Au-delà du PIB : pourquoi la croissance économique ne se résume pas à des chiffres

Des femmes trient des grains de café dans une plantation à Mount Gorongosa, au Mozambique, en août 2019
Des femmes trient des grains de café dans une plantation à Mount Gorongosa, au Mozambique, en août 2019 Tous droits réservés Tsvangirayi Mukwazhi/Copyright 2019 The AP. All rights reserved.
Tous droits réservés Tsvangirayi Mukwazhi/Copyright 2019 The AP. All rights reserved.
Par Greta Ruffino
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Cet article a été initialement publié en anglais

Un nouveau rapport du WEF affirme que l'image conventionnelle de la croissance du PIB est incomplète si l'on ne comprend pas mieux la nature sous-jacente de la croissance.

PUBLICITÉ

Selon une nouvelle étude, la croissance économique mondiale devrait tomber à son niveau le plus bas depuis trois décennies d'ici 2030, dans un contexte de chocs économiques et géopolitiques persistants.

La multiplication des défis mondiaux, tels que la crise climatique et l'affaiblissement du contrat social, aggravera l'impact du ralentissement économique, limitant les progrès du développement mondial, déclare le Forum économique mondial (WEF) dans un rapport publié mercredi.

Mais plutôt que de mesurer la croissance en termes d'analyse classique du PIB, le rapport examine "la nature sous-jacente et la qualité de la croissance" dans différents pays en se basant sur quatre domaines principaux : l'innovation, l'inclusion, la durabilité et la résilience.

Analyse globale

Le rapport a constaté qu'en moyenne, les économies des pays ont obtenu les meilleurs résultats en matière d'inclusivité (dans quelle mesure elles profitent à tous et créent des opportunités pour chacun) et de résilience (leur capacité à résister aux chocs et s'en remettre).

Plus précisément, les pays ont obtenu en moyenne 55,9 sur 100 pour l'inclusivité et 52,8 pour la résilience.

Néanmoins, le rapport souligne que de nombreux pays continuent de croître d'une manière qui n'est pas durable ou inclusive, en raison de difficultés à adopter l'innovation et à minimiser leur vulnérabilité aux chocs mondiaux.

Les conclusions du 'Future of Growth Report 2024'. Moyenne des pays dans le monde, sur une échelle de 0 à 100, en matière d'innovation, inclusion, durabilité et résilience
Les conclusions du 'Future of Growth Report 2024'. Moyenne des pays dans le monde, sur une échelle de 0 à 100, en matière d'innovation, inclusion, durabilité et résilienceWorld Economic Forum

Par ailleurs, le score mondial moyen en matière de durabilité, qui évalue la capacité d'une économie à rester dans les limites de l'environnement, est de 47,7 sur 100.

Les pays ont obtenu en moyenne les plus mauvais résultats en matière d'innovation (qui mesure la capacité d'une économie à s'adapter aux nouveaux développements pour améliorer la croissance à long terme), avec un score de 47,5 sur 100.

Trois pays européens obtiennent de bons résultats en matière de durabilité

Parmi les 107 économies couvertes par le rapport, aucun pays n'a obtenu une note supérieure à 80 dans l'une des quatre catégories.

Les pays à revenu élevé ont enregistré un PIB moyen de 52 475 $ (48 350 €) par habitant (à parité de pouvoir d'achat) en 2023. Entre 2018 et 2023,ils ont connu une croissance annuelle moyenne du PIB par habitant de 1,01 %.

Le modèle de croissance de ces pays tend à être marqué par des scores élevés en matière d'inclusion (68,9), d'innovation (59,4) et de résilience (61,9), selon le rapport du WEF, mais ils ont des progrès à faire en termes de durabilité (45,8).

Cette catégorie inclut l'Australie, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, l'Arabie Saoudite, la Corée du Sud, le Royaume-Uni et les États-Unis, entre autres.

Plus précisément, la Suisse (80,4), Singapour (76,4) et les États-Unis (74,1) ont obtenu les meilleurs résultats en matière d'innovation ; la Finlande (77,7) et le Canada (75,8) en matière d'inclusion ; la Suède (60,9), l'Allemagne (56,3) et le Royaume-Uni (54,0) en matière de durabilité ; et l'Australie (69,5) et le Japon (66,3) en matière de résilience.

Le WEF note que les défis communs qui empêchent une croissance plus robuste et équilibrée dans ce groupe comprennent des questions telles que la disponibilité des talents, l'accès à l'égalité des chances sur le lieu de travail, la lenteur de l'adoption des technologies vertes et le manque de possibilités de requalification et d'apprentissage tout au long de la vie.

Le rapport examine également les économies à revenu intermédiaire de la tranche inférieure dont le PIB moyen par habitant s'élève à 7 633 $ (7032 €) en 2023.

Au cours des cinq dernières années, ces économies se sont concentrées sur la résilience, surpassant les économies plus riches en matière de durabilité, mais nécessitant des améliorations en matière d'inclusion et d'innovation.

Des pays comme le Bangladesh, l'Égypte, l'Inde, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines et le Viêt Nam sont confrontés à des défis dans les domaines de la technologie, de la sécurité sociale, des énergies renouvelables et des soins de santé.

De même, les économies à faible revenu, avec une moyenne de 1 533 $ (1 412 €) par habitant en 2023, affichent une empreinte environnementale plus légère et mettent fortement l'accent sur la durabilité. Toutefois, des améliorations sont possibles en matière de résilience, d'inclusion et d'innovation.

PUBLICITÉ

Les technologies de l'information et de la communication (TIC), la connectivité, la nutrition, la réglementation environnementale et la diversification des sources d'énergie sont autant de défis à relever. Par exemple, le Rwanda excelle en matière de résilience mais doit relever des défis dans des domaines tels que les TIC et l'énergie, selon le rapport.

Quelles perspectives d'avenir ?

Selon le rapport, de nombreux pays continuent de croître selon des modalités qui ne sont ni durables ni inclusives, car ils peinent à favoriser l'innovation pour l'avenir et sont menacés par les défis mondiaux.

Si l'accent a été mis à juste titre sur la résolution des problèmes à court terme, il est désormais essentiel de se concentrer sur les horizons à moyen et long terme, selon le rapport, car il est "nécessaire de préserver les acquis et de façonner des lendemains meilleurs".

"L'avenir de la croissance doit évoluer vers un meilleur équilibre entre quantité et qualité. Un simple "retour" à la croissance du PIB n'est pas suffisant", avance Saadia Zahidi, directrice générale du WEF, dans le rapport.

"Au lieu de cela, chaque pays doit entreprendre un processus unique et complexe pour atteindre une croissance innovante, inclusive, durable et résiliente, tout en contribuant à la résilience mondiale."

PUBLICITÉ
Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

À Davos, les leaders politiques et économiques veulent "reconstruire la confiance"

Le potentiel économique de l'Afrique : quelles stratégies pour les acteurs locaux ?

De l'Inde à l'Europe : opportunités et défis de ce nouveau corridor économique