L’UE veut taxer le carbone à ses frontières

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Par Grégoire Lory
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Dans son effort de réduire de 55% les émissions de CO2 d’ici 2030, la Commission européenne devrait annoncer mercredi la mise en place d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.

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C'est un petit acronyme de quatre lettres mais il pourrait ébranler les industries internationales intensives en CO2. Le MACF (CBAM en anglais) signifie Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières.

La Commission européenne présentera mercredi dans le détail cet outil dont l'objectif est de fixer une taxe carbone sur les produits importés afin de protéger les entreprises de l'UE qui devront réduire d'ici 2030 leurs émissions de gaz à effet de serre.

"Les industries les plus touchées ont le sentiment d'être plus à risque, d'être traitées de façon plus injuste à cause de produits concurrents qui viennent hors d'Europe. Elles disent que : si ces produits ne sont pas obligés de respecter la même rigueur en matière de production alors nous avons un désavantage compétitif et il faut un mécanisme aux frontières", résume David O’Sullivan, conseiller auprès de Steptoe & Johnson et ancien ambassadeur de l’UE à Washington.

Ce mécanisme devrait concerner l'acier, le ciment, les engrais, l'aluminium et l'électricité. Ces secteurs observent avec attention les derniers ajustements politiques et le calendrier de mise en œuvre de ce dispositif.

Les producteurs d'acier soutiennent les objectifs climatiques mais fixent des conditions pour une transition réussie. "Ce mécanisme doit compléter les mesures déjà existantes comme les allocations gratuites au moins jusqu'en 2030", précise Adolfo Aiello, directeur climat et énergie chez Eurofer qui représente l’industrie européenne de l’acier.

Jeff Roberson/AP
L'industrie de l'acier fait partie des secteurs concernés par le mécanisme d'ajustement carbone aux frontièresJeff Roberson/AP

"Il faut aussi des contre-mesures efficaces pour lutter contre le contournement", explique-t-il. Pour tordre les règles les entreprises peuvent en effet jouer sur les prix afin d'absorber le coût d'une taxe carbone. Elles peuvent aussi décider d'envoyer vers l'UE uniquement les produits les moins polluants et exporter ailleurs le reste de la production la plus coûteuse en carbone.

Une bataille pédagogique

Le débat dépasse les frontières européennes puisqu'il s'agit de taxer les concurrents internationaux. Pour devenir réalité ce mécanisme d'ajustement doit convaincre les principaux partenaires de l'UE afin d'être validé par l'Organisation mondiale du commerce.

Pour Geneviève Pons, directrice générale d'Europe Jacques Delors, l’UE doit faire preuve de diplomatie dans ce dossier. "Cette pédagogie c'est expliquer à nos grands partenaires que ça n'est pas du protectionnisme, que c'est une nécessité pour contribuer à un objectif commun" de lutte contre le réchauffement climatique, précise-t-elle.

Cet outil pourrait rapporter jusqu'à 10 milliards d'euros par an. Cette ressource pourrait donc participer au financement du plan de relance européen. Mais certains analystes signalent que sur le principe cette option ne peut pas être pérenne. L'objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre et donc de voir les entreprises réduire leur empreinte carbone et payer ainsi moins de taxe.

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