"Stopper l'élargissement de l'Otan est un écran de fumée pour Moscou"

Ukrainian Military Forces servicemen attend a military drill
Ukrainian Military Forces servicemen attend a military drill Tous droits réservés AFP
Par Stefan GrobeEuronews
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L’Europe et les Etats-Unis multiplient les rencontres diplomatiques avec les autorités russes afin d’empêcher une escalade des tensions et le déclenchement d’un affrontement entre la Russie et l’Ukraine.

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La diplomatie internationale s’active encore et toujours pour éviter un conflit armé entre l’Ukraine et la Russie. L’Europe et les Etats-Unis semblent se préparer à tous les scénarios y compris celui d’une guerre. Pour sa part Moscou nie toujours tout plan d'invasion.

Kiev a reçu des cargaisons de matériels militaires américains et tchèques. Mais toute l'UE ne participe pas aux envois d'armes à destination de l'Ukraine. L'Allemagne ne veut pas participer à cet effort et ne compte pas envoyer d’armes létales dans une zone de crise.

Euronews a interrogé Alexander Sushko, directeur de l’International Renaissance Foundation à Kiev, pour évoquer les enjeux géostratégiques que révèlent cette crise.

Euronews :

Quelle est l'atmosphère en Ukraine ?

Alexander Sushko :

Je pense que les gens sont plus ou moins habitués à cette situation. Toutefois le niveau d'inquiétude doit être le plus élevé depuis 7 ou 8 ans.

Euronews :

Moscou veut limiter la souveraineté de l'Ukraine et ne veut pas voir l'Otan s'étendre à l'est. Craignez-vous de voir l'Occident faire des concessions pour préserver la paix?

Alexander Sushko :

Je pense que l'Otan, stopper l'élargissement de l'Otan, est un écran de fumée pour Moscou. En fait ils luttent contre l'impact de la démocratie occidentale en Europe de l'Est. Moscou cherche à construire sa sphère d'influence où les politiques nationales et internationales des pays voisins seront fortement déterminées par la Russie. L'Otan n'est qu'un petit élément, un petit pion sur la table, peut-être le plus symbolique mais pas le seul. La Russie essaye de trouver une façon de miner la crédibilité de l'Alliance et de l'ensemble de l'Occident.

Euronews :

Il est question d'envoyer des moyens militaires supplémentaires à l'Ukraine. Est-ce que cela peut faire la différence face à la puissance russe?

Alexander Sushko :

Certainement. Les forces militaires russes et ukrainiennes sont asymétriques. L'Ukraine n'a pas et n'aura jamais une puissance militaire équivalente à celle de la Russie. Toutefois c'est avant tout un signe de solidarité. Ensuite, il y a l'idée d'envoyer ces armes pour que la Russie comprenne qu'avec ces armes le coût d'une invasion sera plus élevé, surtout avec des armes capables de frapper leurs forces aériennes et leurs tanks qui représentent le cœur des moyens militaires russes.

Pavlo Palamarchuk/ AP
Les exercices militaires se multiplient le long de la frontière entre l'Ukraine et la RussiePavlo Palamarchuk/ AP

Euronews :

Si la Russie envahit l'Ukraine, quels seront les plans ensuite du Kremlin? Est-ce que l'Ukraine sera annexée? Est-ce que Moscou pourrait mettre en place un gouvernement fantoche?

Alexander Sushko :

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C'est difficile de savoir ce qu'ils veulent. Je pense qu'ils échoueront de toute façon. Ce qu'ils peuvent attendre réellement, c'est le refus d'une coopération totale. La Russie n'a pas assez de moyens pour garantir l'occupation des territoires les plus hostiles et des populations les plus hostiles. Cela nécessite des moyens énormes dont ne dispose probablement pas la Russie. Mais je pense que ce qu'ils peuvent essayer d'imposer c'est un grand modèle à la bosnienne, un Etat dysfonctionnel, fait de différentes pièces. Certaines de ces pièces seront sous le contrôle de la Russie et dès lors l'ensemble de l'Etat ne fonctionnera pas. Ce sera un Etat en faillite.

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