Le gouvernement américain a approuvé des plans visant à ouvrir au forage pétrolier et gazier le Refuge faunique national de l'Arctique, la plus grande zone protégée des États-Unis.
L'administration Trump a finalisé jeudi des plans visant à ouvrir la plaine côtière du Refuge faunique national de l'Arctique en Alaska à d'éventuels forages pétroliers et gaziers.
Le secrétaire américain à l'Intérieur, Doug Burgum, a annoncé cette décision qui ouvre la voie à de futures ventes de baux dans la plaine côtière du refuge, d'une superficie de 631 309 hectares, une région considérée comme sacrée par les indigènes gwich'in.
Ce plan répond aux promesses faites par le président américain Donald Trump et les républicains du Congrès de rouvrir la plus grande zone protégée des États-Unis à l'extraction des hydrocarbures.
Le projet de loi adopté au cours de l'été, qui prévoit des allègements fiscaux et des réductions de dépenses, envisage au moins quatre ventes de baux à l'intérieur du refuge sur une période de dix ans.
Qu'en pensent les communautés locales ?
Les dirigeants de Kaktovik, une communauté Iñupiat située à l'intérieur de la réserve, soutiennent le forage et considèrent qu'une exploitation pétrolière responsable est essentielle au bien-être économique de leur région.
"Il est encourageant de voir les décideurs de Washington proposer des politiques qui respectent notre voix et soutiennent le succès à long terme de Kaktovik", a déclaré Charles "CC" Lampe, le président de Kaktovik Iñupiat Corp., dans un communiqué.
En revanche, les dirigeants des communautés autochtones gwich'in situées à proximité de la zone protégée, qui considèrent la plaine côtière comme sacrée, s'opposent au forage dans cette zone, soulignant son importance pour un troupeau de caribous dont ils dépendent.
Meda DeWitt, responsable de l'Alaska à la Wilderness Society, estime qu'avec l'annonce de jeudi, l'administration Trump "place les intérêts des entreprises au-dessus des vies, des cultures et des responsabilités spirituelles des personnes dont la survie dépend de la harde de caribous de Porcupine, de la liberté de vivre de cette terre et de la santé du refuge arctique".
Une route sur la pointe de l'Alaska
Les actions détaillées jeudi s'inscrivent dans la lignée de celles énoncées par Donald Trump lors de son retour au pouvoir en janvier, qui comprenaient également des appels à accélérer la construction d'une route à travers le Refuge faunique national Izembek, dans le sud-ouest de l'Alaska.
Doug Burgum a annoncé jeudi la signature d'un accord d'échange de terres visant à construire cet axe, qui vise à relier la communauté de King Cove à celle de Cold Bay.
Les habitants de King Cove appellent cette liaison de leurs vœux depuis longtemps, estimant qu'elle est essentielle pour accéder aux soins médicaux d'urgence.
Les défenseurs de l'environnement ont cependant promis de contester l'accord en justice, certains chefs de tribus craignant que la route ne fasse fuir les oiseaux migrateurs dont ils dépendent. La réserve, située près de la pointe de la péninsule de l'Alaska, abrite en effet un habitat internationalement reconnu pour les oiseaux d'eau migrateurs.
Le Center for Biological Diversity, un groupe de défense de l'environnement, a déclaré que le dernier accord foncier prévoyait l'échange d'environ 202 hectares de "terres sauvages écologiquement irremplaçables" à l'intérieur de la réserve contre un maximum de 703,7 hectares de terres de King Cove Corp. à l'extérieur.
La sénatrice américaine Lisa Murkowski, une républicaine, a qualifié le Refuge d'Izempek de "véritable grenier à blé" pour de nombreux oiseaux aquatiques et estime qu'il est dans l'intérêt de tous de veiller à ce que la route soit construite avec un minimum de perturbations.
"Je pense qu'il est important de se rappeler que personne ne parle d'une route pavée à plusieurs voies où circuleraient de nombreux gros camions", a-t-elle déclaré. "Il s'agit toujours d'une route de 11 miles (18 kilomètres), à une voie, en gravier et à usage non commercial".