Un rapport de l'Organisation internationale du Travail révèle ce mardi que le nombre de plateformes numériques a quintuplé en 10 ans. A la clé, des opportunités d'emploi, mais aussi des défis pour le droit du travail et la répartition des richesses.
Applications de covoiturage, de chauffeurs VTC, de livraisons à domicile, sites pour travailler en réseau et à distance... : les plateformes numériques ont envahi nos vies et ont transformé l’économie. Un chiffre issu du rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), publié ce mardi, montre l’étendue du phénomène : au cours de la dernière décennie, le nombre de plateformes numériques a quintuplé.
D’un côté, elles offrent, explique le rapport, "de nouvelles possibilités d’emploi, y compris pour les femmes, les personnes en situation de handicap, les jeunes" et elles "permettent aux entreprises d’accéder à une main d'oeuvre abondante et flexible."
Mais il y a aussi une face un peu plus sombre en matière de droits sociaux. "Cadences effrénées, faible salaires, écart de rémunérations selon le genre", liste l'OIT ; les conditions de travail peuvent aussi en prendre un coup.
Ces plateformes "posent d'énormes défis car elles transforment l'organisation du travail", a expliqué Guy Ryder, directeur général de l'OIT à Euronews. "Et tout ce que nous avons mis en place au fil des ans pour réglementer le travail, pour nous assurer qu'il fonctionne dans des conditions acceptables, ne s'applique pas vraiment ou pas automatiquement aux plateformes. Les travailleurs des plateformes de travail numérique sont-ils des employés ou des entrepreneurs indépendants ? C'est une question cruciale."
Fracture numérique
Les personnes travaillant pour ces plateformes ne disposent d'ailleurs pas toujours des mêmes protections sociales que des salariés classiques.
Autre problème : l’explosion des plateformes numériques a tendance à accroître la fracture numérique. "96% des investissements ont lieu en Asie, en Amérique du Nord et en Europe", souligne le rapport, qui relève que des entreprises souvent situées "dans des pays du nord sous-traitent à des pays du sud", où les travailleurs sont, en général, moins bien rémunérés.