La pollution atmosphérique est plus mortelle que le tabagisme selon une nouvelle étude

L'horizon de New York alors que la fumée des incendies de forêt au Canada provoque un épisode de pollution atmosphérique, le 7 juin 2023.
L'horizon de New York alors que la fumée des incendies de forêt au Canada provoque un épisode de pollution atmosphérique, le 7 juin 2023. Tous droits réservés ANGELA WEISS / AFP
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Par Gael Camba
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Cet article a été initialement publié en anglais

La pollution de l'air est la plus grande menace pour la santé mondiale, plus mortelle que le tabagisme, l'alcool ou même la malnutrition infantile.

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Plus dangereuse que le tabac ou l'alcool, la pollution de l'air est massive dans certaines régions du monde, notamment en Asie et en Afrique, selon une étude publiée ce mardi.

"La pollution de l'air par les particules reste le plus grand risque externe pour la santé humaine dans le monde", indique le rapport publié par l'Energy Policy Institute de l'Université de Chicago (EPIC). Malgré cela, les fonds alloués à la lutte contre la pollution de l'air ne représentent qu'une infime partie de ceux consacrés aux maladies infectieuses, par exemple.

Les particules fines proviennent des incendies, de l'activité industrielle et des véhicules motorisés. Elles sont cancérigènes et augmentent le risque de maladies pulmonaires, de maladies cardiaques et d'AVC.

Selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 36 % des cancers du poumon sont liés à ces émissions, de même que 34 % des accidents vasculaires cérébraux et 27 % des maladies cardiaques.

Le respect du seuil d'exposition aux particules fines fixé par l'OMS augmenterait l'espérance de vie mondiale de 2,3 ans, estime l'EPIC, sur la base de données collectées en 2021.

L'Europe de l'Est plus exposée à la pollution atmosphérique que ses voisins occidentaux

"98,4 % de l'Europe ne respecte toujours pas les nouvelles lignes directrices de l'OMS de 5 μg/m3", indique le rapport.

De manière générale, la qualité de l'air s'est améliorée au cours des dernières décennies en Europe. Mais tous ces efforts sont menacés, entre autres, par le nombre croissant d'incendies de forêt dans le monde - causés par la hausse des températures et les sécheresses plus fréquentes, liées au changement climatique - qui provoquent des pics de pollution atmosphérique.

Mais la situation varie en Europe : "Les habitants d'Europe de l'Est vivent 7,2 mois de moins que leurs voisins de l'Ouest en raison de l'air plus pollué", affirment les scientifiques de l'EPIC.

Carte réalisée par l'Index de Qualité de l'Air (AQLI) de l'Institut de politique énergétique de l'université de Chicago.
Gain potentiel d'espérance de vie résultant d'une réduction permanente de la concentration de PM2.5 à partir de 2021, conformément au seuil de l'OMS.Carte réalisée par l'Index de Qualité de l'Air (AQLI) de l'Institut de politique énergétique de l'université de Chicago.

La vallée du Pô, dans le nord de l'Italie, est un exemple de zone très polluée. L'espérance de vie des habitants pourrait être améliorée de 1,6 année si les niveaux de pollution respectaient les directives de l'OMS.

La Bosnie-et-Herzégovine reste le pays le plus pollué d'Europe, où les habitants perdent 1,8 année de vie.

Six pays subissent les trois quarts de l'impact de la pollution atmosphérique dans le monde.

Le Bangladesh, l'Inde, le Pakistan, la Chine, le Nigeria et l'Indonésie sont les pays les plus touchés. Leurs habitants "perdent de une à plus de six années de vie à cause de l'air qu'ils respirent", explique le rapport.

New Delhi reste la mégapole la plus polluée au monde avec un taux moyen annuel de particules fines qui dépasse les 126,5 μg/m3. L'OMS recommande de maintenir la qualité de l'air en dessous de 5 μg/m3.

La Chine, quant à elle, s'efforce d'améliorer la qualité de l'air. Elle a abaissé la pollution moyenne de 42,3 % entre 2013 et 2021. "Le citoyen chinois moyen peut espérer vivre 2,2 ans de plus, à condition que les réductions soient maintenues. Cependant, la pollution en Chine est encore six fois plus élevée que la ligne directrice de l'OMS", indique le rapport de l'EPIC.

Peu de mesures internationales pour lutter contre la pollution atmosphérique

Selon les scientifiques de l'EPIC, ce qui n'arrange pas les choses, c'est que de nombreux pays pollués ne disposent pas d'infrastructures de base pour lutter contre la pollution de l'air.

L'Asie et l'Afrique "contribuent à la perte de 92,7 % des années de vie à cause de la pollution, mais seulement 6,8 et 3,7 % des gouvernements d'Asie et d'Afrique, respectivement, fournissent à leurs citoyens des données en libre accès sur la qualité de l'air".

Alors que le Fonds mondial consacre 3,7 milliards d'euros à la lutte contre le VIH, la tuberculose ou le paludisme, il n'existe aucun plan international de ce type pour lutter contre la pollution atmosphérique. Pourtant, la pollution atmosphérique est plus meurtrière pour les habitants de la République démocratique du Congo ou du Cameroun que le VIH, le paludisme ou d'autres maladies.

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