Les prix du gaz en Europe ont battu un nouveau record. Jusqu'où peuvent-ils aller ?

Les prix du gaz en Europe ont battu un nouveau record. Jusqu'où peuvent-ils aller ?
Les prix du gaz en Europe ont battu un nouveau record. Jusqu'où peuvent-ils aller ? Tous droits réservés Credit: AP/Euronews
Tous droits réservés Credit: AP/Euronews
Par euronews avec AFP, REUTERS
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

La dernière annonce de Gazprom a fait grimper les prix du gaz à un niveau record, suscitant l'inquiétude sur tout le continent.

PUBLICITÉ

Mercredi, le TTF néerlandais, référence du marché européen du gaz naturel, culminait à 295 euros le MWh pour livraison en septembre, un chiffre stratosphérique comparé aux 27 € enregistrés il y a un an.

Ce nouveau record historique est la conséquence de la dernière annonce Gazprom. Le géant russe a annoncé la semaine dernière que ses livraisons de gaz russe à l'Europe par le gazoduc Nord Stream 1 seraient interrompues pendant trois jours, du 31 août au 2 septembre, pour des raisons de "maintenance". Gazprom évoque des fissures, des bosses et d’autres problèmes potentiels.

Les politiciens européens ont accusé à plusieurs reprises Gazprom de se servir des questions techniques comme d’une excuse pour faire pression, selon la volonté de Vladimir Poutine, sur les pays occidentaux. Ces derniers incriminant Moscou de se servir de l'arme énergétique en représailles des sanctions adoptées après l'offensive contre l'Ukraine.

Mais avant même cette décision inattendue de Gazprom, les prix du gaz en Europe avaient déjà commencé à dangereusement augmenter.

Mi-mars, le cours du gaz européen frôlait les 335 euros le MWh. En juillet, les prix s’envolaient encore et la hausse se poursuit ce mois d’août, alimentée par de fortes chaleurs et l’utilisation importante de la climatisation, ainsi qu'une grave sécheresse qui a réduit l'énergie hydraulique et limité l'activité des centrales nucléaires.

Les gouvernements accélèrent leur approvisionnement en gaz avant la saison hivernale, alors que les craintes d’un mécontentement des populations augmentent de jour en jour.

"Les cinq à dix prochains hivers seront difficiles", a prévenu le Premier ministre belge Alexander De Croo.

Cette frénésie d'achats a inévitablement fait gonfler les prix. Si le stockage joue un rôle essentiel dans la sécurité des approvisionnements, sa mise en œuvre reste un casse-tête en termes de quantité. Le bloc européen a en effet la capacité de stocker plus de 100 milliards de mètres cubes de gaz (mmc), mais cela ne représente qu’un quart de sa consommation annuelle qui atteint 400 mmc.

Jusqu’où les prix du gaz vont-ils grimper ?

"En théorie, il n'y a pas de limite. Le marché, comme il le fait toujours, prend en compte les pires circonstances, la pire interprétation", a déclaré à Euronews Jonathan Stern, chargé de recherche à l'Institut d'études énergétiques d'Oxford (OIES) .

"Si les livraisons de gaz depuis la Russie vers l'Europe via le gazoduc Nord Stream 1 ne reprennent pas après la maintenance de trois jours, il n'y a aucun moyen de dire jusqu'où pourront aller les prix. Du moins, jusqu'à ce que nous voyions à quel point l'hiver est froid. C'est probablement à ce moment-là que les prix culmineront", ajoute Jonathan Stern.

Une offre sérieusement limitée

La spéculation est un élément inhérent au marché européen de l'énergie. Le système est aujourd'hui libéralisé et répond à la dynamique fondamentale de l'offre et de la demande, mais cela n'a pas toujours été le cas.

Avant les années 2000, la plupart des contrats de gaz étaient basés sur une perspective à long terme et liés au prix d'un autre combustible fossile crucial, le pétrole. Cette indexation offrait certitude et stabilité, mais s'est avérée trop rigide pour faire face aux défis du nouveau millénaire.

Le marché s'est progressivement orienté vers des contrats plus courts, basés sur les tendances économiques en temps réel, ce qui s'est traduit par des prix plus bas et plus compétitifs pour l'industrie et les consommateurs. Cette flexibilité a été jugée essentielle pour faire face à la transition écologique.

Ce changement a toutefois laissé l'Europe plus exposée à la volatilité des prix. La hausse de la demande de gaz a entraîné une augmentation des factures.

Jusqu'en 2022, les hauts et les bas étaient gérables. Mais la décision de la Russie, principal fournisseur d'énergie de l'UE, d'envahir l'Ukraine a poussé l’Europe dans ses retranchements les plus extrêmes.

Les ménages sont désormais confrontés à des factures d'électricité excessivement élevées, les usines réduisent leurs heures de production afin d'économiser de l'énergie et les gouvernements élaborent des plans de rationnement de la consommation de gaz.

Pendant ce temps, l'énergie propulse l’inflation à des niveaux record, les banques centrales s'empressent de relever les taux d'intérêt, l'euro atteint la parité avec le dollar et une profonde récession menace le continent tout entier.

"En cas de récession, nos vies seront plus difficiles à bien des égards, mais plus faciles en termes d'énergie. La demande de gaz diminuera et fera baisser les prix par rapport à ce qu'ils sont actuellement", estime le professeur Stern.

PUBLICITÉ

"Cependant, nous ne verrons pas de sitôt des prix "normaux" ; pas avant au moins trois ou quatre ans", conclut-il.

Sources additionnelles • AP

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

TTF : comment un marché néerlandais fixe les prix du gaz pour toute l'Europe

Gaz russe : l'Espagne met en place son plan d'économie d'énergie

L'Arménie face à une crise des réfugiés, qui pourrait basculer en crise politique