Victoire significative pour Bruxelles : la France et la Slovénie soutiennent des dirigeants pro-UE

Le Français Emmanuel Macron le 24 avril 2022 et le Slovène Robert Golob le 19 mars 2022.
Le Français Emmanuel Macron le 24 avril 2022 et le Slovène Robert Golob le 19 mars 2022. Tous droits réservés Rafael Yaghobzadeh/The Associated Press. All rights reserved
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Par Yolaine De Kerchove Dexaerde
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Deux nouveaux revers pour les populistes en Europe

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Bruxelles a poussé un soupir de soulagement dimanche soir, alors que les électeurs français et slovènes ont boudé les nationalistes pour soutenir les dirigeants pro-UE.

Les messages de félicitations en provenance de l'ensemble des 27 pays du bloc ont abondé sur la victoire d'Emmanuel Macron face à la dirigeante d'extrême droite, Marine Le Pen, au second tour de la présidentielle française avec 58,54 % des voix contre 41,46 %.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est déclarée impatiente de continuer à "faire avancer la France et l'Europe" avec le dirigeant français, tandis qu'Olaf Scholz, chancelier allemand - dont la coopération étroite avec la France est souvent décrite comme le "moteur" de l'UE - a déclaré que les électeurs français avaient "envoyé un engagement fort à l'Europe".

Le président du Conseil de l'UE, Charles Michel, a adressé un "bravo" à Emmanuel Macron sur Twitter, ajoutant qu'"en ces temps troublés, nous avons besoin d'une Europe forte et d'une France pleinement engagée en faveur d'une Union européenne plus souveraine et plus stratégique", tandis que le Premier ministre italien, Mario Draghi, a déclaré que sa réélection était "une excellente nouvelle pour toute l'Europe".

"Un projet ambitieux pour l'Europe" en France

Le dirigeant français de 44 ans est un enthousiaste inconditionnel de l'Union européenne. Il a célébré sa toute première victoire électorale en 2017 au son de l'Hymne à la joie, l'hymne officiel de l'Union européenne.

Mais sa recherche d'une intégration et d'une unité accrues dans plusieurs domaines, notamment la défense et la souveraineté industrielle, ainsi que ses positions géopolitiques sur la Russie et l'élargissement, ont parfois froissé les capitales européennes. Mais la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont calmé certains de ses détracteurs.

Dans son bref discours de victoire dimanche, le président réélu n'a mentionné l'Europe que deux fois pour remercier les électeurs qui "m'ont fait confiance pour porter notre projet d'une France plus indépendante et d'une Europe plus forte".

Il a ajouté qu'ils avaient "choisi un projet humaniste, ambitieux pour l'indépendance de notre pays, pour notre Europe".

Pour Tara Varma, responsable du bureau parisien du think tank European Council on Foreign Relations (ECFR), "la victoire de Macron signifie la poursuite d'un projet ambitieux pour l'Europe".

"Il va plaider pour un doublement de l'agenda de la souveraineté européenne : sur la technologie, sur la défense, sur la lutte contre la coercition économique", a-t-elle ajouté.

Elle a toutefois souligné que "Macron doit maintenant adapter sa méthode lorsqu'il s'agit de défendre son agenda européen. Il devrait s'efforcer de créer une Europe plus inclusive et participative."

Eric Maurice, le responsable du bureau bruxellois de la Fondation Robert Schuman, s'attend à ce que la priorité pour Macron soit désormais la guerre en Ukraine et ses conséquences pour le bloc.

"Les questions pour l'Europe : La défense et comment juguler l'inflation ? Comment sortir du pétrole et du gaz russe ? La question des sanctions aussi sur la Russie. Et puis, plus spécifiquement, la France préside le Conseil de l'Union européenne. Il y a certains chantiers à mener, notamment la question du mécanisme carbone aux frontières pour la transition climatique", a-t-il expliqué à Euronews.

Mais le succès d'Emmanuel Maron ne doit pas masquer la défiance exprimée par les électeurs de Marine Le Pen envers le projet européen. Avec 41% des voix, ce vote pour l'extrême droite marque une nouvelle fracture dans le monde politique.

