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Les élections locales allemandes auront-elles un impact sur la situation géopolitique du pays ?

Un manifestant porte une pancarte lors de la manifestation de Goerlitz, sur laquelle on peut lire : "Vous voulez la guerre ? Alors allez-y".
Un manifestant porte une pancarte lors de la manifestation de Goerlitz, sur laquelle on peut lire : "Vous voulez la guerre ? Alors allez-y". Tous droits réservés Liv Stroud
Tous droits réservés Liv Stroud
Par Liv Stroud
Publié le Mis à jour
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Cet article a été initialement publié en anglais

La guerre en Ukraine a dominé le débat politique à l'approche de trois élections régionales en Allemagne de l'Est en septembre. Les partis d'extrême gauche et d'extrême droite exigent des négociations avec la Russie et l'arrêt des livraisons d'armes à l'Ukraine.

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Certains participants à une manifestation organisée lundi dans la ville de Görlitz, dans l'est de la Saxe, portaient des t-shirts sur lesquels on pouvait lire : "Quand le bien devient mal, la résistance devient un devoir".

Plusieurs manifestants d'extrême droite ont également accusé le gouvernement allemand d'"importer des cultures" et de dépenser des sommes importantes dans les énergies vertes.

Les habitants des États orientaux de Saxe, de Thuringe et de Brandebourg se rendront aux urnes en septembre.

Selon les derniers sondages, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) dépasserait en Saxe les chrétiens-démocrates (CDU), qui ont été au pouvoir pendant 16 ans sous l'ancienne chancelière Angela Merkel et qui sont donnés favoris pour les élections fédérales de l'année prochaine.

Le nouveau parti d'extrême gauche Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), s'est séparé du parti Die Linke l'année dernière et exige des mesures similaires à celles de l'AfD, telles que des négociations avec le président russe Vladimir Poutine, la fin des livraisons d'armes à l'Ukraine et l'édulcoration des politiques climatiques.

Un impact sur la politique étrangère du gouvernement fédéral ?

Le politologue Carsten Koschmieder ne pense pas que ces votes locaux dans les États de l'est de l'Allemagne auront un véritable impact sur la politique étrangère du gouvernement fédéral, même s'ils pourraient avoir une influence sur les autres partis politiques au pouvoir.

L'expert explique que les gouvernements locaux ne peuvent pas mener de politique étrangère, mais qu'ils influencent la situation politique générale.

Le problème, selon Carsten Koschmieder, "c'est que les autres partis observent ce qui se passe. Ils voient que la BSW et l'AfD obtiennent beaucoup de voix. Dans l'est de l'Allemagne, la guerre en Ukraine est un sujet majeur".

"Ce qui se passe maintenant, c'est que, par exemple, le ministre-président de Saxe Michael Kretschmer - qui siège au conseil exécutif national de la CDU - dit depuis des mois que nous devons nous réconcilier avec la Russie, acheter à nouveau du gaz russe, abandonner l'Ukraine, ne plus rien donner à l'Ukraine et expulser les réfugiés ukrainiens", ajoute-t-il.

Selon le politologue, Michael Kretschmer souhaite conserver la majorité de ses voix, d'autant plus que l'AfD pourrait obtenir environ 30 % des voix lors des élections de septembre.

"Il essaie de jouer sur cette question parce qu'il sait qu'elle est importante pour les gens. Si les partis qui s'opposent à l'aide à l'Ukraine obtiennent de bons résultats aux élections locales et si les enquêtes montrent que la question était cruciale pour de nombreux électeurs, cela aura naturellement un impact sur la politique nationale", explique-t-il.

Carsten Koschmieder prévient que "si l'AfD obtient un bon résultat dans les trois élections régionales, les partis démocratiques commenceront à se demander ce qu'ils doivent changer".

Certains partis pourraient en conclure que, puisque l'AfD est anti-UE, ils devraient eux aussi adopter une position plus critique à l'égard de l'UE.
Dr Carsten Koschmieder
Politologue

"Cependant, l'influence des gouvernements des Länder au-delà de leurs frontières est assez limitée, à moins qu'ils n'agissent par l'intermédiaire du Bundesrat (le Conseil fédéral)", poursuit-il. "Mais même au sein du Bundesrat, l'influence combinée des trois États est minime".

Une coalition entre BSW et l'AfD est-elle envisageable ?

L'AfD devrait obtenir de très bons résultats en Saxe, dans le Brandebourg et en Thuringe, même s'il est peu probable que le parti obtienne les 50 % nécessaires pour entrer au gouvernement. Mais une alliance n'est pas à exclure, selon Carsten Koschmieder.

"Il est possible que la BSW et l'AfD obtiennent ensemble plus de 50 % dans l'un des États fédéraux", déclare l'expert. "Il serait alors impossible de former un gouvernement sans l'un de ces deux partis, et ils pourraient bien sûr poser des exigences pendant les négociations, en disant : "Nous ne rejoindrons le gouvernement que si vous acceptez ceci ou cela"".

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Affiche de l'Alternative pour l'Allemagne à Zittau : "Nous assurons la paix"
Affiche de l'Alternative pour l'Allemagne à Zittau : "Nous assurons la paix"Liv Stroud

Ces exigences incluraient probablement l'arrêt des livraisons d'armes à l'Ukraine.

"Sahra Wagenknecht a déjà dit qu'elle interviendrait dans les négociations au niveau de l'État et qu'elle ferait pression pour que les questions de politique nationale et étrangère fassent partie des pourparlers", explique le politologue.

"Même si les gouvernements des Länder n'ont aucune autorité sur la politique étrangère ou sur les décisions relatives à l'aide destinée à l'Ukraine, Sahra Wagenknecht pourrait toujours faire pression pour obtenir que le Bundesrat mette fin aux livraisons d'armes à l'Ukraine".

L'AfD est-elle vraiment une menace ?

Carsten Koschmieder estime que "l'AfD n'aura d'influence que si d'autres partis forment une coalition avec elle ou si la CDU adopte les positions de l'AfD. Dans ce cas, [le parti d'extrême droite] pourrait avoir un impact négatif durable sur la démocratie".

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"Mais dans le cas contraire, l'AfD restera relativement isolée. Même si elle obtient 30 % des voix, elle ne pourra pas causer de véritables dégâts au niveau fédéral à elle seule".

Au niveau des États, en revanche, le parti pourrait potentiellement "endommager la démocratie en sapant l'éducation et en détruisant l'engagement politique".

Si l'AfD obtient de bons résultats lors des prochaines élections, ses dirigeants "pourraient retarder la sortie du charbonparce qu'ils ne veulent pas risquer le chômage ou des changements structurels dans les régions charbonnières de l'Allemagne de l'Est", selon Carsten Koschmieder.

"Cela concerne toute l'Europe, car si l'Allemagne continue à brûler du charbon ou, au contraire, investit davantage dans l'énergie solaire et éolienne, cela aura des répercussions plus larges sur l'ensemble du continent", conclut-il.

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