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L'Autorité palestinienne demande à Israël de débloquer 4 milliards de dollars de recettes fiscales

Estephan Salameh, ministre palestinien de la Planification et de la Coopération internationale, le 21 novembre 2025
Estephan Salameh, ministre palestinien de la Planification et de la Coopération internationale, le 21 novembre 2025 Tous droits réservés  Commission européenne
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Par Amandine Hess
Publié le
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Euronews s'est entretenu avec Estephan Salameh, ministre palestinien de la Planification et de la Coopération internationale, en marge de la conférence du Groupe des donateurs pour la Palestine à Bruxelles.

L'UE a confirmé une contribution financière de 82 millions d'euros à l'Autorité palestinienne (AP) pour soutenir les efforts de stabilisation en Cisjordanie, lors de la première réunion du Groupe des donateurs pour la Palestine qui s'est tenue jeudi à Bruxelles.

"Notre objectif est de renforcer la gouvernance, de construire une économie plus résistante, de stabiliser les finances, d'améliorer les services à la population et de créer les conditions d'une future gouvernance efficace dans tous les territoires", a déclaré Dubravka Šuica, la commissaire européenne chargée de la Méditerranée.

68 % des revenus palestiniens sont retenus par Israël, affirme l'AP

Le ministre palestinien de la Planification et de la Coopération internationale, Estephan Salameh, a déclaré à Euronews que ce soutien financier renouvelé était essentiel pour maintenir l'Autorité palestinienne à flot et fournir des services de base au peuple palestinien.

Toutefois, le ministre affirme que le meilleur moyen de renforcer la situation financière de l'Autorité palestinienne serait de débloquer les 4 milliards de dollars (3,5 milliards d'euros) de recettes fiscales retenues par Israël.

En vertu des accords d'Oslo de 1993, l'État hébreu perçoit les taxes et les droits de douane imposés sur les marchandises importées dans les territoires palestiniens, et est ensuite censé transférer les fonds à l'Autorité palestinienne.

"Nous n'avons pas reçu notre argent d'Israël pendant six mois consécutifs, alors que cet argent représente 68 % des revenus palestiniens", affirme Estephan Salameh. "Aucun pays au monde ne peut fonctionner sans 68 % de ses revenus".

Les 60 délégations participant à la réunion du groupe des donateurs pour la Palestine ont également souligné la nécessité pour l'Autorité palestinienne, qui n'administre actuellement qu'une partie de la Cisjordanie, de poursuivre ses réformes fiscales, économiques, sociales, éducatives et de gouvernance.

"Nous avons ce que nous appelons la matrice de réforme entre nous et l'Union européenne. Elle s'articule autour de quatre piliers principaux et de 53 actions ou étapes", a expliqué le ministre.

"Sur les 53 étapes, nous avons atteint 21 des étapes clés, et les autres sont déjà programmées pour être mises en œuvre l'année prochaine et en 2027".

Le "Fonds pour les martyrs"

La conférence a eu lieu à un moment sensible, alors qu'Israël a affirmé que le Fonds pour les martyrs de l'Autorité palestinienne fonctionnait toujours par des voies détournées et que des fonds de l'UE avaient été utilisés pour financer ce programme, qui a officiellement pris fin en février.

Le Fonds pour les martyrs de l'Autorité palestinienne était un programme visant à apporter un soutien financier aux familles des Palestiniens blessés, tués ou emprisonnés par Israël.

Ce programme a été critiqué par l'État hébreu et les États-Unis, qui considèrent qu'il s'agit d'un mécanisme de "paiement pour la mort", qui encouragerait et récompenserait les attaques contre Israël. L'Autorité palestinienne nie ces accusations.

"Nous n'avons jamais utilisé les fonds de l'UE pour cette catégorie de notre peuple, à savoir les familles des prisonniers, des martyrs et des blessés", affirme Estephan Salameh.

"L'UE a suffisamment d'audits pour s'en rendre compte. La Palestine est le pays le plus contrôlé au monde, il n'est donc pas facile de détourner des fonds. Et nous n'avons bien sûr aucune intention de le faire".

Le ministre indique que depuis l'adoption d'une nouvelle loi, l'aide financière est désormais fournie à la population sur la base de 42 critères sociaux. Les familles des Palestiniens blessés, tués ou emprisonnés par Israël doivent également soumettre une demande et ne reçoivent une aide financière que si elles répondent à ces critères sociaux.

"Nous devons nous assurer que tous les segments de notre société sont également soutenus, car nous ne voulons pas qu'ils aient recours à la violence. Nous ne voulons pas qu'ils recourent au radicalisme. Il est important de leur montrer une voie différente, et cette voie s'accompagne d'opportunités", a-t-il ajouté.

La résolution sur le plan de paix est un "bon pas en avant", mais présente des lacunes

La conférence du Groupe des donateurs pour la Palestine a eu lieu quelques jours après l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies approuvant un plan de paix proposé par les États-Unis - auquel l'UE n'a pas contribué - et autorisant la mise en place d'une force internationale de stabilisation à Gaza.

La résolution de l'ONU approuve la supervision par le président américain Donald Trump d'une autorité de transition et prévoit une voie prochaine vers un État palestinien indépendant.

Estephan Salameh affirme que même si cette résolution est un bon pas en avant puisque la priorité est d'arrêter la guerre, elle est insuffisante sur un certain nombre de points.

"La référence à l'autodétermination, à la solution à deux États, à l'établissement de l'État palestinien est très floue. Elle n'est pas forte, elle n'est pas très visible. Elle ne contient aucun élément de responsabilité", estime-t-il.

"Elle n'est pas claire non plus en ce qui concerne les frontières, ni sur la période de transition. C'est un peu vague. Quelles lois seront donc appliquées à Gaza ? Les droits de propriété seront-ils respectés ? Qui va fournir les services de base à notre peuple : l'eau, l'électricité, les soins de santé, l'éducation ? Qui va délivrer les passeports ?".

Des Palestiniens marchent parmi les ruines des bâtiments détruits dans la ville de Gaza, le lundi 24 novembre 2025
Des Palestiniens marchent parmi les ruines des bâtiments détruits dans la ville de Gaza, le lundi 24 novembre 2025 AP Photo/Jehad Alshrafi

Pour l'instant, le cessez-le-feu reste fragile à Gaza et le Hamas refuse de désarmer. Estephan Salameh déclare que la priorité de l'Autorité palestinienne est d'arrêter la guerre dans la bande de Gaza et exhorte Israël à ouvrir les frontières pour permettre à l'aide humanitaire d'entrer dans la bande.

La popularité de l'Autorité palestinienne auprès de la population a diminué au fil des ans.

Selon un sondage réalisé le mois dernier en Cisjordanie et dans la bande de Gaza par le Palestinian Center for Policy and Survey Research (PSR), 29 % seulement des personnes interrogées se sont déclarées satisfaites des résultats obtenus par l'Autorité palestinienne pendant la guerre.

Sources additionnelles • Journaliste : Vincent Reynier

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