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Traité Mercosur : Carrefour pris dans un scandale de bœuf sud-américain

PHOTO DE DOSSIER - Une voiture quitte un supermarché Carrefour à Anglet, dans le sud-ouest de la France, mardi 23 janvier 2018.
PHOTO DE DOSSIER - Une voiture quitte un supermarché Carrefour à Anglet, dans le sud-ouest de la France, mardi 23 janvier 2018. Tous droits réservés  Bob Edme/Copyright 2018 The AP. All rights reserved.
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Par Indrabati Lahiri & AP avec AP
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Alexandre Bompard, directeur général de Carrefour SA, a déclaré qu'il présenterait des excuses publiques au gouvernement brésilien afin d'apaiser la controverse déclenchée par la chaîne après les déclarations qu'elle ne fournirait pas de bœuf sud-américain à ses clients français.

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Alexandre Bompard, PDG de Carrefour SA, a accepté de présenter des excuses publiques au gouvernement brésilien, espérant ainsi mettre un terme à la controverse créée par l'engagement de la chaîne de supermarchés de ne pas vendre de bœuf sud-américain en France, selon Bloomberg.

L'ambassadeur de France, Emmanuel Lenain, tenterait d'organiser une rencontre avec Carlos Favaro, le ministre brésilien de l'Agriculture, afin de présenter ces excuses. Ce dernier devrait également insister sur la qualité de la viande brésilienne au cours de cette réunion.

Par la suite, Carrefour devrait également publier une déclaration au Brésil et en France, en justifiant qu'il n'a toujours vendu en France que de la viande française.

Cette décision fait suite au soutien apporté par Carrefour aux protestations des agriculteurs français contre un accord commercial entre l'Union européenne et le bloc sud-américain Mercosur, qui a suscité de vives réactions au Brésil, notamment un refus d'approvisionner en viande bovine les magasins Carrefour au Brésil.

La semaine dernière, M. Bompard a annoncé sur les réseaux sociaux que l'entreprise française cesserait d'acheter du bœuf en provenance de tous les pays du Mercosur, qui comprennent également l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay. M. Bompard a écrit qu'il partageait les arguments des producteurs français selon lesquels le bœuf du Mercosur est un concurrent déloyal en raison des coûts de production inférieurs résultant d'exigences environnementales et sanitaires moindres.

Il a encouragé d'autres détaillants à faire de même.

Le ministère brésilien de l'Agriculture a qualifié la décision de M. Bompard de protectionniste, affirmant qu'elle avait été prise "sans aucun critère technique".

Cette décision a également suscité la colère des conditionneurs de viande brésiliens. Bien que la France ne représente qu'un pourcentage infime des exportations brésiliennes de viande bovine, les conditionneurs de viande craignent que la décision de Carrefour ne nuise à sa réputation sur d'autres marchés.

Vendredi dernier, les géants de la viande bovine JBS et Marfrig ont interrompu leurs livraisons à la vaste chaîne de supermarchés de Carrefour au Brésil, y compris au géant de l'entreposage alimentaire Atacadao. Les deux entreprises ont refusé de commenter le boycott à l'Associated Press, mais le ministre de l'agriculture, Carlos Fávaro, l'a confirmé.

"Nous soutenons la réaction des conditionneurs de viande. Si le bœuf brésilien n'est pas assez bon pour les rayons de Carrefour en France, il n'est pas assez bon non plus pour les rayons de Carrefour au Brésil", a déclaré M. Faváro au journal Folha de S.Paulo lundi.

Le groupe Carrefour au Brésil reconnaît le boycott brésilien

Le groupe Carrefour au Brésil a pris acte du boycott dans un communiqué, tout en affirmant qu'il n'y avait pas encore de pénurie de bœuf dans les magasins. Il a déclaré avoir "de l'estime et de la confiance dans le secteur agricole brésilien, avec lequel il entretient des relations et un partenariat solides".

"Malheureusement, la décision de suspendre l'approvisionnement en viande a un impact sur les clients, en particulier ceux qui comptent sur l'entreprise pour approvisionner leurs foyers en produits de qualité et responsables", indique le communiqué. "L'entreprise est en dialogue constant pour trouver des solutions qui lui permettront de reprendre l'approvisionnement en viande de ses magasins le plus rapidement possible, en respectant les engagements qu'elle a pris envers ses plus de 130 000 employés brésiliens et ses millions de clients brésiliens dans tout le pays".

Le conflit a pour toile de fond l'accord commercial UE-Mercosur, qui augmenterait les importations de produits agricoles en provenance d'Amérique du Sud dans les pays de l'UE. Les agriculteurs français craignent que cet accord n'affecte leurs moyens de subsistance. Un premier accord a été conclu en 2019, mais les négociations ont échoué depuis lors en raison de l'opposition de certains gouvernements européens.

Le secteur agroalimentaire brésilien craint également que le règlement de l'Union européenne sur la déforestation, en cours d'élaboration, interdise la vente de produits dérivés de la forêt au sein du bloc des 27 pays de l'UE si les entreprises ne peuvent pas prouver que leurs produits ne sont pas liés à la déforestation. Ce règlement s'applique au soja et au bétail, qui constituent les principales exportations agricoles du Brésil. Près de la moitié du bétail brésilien est élevé en Amazonie, où 90 % des terres déboisées depuis 1985 ont été transformées en pâturages, selon MapBiomas, un réseau à but non lucratif. La date de sa mise en œuvre reste incertaine.

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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