La réforme, pourtant présentée comme l'un des fers de lance de l'action gouvernementale, avait suscité la foudre des forces d'opposition. En plein entre-deux-tours, l'exécutif rétropédale. Pour donner des gages ?
C'est un renoncement qui fait écho au double revers essuyé par la majorité présidentielle lors des élections européennes du 9 juin mais plus encore à l'issue du premier tour des législatives anticipées, consécutives à la dissolution de l'Assemblée nationale.
Dimanche soir, le Premier ministre français Gabriel Attal a annoncé la suspension de la réforme de l’assurance-chômage.
Le même jour, à l'issue du scrutin, le Rassemblement national (RN), parti français d'extrême droite, et ses alliés avaient obtenu 33 % des voix, alors que la coalition de gauche, le Nouveau Front populaire, remportait 28 % des suffrages, loin devant la coalition présidentielle, qui affichait un score de 21 %.
Démentant les engagements pris un mois plus tôt, l'exécutif dit désormais tirer un trait sur le décret qui devait entériner cette réforme.
L'objectif initial, raboter la durée d'indemnisation...
La réforme proposée par le gouvernement visait à limiter l'indemnisation des demandeurs d'emploi à 15 mois maximum pour les moins de 57 ans, contre 18 mois actuellement. Elle devait aussi restreindre les critères d'éligibilité, et portait à huit mois la période de travail exigée au cours des vingt mois précédant la période de chômage, contre six mois au cours des deux dernières années actuellement.
Un dispositif qui avait aussitôt suscité les critiques, de la part du NFP comme du RN, et des syndicats, farouchement opposés à la réforme. Et dans le camp des Républicains, le sujet continuait de diviser en interne.
... Et doper la croissance
Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron est parvenu à "inverser la courbe" du nombre de demandeurs d'emploi, notamment en s'attelant au chantier de l'assurance chômage.
Mais les marges de manœuvre seront sans doute restreintes, compte tenu du niveau record du déficit public, qui a atteint 5,5 % pour 2023, dépassant l'objectif de 4,9% fixé par l'État.
Cette marche arrière de Gabriel Attal, qui intervient pendant l'entre-deux tours, illustre les atermoiements de la coalition présidentielle depuis l'échec de dimanche soir, mais aussi la tentative de laisser la porte entrouverte au dialogue - sinon au calcul- avec les forces d'opposition.