Vous ne savez pas ce que vous pouvez faire pour lutter contre la crise climatique ? L'action communautaire est essentielle, selon le projet Majorité climatique.
PUBLICITÉ"Lorsque les gens me demandent ce que je peux faire en tant qu'individu pour le climat, je leur réponds : 'Ne soyez pas un individu, travaillez avec d'autres'", déclare Rupert Read, codirecteur du projet "Majorité climatique".
Les statistiques montrent que la grande majorité des Européens se préoccupe de la crise climatique : plus de la moitié des électeurs européens estiment qu'il s'agit d'une priorité, tandis que 16 % seulement considèrent cette question comme secondaire, selon un sondage Euronews-Ipsos réalisé avant les élections européennes de cette année.
Le problème, c'est que la plupart d'entre nous ne sait pas vraiment quoi faire.
Après des décennies d'engagement en faveur de l'action climatique - auprès des activistes du mouvement Extinction Rebellion ou en tant que conseiller pour le Parti vert d'Angleterre et du Pays de Galles - Rupert Read s'est donné pour mission de mobiliser les masses silencieuses : "C'est un peu comme un effort de guerre, cela concerne tout le monde", dit-il.
Comment pouvons-nous lutter ensemble contre la crise climatique ?
"Parfois, les gens sont découragés parce qu'ils pensent qu'ils ne sont pas assez engagés. Pourtant, il n'est pas nécessaire d'organiser des manifestations pour le climat ou d'arrêter de prendre l'avion pour avoir un impact", explique Rupert Read.
Les actions individuelles ne sont "qu'une petite pièce du puzzle, ce que nous faisons ensemble est bien plus important".
Qu'il s'agisse de surveiller les risques d'inondation avec ses voisins, de participer à des actions de ré-ensauvagement avec ses amis ou de tirer parti de ses compétences professionnelles et de son réseau, l'action collective a le pouvoir de faire bouger les choses, selon le codirecteur de Majorité climatique.
"Lorsqu'il y a suffisamment de choses qui s'additionnent, l'idée est de provoquer des changements au niveau national et international", explique-t-il.
Selon Rupert Read, c'est aux gouvernements qu'il incombe de nous aider à faire des choix plus écologiques, par exemple en encourageant les modes de transport verts et en décourageant les voyages en avion.
Mais pour cela, la majorité silencieuse doit trouver sa voix.
"Nous voulons créer un avenir dans lequel les gouvernements s'efforceront de faire ce qu'il faut, dans lequel les politiciens adopteront les politiques les plus fortes en matière de climat et de nature", déclare Rupert Read.
"Il n'y aura pas d'avancée dans ce domaine sans la majorité des gens. Nous devons le faire ensemble. Et pour cela, il faut absolument faire pression collectivement sur les gouvernements pour qu'ils fassent ce qu'il faut".
En attendant, l'action communautaire en faveur du climat apporte ses propres avantages.
"Lorsque vous construisez une communauté ensemble, lorsque vous vous préparez aux catastrophes ensemble, lorsque vous cultivez de la nourriture ensemble, lorsque vous créez plus de résilience locale, alors vous créez une vie meilleure", affirme Rupert Read.
Les entreprises devraient faire pression en faveur d'une réglementation climatique
Les chefs d'entreprise ont également un rôle clé à jouer, car ils exercent un pouvoir immense sur les gouvernements, notamment par l'intermédiaire des associations professionnelles et du lobbying.
PUBLICITÉ"Jusqu'à présent, les intérêts commerciaux et financiers ont eu tendance à freiner les bonnes actions. Ils ont cherché des failles dans la réglementation, ils ont imploré : 'Ne nous imposez pas un fardeau trop lourd'", affirme Rupert Read.
"Cependant, beaucoup commencent à se rendre compte qu'il n'y a pas de profits à faire sur une planète mourante".
Cette prise de conscience a conduit à un essor de l'établissement de normes environnementales, de la divulgation et de la responsabilité - mais, une fois encore, les actions individuelles ne suffisent pas, selon le codirecteur de Majorité climatique.
Il imagine un avenir dans lequel les entreprises utiliseraient leur pouvoir collectif pour faire le bien : "Plutôt que de faire du lobbying pour réduire les impôts et les échappatoires fiscales, imaginez que les entreprises demandent ensemble aux gouvernements de les réglementer en matière de climat et de nature. Cela changerait vraiment la donne".
PUBLICITÉCela empêcherait les "bons acteurs" qui respectent des normes environnementales plus strictes d'être lésés par les "mauvais acteurs" - c'est le message clé de la campagne "Mieux nous réglementer" du projet Majorité climatique.
Cela créerait également de nouvelles opportunités pour les chefs d'entreprise.
"Il y a beaucoup de gagnants et de bénéfices à la clé", déclare Rupert Read. "Les emplois dans le domaine de la rénovation, des transports publics, de l'énergie verte, par exemple, sont autant d'opportunités massives qui nécessitent des investissements, qui seront rentables à long terme", ajoute-t-il, en rappelant les bénéfices économiques générés aux États-Unis par la loi de Joe Biden sur la réduction de l'inflation.
Est-il trop tard pour éviter les pires effets du changement climatique ?
Avant tout, il est indispensable d'être honnête sur la situation dans laquelle nous nous trouvons en ce qui concerne l'urgence climatique et naturelle, affirme Rupert Read.
PUBLICITÉQu'elles soient bien intentionnées ou qu'elles aient des intentions cachées, "de nombreuses personnes influentes, y compris des politiciens et des hommes d'affaires ont insisté sur le fait que nous pouvons, devons et allons rester en dessous du seuil de 1,5 °C de réchauffement, alors même que nous commençons déjà à dépasser cette limite", ajoute-t-il.
"Et cela ne sert à rien, car c'est un déni de la réalité. C'est le genre de choses pour lesquelles nous avions l'habitude de fustiger les négationnistes du climat".
Signé par les nations du monde entier en 2015, l'Accord de Paris de l'ONU vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels - un seuil considéré comme la zone de sécurité pour prévenir les pires effets du changement climatique.
Mais, en juin 2024, les températures mondiales ont dépassé ce seuil pour le 12ème mois consécutif, ce qui fait craindre que cet objectif ne soit plus tenable à long terme.
PUBLICITÉ*"L'abandon douloureux de cette cible est très difficile, mais les émotions ont un pouvoir que nous devrions exploiter : le pouvoir du chagrin, le pouvoir de la peur, le pouvoir de la colère, le pouvoir des cauchemars"*****, affirme Rupert Read.
Faire face à cette réalité, dit-il, pourrait nous inciter à nous préparer sérieusement à ce qui nous attend par l'adaptation stratégique, le renforcement de la résilience et l'apport de ressources aux personnes les plus touchées dans les pays du Sud, y compris le financement des pertes et des dégâts.
Le projet Majorité climatique fournit des fonds et de l'expertise pour les initiatives citoyennes d'action climatique. Rendez-vous sur leur site web pour obtenir des conseils sur la manière d'agir et pour connaître les prochains rassemblements sur l'adaptation et la résilience climatiques.