D'autres matières premières sensibles à la croissance économique, notamment le minerai de fer et le cuivre, ont également chuté au cours des dernières séances en raison de la détérioration des perspectives économiques.
PUBLICITÉ
Les prix du pétrole brut ont chuté pour la quatrième journée consécutive mardi, atteignant leurs niveaux les plus bas en quatre ans, alors que les craintes de récession s'intensifient face à la guerre commerciale initiée par Donald Trump.
Les droits de douane "réciproques" imposés par le président américain sont entrés en vigueur mercredi, la Chine - actuellement le plus grand importateur de pétrole au monde - s'étant vue imposer des droits d'importation à hauteur de 104 %.
Depuis l'annonce des nouveaux tarifs douaniers par Donald Trump, les contrats à terme sur le pétrole Brent ont chuté de plus de 19 %, à 60,41 $ le baril, tandis que les contrats à terme sur le pétrole West Texas Intermediate (WTI) ont plongé de 20 %, à 57,06 $ le baril, marquant tous deux leurs niveaux les plus bas depuis mars 2021.
Mardi, la Chine a promis de "se battre jusqu'au bout" après la menace de Donald Trump d'imposer des taxes supplémentaires de 50 %. Les États-Unis, quant à eux, restent déterminés à appliquer l'intégralité des 104 % de droits de douane.
L'intensification de la guerre commerciale entre les deux plus grandes économies du monde a une fois de plus déclenché une vaste liquidation des actifs à risque.
"Pour la Chine, les droits de douane pourraient considérablement freiner les exportations et la production industrielle - deux moteurs clés de la croissance - tandis que les secteurs de la technologie et des véhicules électriques pourraient être particulièrement touchés. Il est probable que la demande de pétrole diminue en conséquence", explique Dilin Wu, analyste de marché chez Pepperstone Australia, dans un courriel.
"Les droits de douane de 104 % pourraient faire remonter l'inflation américaine à 4 %, avant même que d'autres nouveaux droits de douane ne soient pris en compte. Cela augmenterait également les chances d'une récession plus profonde aux États-Unis".
Des craintes majeures de récession
La semaine dernière, huit membres clés de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) se sont mis d'accord pour accélérer le dénouement des réductions de production antérieures, ce qui ne fait qu'accentuer la pression à la baisse.
Par ailleurs, les "droits de douane secondaires" imposés par Washington aux principaux exportateurs de pétrole, tels que le Venezuela, l'Iran et la Russie, pourraient compenser une partie des hausses de production. Toutefois, les craintes de récession éclipsent largement les tensions géopolitiques à l'heure actuelle.
Dans ce contexte, l'administration américaine de l'information sur l'énergie a reporté son rapport mensuel sur les perspectives énergétiques à court terme, qui devait initialement être publié mardi. L'agence a invoqué la nécessité de "réexécuter [ses] modèles pour tenir compte des évolutions les plus récentes du marché" et a indiqué qu'elle publierait désormais le rapport jeudi.
En réponse à la détérioration des perspectives, Goldman Sachs a ramené ses prévisions de prix du Brent à 40 $ le baril d'ici la fin de l'année, ce qui représente une nouvelle baisse de 36 % par rapport aux niveaux actuels.
Toutefois, Dilin Wu précise que tout signe de désescalade dans le conflit commercial pourrait déclencher un rebond : "Les positions courtes sont déjà très tendues, le marché pourrait donc se redresser à tout signe de désescalade".
La Chine devrait également intensifier ses efforts de relance, tant sur le plan budgétaire que monétaire. Lors de sa réunion annuelle en mars, Pékin a réaffirmé un objectif de croissance du PIB de 5 % pour 2025 et a annoncé de nouvelles mesures de relance dans un contexte d'escalade des menaces tarifaires de la part des États-Unis.
Le gouvernement chinois a également relevé son objectif de déficit budgétaire à 4 % du PIB, soit le niveau le plus élevé depuis trois décennies. Les analystes s'attendent à ce que de nouvelles mesures de soutien soient annoncées prochainement, notamment en réponse à la guerre commerciale.
Les matières premières sensibles s'effondrent, affectant les valeurs minières
En plus du pétrole, d'autres matières premières sensibles à la croissance ont connu de fortes baisses au cours des dernières séances, en raison de l'affaiblissement des attentes en matière de demande dans le contexte d'une guerre commerciale totale.
Les contrats à terme sur le cuivre au Comex ont chuté de 19 % depuis le 3 avril pour atteindre 4,07 $ la livre, soit le niveau le plus bas depuis janvier. Les contrats à terme sur le minerai de fer (62 % Fe Fines CFR China) sur le SGX ont baissé de 7 % au cours de la même période pour atteindre un niveau plancher jamais vu depuis septembre 2024.
Même les métaux précieux n'ont pas été épargnés, l'or au comptant ayant baissé de 6 % et l'argent de 13 % depuis mercredi dernier, les investisseurs ayant vendu leurs avoirs pour couvrir les pertes subies par les actifs à risque.
La baisse des métaux industriels et des minerais essentiels a affecté les actions minières dans le monde entier. En Australie, le groupe BHP - le plus grand mineur au monde - a vu ses actions chuter de 11 % au cours des quatre dernières séances pour atteindre leur plus bas niveau depuis octobre 2020, tandis que les actions de Rio Tinto ont baissé de 9 % pour atteindre leur plus bas niveau en sept mois.
"Ce qui est regrettable, c'est que si la Chine éternue, l'Australie risque d'attraper un rhume", déclare Josh Gilbert, analyste de marché chez eToro Australie.
En Europe, le géant minier suisse Glencore a vu ses actions plonger de 16 % pour atteindre leur plus bas niveau depuis décembre 2020, tandis que la société britannique Anglo American PLC a perdu 14 % pour atteindre son plus bas niveau en un an au cours de la même période.