Euronews a rencontré l'ex vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas et l'envoyé de l'UE pour le Golfe Luigi Di Maio à l'occasion du Forum de Doha pour discuter de la guerre en Ukraine, de la compétitivité de l'UE et de l'établissement de nouveaux liens dans le Golfe.
Comme chaque année, le forum de Doha a rassemblé des responsables politiques du monde entier. Le rendez-vous visait à mettre sur le devant de la scène mondiale de nombreuses questions, notamment la paix dans le monde, alors que la guerre de la Russie contre l'Ukraine continue de faire rage et approche de sa cinquième année, et a abordé directement les violations israéliennes du cessez-le-feu en vigueur à Gaza.
Euronews s'y est entretenu avec deux personnalités politiques de l'Union européenne qui étaient présentes au Forum de Doha dimanche, l'ancien vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas et l'actuel représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio.
Margaritis Schinas a exprimé l'espoir que le nouvel élan en faveur de la paix en Ukraine, mené par le président américain Donald Trump, puisse enfin mettre un terme aux combats et à une guerre qui a tué des dizaines de milliers d'Ukrainiens et coûté aux pays européens des milliards d'euros de soutien.
"Depuis le premier jour. Nous avons financé l'Ukraine à hauteur de 2 milliards d'euros par mois. D'une certaine manière, l'Ukraine continue de se battre parce que l'Europe continue de payer ", analyse l'ancien vice-président de la Commission. "Nous avons acheté des armements pour l'Ukraine. Nous avons soutenu le pays dans des moments diplomatiques très difficiles et nous continuerons à le faire".
"Nous espérons que les discussions en cours et l'implication croissante du gouvernement américain nous permettront bientôt de parvenir à un accord, mais si ce moment arrive, ce ne sera que le début de la prochaine étape", a-t-il ajouté.
Margaritis Schinas a également évoqué les inexactitudes dans les critiques de l'administration Trump à l'égard de l'Europe. Un rapport controversé sur la stratégie de sécurité nationale des États-Unis, publié vendredi, affirme que l'Europe se dirige vers un "effacement civilisationnel" en raison de la censure et des politiques supranationales, tandis que les politiques d'immigration du bloc ont permis aux migrants de "remplacer" les Européens.
Dans le document, Washington déclare qu'il soutiendra les "partis patriotiques de même sensibilité" à travers l'Europe pour "cultiver la résistance", afin d'empêcher "certains membres de l'OTAN" — qui n'ont pas été nommés – de devenir majoritairement non-européens et de s'aliéner ainsi les partis qui favorisent l'immigration.
"Je pense que ceux qui doutent de la valeur et de l'attrait du projet européen le regretteront. L'histoire nous dit le contraire", a déclaré Margaritis Schinas.
Il a néanmoins souligné l'importance de l'alliance de l'UE avec les États-Unis : "La relation transatlantique est trop précieuse pour être mise en péril. C'est pourquoi nous expliquerons, nous nous engagerons, nous nous assurerons que nous faisons ce qu'il faut".
Euronews a également interrogé l'ancien vice-président de la Commission et Luigi Di Maio sur les projets de l'Union européenne pour rester compétitive et créer de nouveaux partenariats afin de faire progresser les perspectives et les intérêts économiques. L'un de ces partenariats émergents qui semble intéresser Bruxelles est celui avec les États du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
"Je pense que plus nous nous rendrons compte que nous devons continuer à travailler avec nos alliés historiques, mais que nous devons créer de nouveaux partenariats", déclare le représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio.
"Ensemble, le marché du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) et le marché européen représentent près de 20 % de l'économie mondiale et près de 18 % du commerce mondial. Nous avons donc un énorme potentiel", ajoute-t-il.
Son point de vue a également été partagé par Margaritis Schinas, qui a fait remarquer que dans le climat politique mondial turbulent actuel, il est important que l'UE recherche la stabilité et la sécurité, un domaine dans lequel les pays du CCG ont prouvé qu'ils étaient capables de progresser.
"Alors que le monde devient de plus en plus fou, nous avons besoin d'acteurs capables d'assurer la sécurité et la stabilité, et non de consommer. Je pense que les pays de la région ont montré qu'ils pouvaient apporter une contribution positive à cet égard, et l'Europe leur en est reconnaissante", explique Margaritis Schinas.
Luigi Di Maio a salué le nouveau partenariat conclu entre l'UE et le Qatar le mois dernier afin de stimuler les relations commerciales et de production, ajoutant qu'il ne s'agissait que du début de liens qui ne feront que s'approfondir au fil du temps.
"C'est un accord, ce n'est pas, disons, seulement un protocole d'accord, c'est quelque chose de sérieux, c'est lié au fait que nous allons encadrer et façonner un nouveau type de partenariat dans de nombreux secteurs, sur de nombreuses bases."
Le représentant spécial de l'UE pour le CCG a ajouté que le secteur de l'hydrogène pourrait constituer un domaine prometteur pour un futur partenariat entre la région et le bloc.
"Je mentionnerai probablement le secteur le plus prometteur, celui de l'hydrogène. De nombreux pays du CCG investissent dans l'hydrogène, développent des technologies, établissent des partenariats au niveau B2B (business à business) et au niveau G2G (gouvernement à gouvernement)", explique-t-il.
"Je reviens tout juste d'Oman pour le sommet sur l'hydrogène. De nombreux ports et entreprises d'Europe traitent avec Oman. Il en va de même pour l'Arabie saoudite et pour de nombreux autres pays du CCG."