affrontement entre les forces de maintien de la paix égyptiennes et éthiopiennes dans son pays, dans un contexte de rivalité amère entre les deux poids lourds de la région.
Les troupes égyptiennes devraient bientôt arriver dans le pays dans le cadre de la mission de maintien de la paix de l'Union africaine en Somalie (AUSSOM), qui comprend également des soldats éthiopiens.
La participation de l'Égypte à cette nouvelle mission a suscité la colère de l'Éthiopie, les deux pays étant engagés dans un différend diplomatique de longue date sur le contrôle des eaux du Nil.
Le président somalien a déclaré à la BBC qu'il n'y aurait pas de "guerre par procuration" entre l'Égypte et l'Éthiopie sur le sol somalien.
"Les armées des deux pays n'étant pas proches l'une de l'autre en Somalie, il n'y a aucun risque de conflit", a-t-il déclaré dans une interview, ajoutant que leurs troupes seraient stationnées à des centaines de kilomètres l'une de l'autre.
"Je ne vois pas pourquoi l'Égypte voudrait déranger l'Éthiopie. Je ne vois pas non plus pourquoi l'Éthiopie voudrait perturber les forces de maintien de la paix égyptiennes en Somalie", a-t-il ajouté.
Depuis 2007, le gouvernement fédéral somalien est soutenu par une mission de maintien de la paix de l'Union africaine dans sa lutte contre le groupe extrémiste islamique Al-Shabaab, qui entretient des liens avec Al-Qaïda et est à l'origine d'attentats meurtriers dans le pays.
Cette mission s'est achevée en décembre 2024 et a été remplacée cette année par l'AUSSOM.
L'offre du Caire, l'année dernière, de fournir des troupes à la mission – suite à la livraison d'armes et de munitions à la Somalie dans le cadre d'un pacte de sécurité – a déclenché une réaction brutale de la part d'Addis-Abeba, qui a eu des différends majeurs avec l'Égypte et la Somalie.
Éthiopie-Égypte-Somalie, un trio en conflit
Les tensions entre l'Éthiopie et l'Égypte concernent la construction par la première d'un barrage sur le Nil Bleu, un affluent clé du Nil. Le Caire craint qu'il ait un effet dévastateur sur l'approvisionnement en eau et l'irrigation en Égypte, à moins qu'Addis-Abeba ne prenne en compte ses besoins.
Le différend entre l'Éthiopie et la Somalie, lui, porte sur la région sécessionniste du Somaliland.
L'année dernière, l'Éthiopie a signé un protocole d'accord avec le Somaliland pour louer des terres le long de son littoral afin d'y établir une base de forces marines.
En contrepartie, l'Éthiopie deviendrait le premier pays à reconnaître officiellement l'indépendance du Somaliland. La Somalie affirme que cet accord porte atteinte à sa souveraineté et à son territoire.
Dans un contexte de tensions accrues l'année dernière, la Somalie avait déclaré que les soldats éthiopiens ne feraient pas partie de la nouvelle mission de maintien de la paix de l'Union africaine dans le pays. Toutefois, les deux pays ont ensuite conclu un accord sur la présence de soldats de la paix éthiopiens en Somalie.
Dans le cadre du nouvel accord, l'AUSSOM comptera environ 11 900 personnes, dont des soldats, des policiers et du personnel civil. L'Ouganda fournira 4 500 soldats, l'Éthiopie 2 500, Djibouti 1 520, le Kenya 1 410 et l'Égypte 1 091, selon les médias locaux.
Une guerre à laquelle Trump a mis fin ?
Le fossé entre l'Égypte et l'Éthiopie s'est retrouvé sous les feux de la rampe mardi, lorsque le président américain Donald Trump a déclaré devant l'Assemblée générale des Nations Unies qu'il s'agissait de l'une des "sept guerres interminables" auxquelles il avait mis fin en l'espace de sept mois seulement.
L'affirmation de Donald Trump – qu'il a faite à plusieurs reprises – a de nouveau fait sourciller les observateurs et analystes régionaux, qui ont souligné que l'Égypte et l'Éthiopie n'étaient pas en guerre et que leur différend diplomatique n'était toujours pas résolu.