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"S'adapter, ce n'est pas renoncer" : comment la France se prépare au réchauffement de 4°C d'ici 2100

Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition écologique, quittant le palais de l'Élysée à Paris en décembre 2022.
Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition écologique, quittant le palais de l'Élysée à Paris en décembre 2022. Tous droits réservés  AP Photo/Francois Mori
Tous droits réservés AP Photo/Francois Mori
Par Euronews Green
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Une assurance abordable dans les zones à haut risque, des logements à l'épreuve de la canicule et des horaires de travail différents figurent parmi les dizaines de nouvelles mesures.

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La France se prépare à un avenir où le réchauffement de la planète atteindra 4 °C de plus que les niveaux préindustriels, ce qui provoquera davantage d'incendies de forêt et l'érosion de ses côtes.

Le gouvernement a dévoilé cette semaine son troisième plan national d'adaptation au climat, qui présente des dizaines de mesures visant à protéger les citoyens dans un scénario possible de réchauffement de 4 °C d'ici à 2100.

Présenté pour la première fois par l'ancien Premier ministre Michel Barnier en octobre de l'année dernière, ce plan a reçu près de 6 000 contributions lors d'une consultation publique et a été élaboré en collaboration avec des scientifiques et d'autres experts.

"S'adapter, ce n'est pas renoncer", a déclaré Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition écologique, de la biodiversité, des forêts, de la mer et de la pêche, lors de l'annonce du plan, sur le site de médias sociaux X.

"La politique du gouvernement repose sur deux jambes : d'une part, elle continue à réduire les émissions de gaz à effet de serre, d'autre part, elle s'adapte aux effets du changement climatique".

La France vise à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, ayant déjà vu ses émissions diminuer de 20 % depuis 2017, selon Mme Pannier-Runacher. Mais même si la neutralité carbone est atteinte au milieu du siècle, les scientifiques prévoient toujours que les températures dans le pays augmenteront d'au moins 4 °C d'ici 2100 en raison des effets continus de la combustion des combustibles fossiles.

Quel est le plan d'adaptation climatique de la France ?

Le nouveau plan se concentre sur quatre domaines prioritaires, en termes géographiques : les côtes, les montagnes, les forêts et l'agriculture.

Mme Pannier-Runacher s'est rendue à Saint-Hilaire-de-Riez, en Vendée, vendredi 7 mars, où elle a pu constater le recul du trait de côte, rapporte Le Monde.

"Il y a une attente très forte des élus locaux, notamment des communes littorales, de montagne ou forestières, mais aussi des professionnels de santé ou des résidents des Ehpad, qui subissent déjà les effets du réchauffement", a-t-elle déclaré au journal français.

Le paquet est conçu pour aider tous les secteurs - des entreprises aux transports, en passant par les infrastructures et l'agriculture - à s'adapter progressivement aux conséquences du changement climatique.

Il trace une trajectoire d'adaptation au climat (TRACC) basée sur les projections de l'agence météorologique nationale Météo-France. De manière progressive, elle prépare le pays à des augmentations de température de 2C d'ici 2030, 2,7C d'ici 2050 et 4C d'ici 2100 par rapport aux niveaux préindustriels.

Des pompiers s'attaquent à un feu de forêt près du Luc, dans le sud de la France, le 20 août 2021, alors que plusieurs feux de forêt balayent la région méditerranéenne.
Des pompiers s'attaquent à un feu de forêt près du Luc, dans le sud de la France, le 20 août 2021, alors que plusieurs feux de forêt balayent la région méditerranéenne. AP Photo/Daniel Cole

Il existe ensuite cinq catégories d'actions : protéger les personnes, assurer la résilience des territoires et des services essentiels, adapter les activités humaines, protéger le patrimoine naturel et culturel, et mobiliser les ressources nationales.

Les mesures spécifiques comprennent la création d'une carte nationale d'exposition aux risques naturels, le maintien des offres d'assurance abordables, même dans les zones à haut risque, et l'amélioration des logements pour qu'ils restent confortables malgré la hausse des températures.

"S'adapter, c'est aussi repenser le travail", a écrit Mme Pannier-Runacher sur X, après son intervention sur France Inter. "Face aux canicules, il faut ajuster les horaires, renforcer le suivi médical et protéger les travailleurs".

"Inspirons-nous de pays comme la Grèce qui le font déjà", a-t-elle ajouté.

"Trumpisation des esprits"

Lors de la discussion sur le plan d'adaptation au climat, Mme Pannier-Runacher a ajouté : "Il y a une forme de trumpisation des esprits. L'écologie n'est pas un sujet réservé aux bobos des grandes villes."

Le président américain Donald Trump (lien en anglais) a vidé de leur substance les agences fédérales dédiées à la science du climat depuis son entrée en fonction en janvier. Le gouvernement français, bien qu'il ait été critiqué (ang.) pour avoir fait volte-face sur certaines mesures environnementales récemment, a signalé une direction différente avec son plan climat.

"Les principales victimes du dérèglement climatique, ceux qui risquent leur santé ou de perdre leurs maisons et leurs emplois, ce sont les classes populaires, contrairement à ce que les populistes tentent de nous faire croire. Les populistes ne font que défendre des intérêts financiers", a déclaré Mme Pannier-Runacher.

Le plan français d'adaptation au changement climatique va-t-il assez loin ?

La France a pris de l'avance en matière d'adaptation au climat, après avoir été prise de court par une canicule meurtrière en 2003 (ang.). Le pays a mis en place un plan national détaillé en cas de canicule, et des villes comme Paris vont encore plus loin en se préparant à des étés pouvant atteindre 50 °C.

Mme Pannier-Runacher a révélé que 1,6 milliard d'euros de ressources budgétaires seront consacrés au plan à partir de 2025. Ce montant comprend un milliard d'euros provenant des budgets des agences de l'eau et 300 millions d'euros du Fonds Barnier, créé pour la prévention des risques naturels majeurs.

Les associations de défense de l'environnement ont salué ce plan, mais ont exprimé des inquiétudes quant à la manière dont les mesures seront mises en œuvre et quant à leur caractère suffisamment ambitieux.

Nicolas Richard, vice-président de France Nature Environnement, a déclaré à l'AFP que le plan présentait "un certain nombre de bonnes intentions", mais qu'il était incertain "quant à son financement et à sa gestion".

Selon un rapport récent de l'Institute for Climate Economics, entre 1 et 2,5 milliards d'euros devraient être investis chaque année uniquement dans les nouveaux bâtiments, 4,4 milliards d'euros pour la rénovation des logements et au moins 1,5 milliard d'euros par an pour l'agriculture.

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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