50°C à Paris à l'avenir : comment la ville peut-elle s'adapter ?

Les fontaines du Trocadéro, vendredi 17 juin 2022 à Paris. Des pics à 40,5°C ont été atteints à Paris cet été là.
Les fontaines du Trocadéro, vendredi 17 juin 2022 à Paris. Des pics à 40,5°C ont été atteints à Paris cet été là. Tous droits réservés AP
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Par Charlotte Elton (adapté de l'anglais)
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Selon un nouveau rapport, Paris pourrait être confrontée à des températures estivales étouffantes de plus de 50 degrés Celsius à l’avenir. La capitale française est connue pour son architecture, mais ses grands boulevards et ses toits en zinc font office de "puits de chaleur" en été.

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Paris pourrait devenir insupportablement chaude d'ici le milieu du siècle, voire inhabitable au cours des prochaines décennies, alerte un rapport débattu cette semaine à l'hôtel de ville.À l'origine de ce document, un groupe multipartite composé d'élus locaux et de l'ingénieur Franck Lirzin, auteur de l'ouvrage "Paris face au changement climatique".

La chaleur étouffante est déjà une réalité dans la capitale française averti le député écologiste Alexandre Florentin. "Ce n'est ni une prophétie, ni une intuition, ni une hypothèse. Nous sommes dans une nouvelle situation climatique dont certaines personnes souffrent déjà et qui va encore s'aggraver", explique-t-il.

Quand Paris atteindra-t-elle 50 °C ?

Le record de température actuel de la ville de 42,6 °C à l'ombre a été établi en juillet 2019. Un étouffant record qui pourrait encore grimper de huit degrés d'ici à 2050, explique le climatologue Robert Vautard au journal Libération. “Difficile de dire quand, mais [...] cette possibilité ne peut plus être exclue", avance-t-il.

Les villes sont particulièrement vulnérables aux périodes prolongées de chaleur. Paris est en moyenne plus chaude de 2 à 3 degrés Celsius que les zones rurales environnantes. Pendant les vagues de chaleur, cette différence peut atteindre 10 degrés.

Lewis Joly/Copyright 2022 The AP. All rights reserved
Un homme se rafraîchit à Paris, le 18 juillet 2022.Lewis Joly/Copyright 2022 The AP. All rights reserved

Selon le rapport, Paris connaîtra en moyenne 34 jours de canicule par an en 2030, soit plus du double des 14 jours enregistrés en 2008. Et les nuits n'apporteront que peu de soulagement aux habitants de la ville en proie à la chaleur. D'ici 2030, les Parisiens subiront 35 "nuits tropicales" - des nuits où la température reste supérieure à 20 degrés - par an, contre cinq en 2008.

À quoi ressemblera la vie à Paris à 50 °C ?

Les températures élevées perturbent les systèmes de régulation interne de l'organisme et entraînent une surmortalité. Pour faire face à la chaleur extrême, le corps transpire, mais cela entraîne une perte de liquides et de sels. Les températures élevées dilatent les vaisseaux sanguins, provoquant des chutes soudaines de la pression artérielle. En 2003, 15 000 Français sont décédés au cours d'un été très chaud. En 2019, le pays a enregistré une surmortalité caniculaire de 10 000 personnes et en 2022, ce triste bilan s'élève à environ 3 000 personnes. 

Les températures feront également des ravages sur les infrastructures parisiennes. Le réseau électrique souffrira de coupures de courant, tandis que la fonte de l'asphalte obligera à fermer des routes. Les célèbres appartements parisiens, coiffés de toits en zinc, risquent de devenir inhabitables. En effet, le zinc est un métal très conducteur qui absorbe la chaleur. 

Comment Paris doit-elle s'adapter aux nouveaux records de température ?

Le rapport invite les urbanistes à prendre des mesures urgentes pour éviter un "scénario cauchemardesque". Sans adaptation, la ville deviendra totalement dépendante d'une climatisation non durable. Selon un rapport publié dans la revue médicale The Lancet en mars, la capitale française est la ville européenne la plus mortelle en cas de canicule.

Couverture végétale des bâtiments qui pourraient être recouverts d'une "verdure verticale" sur les façades, création d'espaces verts, plantation d'arbres, suppression de l'asphalte... Les adaptations possibles ayant recours à la végétalisation sont nombreuses afin de créer des zones ombragées et libérer de l'humidité rafraîchissante dans l'air.

Les toits en zinc emblématiques de Paris devront peut-être être remplacés par un matériau qui absorbe moins la chaleur, ou être peints en blanc. Des stores occultants et une ventilation naturelle devraient être adoptés dans la mesure du possible.

Il peut également s'avérer nécessaire d'adapter la journée de travail afin d'éviter que les employés ne soient obligés de sortir sous la chaleur du soleil. Les employeurs parisiens pourraient suivre l'exemple de leurs voisins du sud de l'Europe et adopter le "mode sieste". Les événements en soirée pourraient également commencer plus tard lorsque la température s'est rafraîchie. Enfin, des salles fraîches communautaires pourraient servir de refuge contre la chaleur étouffante.

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