"Le grand débat en France, après avoir été un débat droite-gauche, est un débat ouverture-fermeture, optimiste-pessimiste, bénéficiaire de la mondialisation ou victime de la mondialisation", précise Geneviève Pons, directrice générale d'Europe - Jacques Delors

"Une victoire importante pour la démocratie" en Slovénie

Pendant ce temps, un petit tremblement de terre politique a eu lieu en Slovénie, où les électeurs ont évincé le populiste de droite Janez Jansa au profit de Robert Golob, un relatif novice en politique à la tête d'une formation verte nouvellement rebaptisée.

Son Mouvement de la liberté, que les sondages plaçaient au coude à coude avec le parti au pouvoir dans la période précédant l'élection, a finalement obtenu 34,5 % des voix contre 23,6 % pour le Parti social-démocrate (SDS) de Jansa.

"Je pense que la victoire du parti Mouvement de la liberté est une victoire significative pour la démocratie dans le choc des forces libérales et illibérales que l'Europe connaît actuellement", a déclaré à Euronews Gosia Piaskowska, assistante de programme au sein du programme "European Power" du Centre européen des relations étrangères (ECFR), un groupe de réflexion.

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"Cela montre également une contre-mobilisation importante face aux idéologies antidémocratiques et d'extrême droite qui ont pris de l'importance dans la politique européenne", a-t-elle ajouté.

John O'Brennan, Jean Monnet Chair of European Integration, a abondé dans le même sens, qualifiant la victoire de Golob de "tout aussi intéressante et importante, potentiellement, que le résultat français, car ici nous avons eu une figure semblable à Viktor Orban en la personne du Premier ministre Janez Jansa, battu de manière très complète et quelque peu inattendue."

"C'est au moins la troisième grande défaite des leaders de la droite populiste en Europe au cours des six derniers mois, y compris celle de Boyko Borisov en Bulgarie et de M. Babish en Tchéquie. Donc, vous savez, si vous mettez ces choses ensemble, je pense que vous pouvez voir que le centre en Europe est peut-être beaucoup plus fort que ce que les gens avaient prévu", a-t-il déclaré à Euronews.

Janez Jansa avait été accusé d'affaiblir l'État de droit dans son pays par des attaques répétées contre les médias indépendants, la société civile et le système judiciaire, notamment en introduisant des lois qui, dans la pratique, auraient mis les fraudeurs des fonds européens à l'abri de poursuites pénales.

Dans son discours de victoire, Robert Golob, ancien secrétaire d'État à l'énergie et expert en énergie solaire, a déclaré que "notre objectif d'apporter la liberté au pays a été atteint", tandis que la vice-présidente de son parti, Marta Kos, s'est réjouie que la petite nation orientale "ne déçoive plus" l'UE.

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"La Slovénie sera un pilier encore plus fort de ces partenariats. Vous n'entendrez jamais le mot démocratie illibérale de notre bouche, il n'y a qu'une seule démocratie et nous allons la rétablir", a-t-elle déclaré.

Pour Mme Piaskowska, "le programme pro-européen et écologiste de Rober Golob pourrait potentiellement faire évoluer le rôle de la Slovénie au sein de l'Union européenne, de celui d'un fauteur de troubles à celui d'un défenseur de premier plan de l'action climatique et de l'État de droit."

Pourtant, peut-être en raison de la puissance économique et géopolitique de la France qui a retenu l'attention, peu de messages de félicitations ont fait surface sur les médias sociaux.

Le représentant de la Slovénie à la Commission, Janez Lenarcic, en charge de la gestion des crises, de la protection civile européenne et de l'aide humanitaire, a été parmi les rares à offrir ses "félicitations à Robert Golob".

"J'ai hâte de travailler avec le futur gouvernement - pour une Slovénie prospère et respectée, qui sera un ardent défenseur des valeurs européennes fondamentales", a-t-il écrit sur Twitter.

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Le Mouvement pour la liberté est susceptible de conclure un accord de coalition avec de plus petits groupes de centre-gauche.

Journaliste • Alice Tidey

Video editor • Vassilis Glynos

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