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France : le pétrolier de la flotte fantôme russe intercepté au large de la Bretagne

La position du Pushpa, ou Boracay le 1er octobre. Capture www.marinetraffic.com
La position du Pushpa, ou Boracay le 1er octobre. Capture www.marinetraffic.com Tous droits réservés  www.marinetraffic.com
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Par Jean-Philippe Liabot
Publié le Mis à jour
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Le Boracay, connu aussi sous le nom de Pushpa, a été arraisoné par les autorités françaises, intriguées par son comportement suspect, ses changements d’identité et de pavillon, et ses possibles liens avec des opérations de drones en mer Baltique.

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Le navire de la flotte fantôme russe a été « arraisonné samedi dernier » par des militaires français qui sont montés à bord.

Le navire se trouve au large de Saint-Nazaire.

Le président Emmanuel Macron a évoqué mercredi à Copenhague, en marge du sommet européen, une « opération très importante » de la marine.

Selon lui, « les équipes d’interventions ont agi en temps et en heure. »

Le pétrolier qui a changé plusieurs fois de nom depuis son départ du port russe de Primorsk le 20 septembre dernier, est à l'arrêt dans les eaux internationales, tout près du grand parc éolien au large de la ville de Saint-Nazaire.

Que fait-il donc si près des côtes atlantiques françaises ?

Plusieurs hypothèses circulent. Certains y voient un simple mouillage technique, le navire attendant un transbordement clandestin de cargaison. D’autres estiment qu’il s’agit d’une présence intentionnelle, destinée à tester la vigilance des autorités françaises et européennes.

Selon la Marine nationale, le navire a effectué des manœuvres suspectes, évoluant en ronds dans une zone proche des eaux territoriales françaises. Son comportement, combiné à des irrégularités sur ses documents de pavillon, a conduit le parquet de Brest à ouvrir rapidement une enquête.

La parquet pourrait à terme très bien saisir ce navire dans les eaux territoriales françaises jusqu’à 12 milles (environ 20km), et ordonner à la Marine de le contraindre à s’arrêter.

Au-delà, en haute mer, le navire relève de son pavillon (ici le Bénin) et la France ne peut agir directement : elle se limite à surveiller, signaler, et demander une intervention diplomatique ou internationale.

Les actions légales incluent la saisie dès qu’il entre dans un port français ou allié et des poursuites pour violation des sanctions ou refus d’obtempérer.

Des éoliennes dans le parc offshore de Saint-Nazaire, en 2022.
Des éoliennes dans le parc offshore de Saint-Nazaire, en 2022. AP Photo

La flotte fantôme, un jeu du chat et de la souris

La « flotte fantôme » russe est le terme employé pour désigner les centaines de navires qui, depuis la mise en place des sanctions internationales liées à l'invasion de l'Ukraine, continuent de transporter du pétrole brut ou raffiné hors du cadre légal. Cette manne financière, permet principalement à la Russie de financer sa guerre.

Changements fréquents de pavillons, propriétaires opaques installés dans des paradis fiscaux, transpondeurs souvent éteints lors de transferts de cargaison en mer et zones de mouillage prolongées dans des eaux internationales afin d'éviter les ports, le mode opératoire de cette flotte planétaire est désormais bien connue. 

Ces navires, souvent vétustes, permettent à Moscou de maintenir ses exportations d’hydrocarbures vers l’Asie et l’Afrique, contournant ainsi l’embargo européen et le plafonnement des prix imposé par le G7. 

Mais leur présence près des côtes européennes inquiète à plusieurs titres : risque écologique majeur, trafic maritime perturbé, et aujourd’hui, soupçons d’activités encore plus sensibles notamment des sabotages de câbles sous marins.

Un possible lien avec les survols de drones en Europe du Nord ?

Depuis une quinzaine de jours, la Norvège, la Lituanie, mais surtout le Danemark ont signalé une série d’incidents aériens : des drones non identifiés filmés par beaucoup de témoins, ont survolé des installations sensibles, notamment des aéroports et des plateformes pétrolières avant de disparaitre. Ces incursions ont perturbé le trafic aérien, suscité l’inquiétude de l’OTAN et donné lieu à des enquêtes de sécurité nationale dont les résultats n'ont à ce jour pas été rendus publics.

Plusieurs recoupements d’itinéraires placent le Boracay / Pushpa dans les parages au moment de certains de ces survols. Le navire est ainsi soupçonné d’avoir servi de base flottante ou de relais technique pour ces drones.

Aucune preuve formelle pour l'instant, mais l’hypothèse s’inscrit dans un contexte plus large de tensions hybrides : attaques cyber, espionnage, et manœuvres d’intimidation contre les infrastructures énergétiques européennes.

La Russie a nié toute implication jusque là.

Un sommet européen consacré à ce problème

Le ministre danois des transports, Thomas Danielsen, a déclaré que la sécurité va être au centre des préoccupations lors du sommet informel européen de Copenhague qui a débuté ce mercredi.

Lors d'une réunion qui s'est déroulée le 26 septembre dernier, Andrius Kubilius, commissaire européen à la Défense a déclaré, que "La Russie met l'UE et l'OTAN à l'épreuve, et notre réponse doit être ferme, unie et immédiate. Aujourd'hui, nous avons décidé de passer des discussions à des actions concrètes".

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