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Ildar Abdrazakov, le chanteur russe proche de Poutine, ne se produira plus à Vérone

Le président russe Vladimir Poutine remet un prix au chanteur basse russe Ildar Abdrazakov lors d'une cérémonie de remise des prix nationaux, à Moscou, en Russie, le 12.06.24
Le président russe Vladimir Poutine remet un prix au chanteur basse russe Ildar Abdrazakov lors d'une cérémonie de remise des prix nationaux, à Moscou, en Russie, le 12.06.24 Tous droits réservés  Maxim Blinov/Sputnik
Tous droits réservés Maxim Blinov/Sputnik
Par Serge Duchêne
Publié le
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« Nous avons une fois de plus remporté une victoire sur Poutine et la propagande du Kremlin », s'est félicitée la vice-présidente du Parlement européen, l'Italienne Pina Picerno. L'annulation fait suite à une mesure semblable, à Caserte, envers un autre musicien proche de Poutine, Valery Gergiev.

Si certaines portes s'ouvrent - ainsi, la célèbre cantatrice Anna Netrebko qui a assuré regretter son soutien aux séparatistes de Donetsk et sa proximité avec le locataire du Kremlin, s'est vu offrir des engagements à Naples et à Zurich - il y en a d'autres qui se ferment bel et bien devant les soutiens tacites (ou pas) de l'agression russe en Ukraine.

Le chanteur d'opéra russe Ildar Abdrazakov ne se produira pas au Teatro Filarmonico de Vérone, en Italie, où il devait monter sur scène dans "Don Giovanni" en janvier 2026.

La Fondation Arena de Vérone, qui organise les représentations d'opéra, a sèchement annoncé jeudi dans un bref communiqué qu'elle avait retiré Abdrazakov de la programmation.

C'est notamment l'association Liberi Oltre le Illusioni qui avait déjà œuvré à l'annulation du concert de Valery Gergiev en Italie, qui s'est opposée à sa venue, en accusant Abdrazakov d'avoir « soutenu la liste de Poutine lors des élections présidentielles russes » et de « tenter de remonter sur la scène italienne après l'annulation de son concert au San Carlo de Naples en janvier dernier ».

Il s'agit d'une organisation nationale engagée, entre autres, dans des « campagnes d'information » et dont le comité scientifique compte des professeurs d'université et des économistes.

« Une fois de plus, nous avons vaincu Poutine et la propagande du Kremlin », a écrit la vice-présidente du Parlement européen Pina Picerno, sur le réseau social X le 6 novembre. Elle a remercié la Fondation anticorruption et Ioulia Navalnaïa pour leur soutien.

C'est justement la Fondation anticorruption (FBK) russe qui a lancé la campagne contre la performance d'Abdrazakov à Vérone, et, après la décision des organisateurs, l'organisation du feu Alexei Navalny a commenté sur une page spéciale consacrée à cette campagne : « Victoire ! Le concert du complice et confident de Poutine, Ildar Abdrazakov, a été annulé ! Ensemble, nous avons fait en sorte qu'il n'y ait plus de place pour le propagandiste de Poutine sur la scène italienne. »

Comme le rappelle Meduza, en 2024, le baryton-basse Ildar Abdrazakov est devenu "le conseiller de confiance" de Vladimir Poutine durant la campagne présidentielle. Pour cela, il fut par la suite nommé membre du Conseil présidentiel russe pour la culture et les arts.

Il dirige désormais l'Opéra et le Ballet d'État de Sébastopol, en Crimée illégalement annexée et occupée par la Russie.

Avant la guerre menée par la Russie en Ukraine, Abdrazakov, âgé de 49 ans, s'est produit dans les plus grandes salles de concert du monde, notamment à Covent Garden à Londres et au Metropolitan Opera de New York.

Suite à son soutien à Poutine, Abdrazakov aurait été banni des principales scènes des États-Unis, de Paris, de Zurich et de Vienne.

Son contrat avec le Teatro di San Carlo de Naples a également été résilié en janvier 2025 - le même San Carlo, en l'occurrence, qui a récemment engagé Netrebko.

De gauche à droite, le baryton Luca Salsi, la basse Ildar Abdrazakov, la soprano russe Anna Netrebko et le metteur en scène Davide Livermore à la Scala de Milan, le 29.11.2021
De gauche à droite, le baryton Luca Salsi, la basse Ildar Abdrazakov, la soprano russe Anna Netrebko et le metteur en scène Davide Livermore à la Scala de Milan, le 29.11.2021 Luca Bruno/Copyright 2021 The AP. All rights reserved

Le ministre italien de la Culture, Alessandro Giuli, a publié une déclaration soutenant l'annulation du spectacle d'Abdrazakov, soulignant qu'il ne s'agissait pas seulement d'une question de sécurité, mais aussi de rejet de la propagande.

« J’approuve la décision du Théâtre philharmonique de Vérone d’annuler le spectacle d’Ildar Abdrazakov », a-t-il déclaré. « Il ne s’agit pas avant tout d’une question de sécurité, aussi importante soit-elle : les arts, et plus généralement la culture russe, comme toute autre, sont toujours les bienvenus en Italie lorsqu’ils servent de vecteur de dialogue et de paix entre les peuples. »

« Ce n’est toutefois pas le cas lorsqu’ils deviennent un outil de propagande au service d’un pouvoir despotique qui ne peut et ne doit pas avoir droit à la citoyenneté dans le monde libre », a-t-il précisé.

Donc, plus souvent que non, la proximité à la tête de la campagne meurtrière russe en Ukraine s'avère néfaste pour tout artiste.

Ainsi, le célèbre chef d'orchestre russe Valery Gergiev, un des plus vocaux soutiens de Vladimir Poutine, s'est vu refuser le droit de se produire le 27 juillet dernier dans le cadre du festival Un'Estate da Re (Un été de roi), organisé dans la cour du complexe Vanvitellian du Palais de Caserte.

De même, l'orchestre d'État d'Athènes a annoncé l'annulation du concert du célèbre pianiste russe Denis Matsouïev le 21 novembre. Ce natif cinquantenaire d'Irkoutsk (Sibérie) est connu pour ses relations amicales avec le président russe.

Et le chef d'orchestre allemand Justus Frantz fera-t-il aussi partie de ses indésirables en Occident ? Le chef d'orchestre vedette allemand a récemment été décoré par le Kremlin d'un Ordre de l'Amitié, s'étant rendu personnellement en Russie pour la remise de l'ordre, malgré les sanctions occidentales. Justus Frantz a qualifié cela de "grand honneur d'être ici aujourd'hui et de recevoir une décoration aussi importante".

Sources additionnelles • Meduza, Reuters, Corriere del Veneto

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