Le "Parrain" Coppola reçoit le Prix Lumière 2019 à Lyon, le "Nobel du cinéma"

Le "Parrain" Coppola va recevoir à Lyon  le Prix Lumière 2019, le "Nobel du cinéma"
Le "Parrain" Coppola va recevoir à Lyon le Prix Lumière 2019, le "Nobel du cinéma" Tous droits réservés Frédéric Ponsard / Euronews
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Par Frédéric Ponsard
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Le "Parrain" Coppola reçoit le 18 octobre le Prix Lumière 2019, l'équivalent du Prix Nobel pour le cinéma, à Lyon. A 80 ans, c'est une consécration pour l'auteur d'Apocalypse Now et de Dracula.

Il y a un Prix Nobel pour la littérature, un Prix Pritzker pour l'architecture, et pourquoi le Prix Lumière n’en serait-il pas le pendant pour le cinéma ? C'est ce qu'il est en train de devenir en récompensant chaque automne un (très) grand nom du cinéma : cette année, c'est le « Parrain » Francis Ford Coppola...

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Thierry Frémaux avait eu, avant même de devenir délégué général du Festival de Cannes au début des années 2000, l'idée d'un Prix Lumière à Lyon. Remettre à une personnalité qui a marqué l'histoire du cinéma, un prix, sur les lieux même de la naissance du cinéma, et du nom de leurs inventeurs. En 2009, pour sa première édition, il frappe un grand coup en faisant venir entre Rhône et Saône un monstre du cinéma américain, Clint Eastwood. Un immense acteur, mais aussi un immense réalisateur qui inaugure en beauté la liste des récipiendaires du Prix Lumière...

Autour de cette remise de trophée, Frémaux a imaginé un festival qui n'a pas son équivalent dans le monde, et qui mettra quelques années avant de s'imposer et d’être vraiment compris pour ce qu’il est : un festival qui revisite l'histoire du cinéma de manière aléatoire et transversale, savante et ludique, en proposant chaque année une série de cycles, de rétrospectives, de copies restaurées, de projections exceptionnelles, de rencontres, de master-classes, d’hommages, d’invitations... bref, une foison de pépites cinématographiques et de moments d'anthologie entre le public et les invités du monde du cinéma. Le Festival Lumière a trouvé son rythme de croisière, grossit d'année en année en terme de projections et d'affluence (tous les cinémas ou presque de la région sont associés à l'événement), et auquel est même adossé depuis 6 ans un Marché international du Film Classique dédié aux professionnels. Le Festival Lumière est devenu une référence sur la planète cinéma.

Pour le Prix Lumière, après Clint Eastwood, mais aussi (dans le désordre) Pedro Almodóvar, Ken Loach, Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Miloš Forman, Martin Scorsese, Quentin Tarantino, Wong Kar-Wai ou encore Jane Fonda, c'est donc le grand Francis Ford Coppola qui ajoutera son nom à la liste.

Le père du Parrain, ou plutôt des Parrains, l'homme aux cinq oscars et aux deux Palmes d'or (Apocapypse Now et Conversation secrète), démiurge qui monta ses propres studios loin d'Hollywood (Zoetrope Studios) en compagnie d'un certain... George Lucas à la fin des années 60, est aussi un passionné d'images et de caméras, et, bien sûr, un papa heureux qui a une descendance brillante en la personne de Sofia Coppola (Virgin Suicides, Marie-Antoinette, Lost in Translation...) dont il a produit tous les films.

C'est un géant, qui a peu tourné ces derniers temps, mais qui a marqué de manière indélébile l'histoire du cinéma. Les plus cinéphiles retiendront de lui des films à la limite de l'expérimentation comme le sublime Rumble Fish (Rusty James) avec deux des plus gueules du cinéma de la fin du siècle dernier, Matt Dillon et Mickey Rourke, Dracula, superbe adaptation gothique de l’oeuvre de Bram Stoker, et bien sûr Apocalypse Now (c'est la version définitive dite "Director's cut" qui sera présenté en clôture de la semaine), un film "Bigger than Life" qui failli l'engloutir lui-même au coeur de la jungle asiatique. L'adaptation d'un classique de la littérature : Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad, qu'il déplace de l'Afrique coloniale de 1914 au Vietnam insurgé de 1975, en y embarquant un monstre du cinéma : Marlon Brando. Dans le formidable documentaire Heart of Darkness, sa femme Eleanor a filmé et suivi le tournage aux Philippines qui dura 18 mois et où le réalisateur comme son équipe ont frôlé la mort et la folie. "My film is not about Vietnam. It is Vietnam" dira -t-il lui-même un peu plus tard. 40 ans après, son film n'a pas prix une ride et reste l'un des chefs d'oeuvre absolu du cinéma, cité d'un quasiment tous les classements un peu sérieux des meilleurs films de tous les temps...

Autour du Prix Lumière, pendant 8 jours (du 12 au 20 octobre), Lyon est l’épicentre du Festival Lumière où se côtoieront de grands invités dont le réalisateur britannique Ken Loach et les acteurs Donald Sutherland, Frances McDormand, ou encore Daniel Auteuil pour des rencontres avec le public et des master classes. Bong Joon Ho, qui vient de recevoir la Palme d’or pour Parasite sera aussi de la partie, l’occasion de redécouvrir plusieurs de ses oeuvres majeures, dont Memories of Murder ou Mother et son tout premier film inédit en France, Barking Dog. Un hommage sera rendue aussi à Marina Vlady et à André Cayatte -n’oublions pas le talent conjugué de Bertrand Tavernier, Président de l’Institut Lumière, et de Thierry Frémaux pour ne pas laisser dans l’oubli les innombrables grands talents du cinéma français- et, dans ce même esprit de revisiter l’histoire du cinéma, le festival Lumière proposera un cycle qui s’annonce extraordinaire sur le « Forbidden Hollywood : les années Warner » avec ses films du début des années 30 qui échappèrent à la censure du fameux code Hays, et qui restent marqués encore aujourd’hui d’une stupéfiante liberté de ton. A noter aussi, une "Nuit des morts vivants", où les zombies, on le sait désormais, ne meurent jamais…

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