Zürich se joue du destin avec "La Forza del Destino" de Verdi

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Par Katharina RabillonStéphanie Lafourcatère
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Intrigue déconcertante à l'intensité cauchemardesque, "La Force du Destin" de Verdi est à redécouvrir à l'Opéra de Zürich, dans une mise en scène sophistiquée imaginée son directeur général Andreas Homoki. La direction musicale est assurée par Fabio Luisi.

"La Forza del Destino" est une fresque immense où le destin déploie sa puissance. L'Opéra de Zürich a choisi de briser la malédiction qui dit-on, entoure ce chef-d'œuvre de Verdi depuis sa première en 1862 en confiant à son directeur général Andreas Homoki, la mission de créer une nouvelle version de ce drame épique.

Le directeur musical Fabio Luisi sert de guide dans cette partition au pouvoir galvanisant. "Il faut aborder cet opéra avec respect," estime le chef d'orchestre italien, "parce que c'est un chef-d'œuvre très important, difficile et imposant. Il a cette couleur de la tragédie, mais il comporte aussi des passages grotesques... Et réussir à harmoniser tout cela, c'est peut-être le plus grand défi," reconnaît-il.

La guerre sert de toile de fond à un conflit familial dont l'issue sera fatale. La mécanique inéluctable du destin est lancée quand l'amant de Leonora tue accidentellement le père de la jeune femme.

"Les personnages sont utilisés comme des jouets"

"Quand on se confronte à Verdi," estime Andreas Homoki, "on réalise qu'il s'intéresse plus à l'intériorité des personnages qu'à la surface de l'intrigue et c'est notamment le cas dans cet opéra."

"C'est une conception du monde dans laquelle on est livré à nous-mêmes," renchérit-il. "Nous avons créé un espace qui ressemble à une sorte de labyrinthe ou de boîte où les personnages sont utilisés comme des jouets," explique le directeur général de l'Opernhaus de Zürich.

La mise en scène abstraite et sophistiquée est centrée sur les personnages victimes du sort.

"Il y a ce cube au milieu, on peut en faire le tour, mais on peut aussi en sortir sur chaque côté, mais il amène toujours les personnages à se retrouver," nous montre Andreas Homoki avant d'ajouter : "En fait, c'est comme si la scène était un kaléidoscope et avait quelque chose de magique."

Hibla Gerzmava : "C'est un départ vers l'au-delà, [Leonora] est prête"

Moment magique par excellence : l'aria de Leonora "Pace, pace mio dio", une prière pour la paix magnifiquement interprétée par la soprano russe Hibla Gerzmava.

"C'est un aria plein de puissance," estime-t-elle. "L'âme s'ouvre totalement, c'est clairement une femme qui attend pendant de nombreuses années : c'est ce qui lui donne sa force et d'ailleurs, Leonora la révèle dans cet aria Pace, pace," fait-elle remarquer.

"Le final est puissant, très intime : c'est ce qui explique qu'il soit si fort," poursuit le chef d'orchestre Fabio Luisi. "C'est un trio rempli de calme, mais aussi d'espoir," souligne-t-il.

"C'est un départ vers l'au-delà, elle est prête," affirme Hibla Gerzmava. "Je crois qu'elle voit le paradis devant elle parce que maintenant, elle est vraiment libre," conclut la soprano.

De nouvelles représentations de "La Forza del Destino" sont prévues à Zürich les 17, 20 et 28 juin.

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