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Bientôt une coopération plus étroite entre l'UE et le Royaume-Uni ?

Emmanuel Macron s'entretient avec Keir Starmer lors du sommet de la Communauté politique européenne à Woodstock, Oxfordshire, Angleterre, le jeudi 18 juillet 2024.
Emmanuel Macron s'entretient avec Keir Starmer lors du sommet de la Communauté politique européenne à Woodstock, Oxfordshire, Angleterre, le jeudi 18 juillet 2024. Tous droits réservés Stefan Rousseau/live
Tous droits réservés Stefan Rousseau/live
Par Mared Gwyn Jones
Publié le Mis à jour
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Cet article a été initialement publié en anglais

Le nouveau gouvernement travailliste du Royaume-Uni doit maintenant s'atteler aux détails de la "réinitialisation" des relations avec l'UE voulue par Keir Starmer.

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À Bruxelles et à Londres, nombreux sont ceux qui espèrent que le gouvernement britannique de Keir Starmer, fraîchement entré en fonction, parviendra à renouer les relations du Royaume-Uni avec l'Union européenne.

Le nouveau Premier ministre britannique n'a pas perdu de temps pour jeter les bases de la "réinitialisation" promise : les sommets de l'OTAN et de la Communauté politique européenne (CPE) en juillet ont été l'occasion pour Keir Starmer de rencontrer ses homologues de l'UE.

Son intention de réparer les liens tendus entre le Royaume-Uni et l'UE a été parfaitement communiquée en juillet par la publication d'un selfie avec les dirigeants allemand et espagnol, Olaf Scholz et Pedro Sánchez, pendant la rencontre entre l'Angleterre et l'Espagne en finale de l'Euro 2024 de football à Berlin.

Mais si les relations ont changé dans la forme, la substance des projets de Keir Starmer visant à modifier les cadres de coopération entre l'UE et le Royaume-Uni reste encore assez floue.

Pendant sa campagne électorale, il s'est engagé à renégocier ce qu'il a décrit comme l'accord de Brexit "bâclé" de Boris Johnson, mais il a clairement exclu de réintégrer le marché unique et l'union douanière de l'UE, ou de rétablir la libre circulation des personnes entre le continent et le Royaume-Uni.

Des mesures visant à rationaliser les relations commerciales et un pacte de sécurité ambitieux sont désormais sur la table des négociations.

"Les représentants de l'UE ont été très rapidement en contact avec le nouveau Premier ministre britannique", affirme un diplomate de l'UE. "Et il ne s'agit pas seulement de sécurité et de défense, nous avons de nombreux sujets sur la table à aborder".

Supprimer les frictions commerciales

L'une des premières priorités du gouvernement de Keir Starmer sera d'atténuer certaines des frictions commerciales post-Brexit qui ont pesé sur les entreprises britanniques.

Il s'est engagé à négocier un nouvel accord sanitaire et phytosanitaire (SPS), également connu sous le nom d'accord vétérinaire, qui réduirait les contrôles et les obstacles au commerce agricole avec le continent.

Depuis que le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union en décembre 2020, l'UE a introduit des contrôles frontaliers rigoureux sur les importations agroalimentaires britanniques, exigeant des vérifications approfondies et la signature d'un vétérinaire pour garantir la conformité avec les normes de l'UE. Le Royaume-Uni a répliqué en janvier de cette année par des contrôles similaires sur les importations depuis l'UE.

L'industrie estime que les contrôles sur les importations d'animaux et de végétaux coûtent aux entreprises 3 milliards de livres sterling par an.

Un nouvel accord SPS pourrait donc apporter des avantages économiques au secteur agroalimentaire des deux côtés de la Manche, en apaisant le mécontentement qui couve toujours parmi les agriculteurs européens tout en réduisant le coût des produits pour les consommateurs.

Un drapeau de l'UE lors d'une marche sur la politique alimentaire et agricole du Royaume-Uni, à Londres, le samedi 15 octobre 2022.
Un drapeau de l'UE lors d'une marche sur la politique alimentaire et agricole du Royaume-Uni, à Londres, le samedi 15 octobre 2022.Alberto Pezzali/Copyright 2022 The AP. All rights reserved

L'exécutif européen exigera probablement que le Royaume-Uni s'aligne pleinement, aujourd'hui et à l'avenir, sur les réglementations agroalimentaires du marché unique, ce que l'on appelle "l'alignement dynamique". Si le gouvernement britannique y consent, cela pourrait ouvrir la voie à une coopération plus étroite dans d'autres domaines.

"Les travaillistes ont parlé de manière très positive - non seulement dans le domaine vétérinaire, mais aussi par exemple dans celui des produits chimiques - de l'intérêt pour l'industrie nationale de s'aligner sur les règles de l'UE", déclare à Euronews Luigi Scazzieri, chercheur principal au Centre for European Reform.

Les travaillistes ont également évoqué un accord visant à alléger les contraintes administratives imposées aux artistes qui effectuent des tournées dans l'UE et au Royaume-Uni, ainsi que la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles des travailleurs.

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Exigences de contrepartie

Mais pour qu'un nouvel accord SPS soit conclu, le Royaume-Uni devra se conformer pleinement à certains contrôles frontaliers sur les marchandises importées de l'UE, exigés par l'accord de commerce et de coopération (ACC) de 2020, ainsi qu'aux règles en matière d'étiquetage des produits prévues par l'accord-cadre de Windsor.

Bruxelles exigera sans doute également un aplanissement des problèmes actuels concernant les droits des citoyens de l'UE vivant au Royaume-Uni, dont des milliers ont eu des difficultés à obtenir le maintien de leurs droits après le Brexit.

"Le gouvernement précédent a préféré esquiver et éviter certaines de ces questions parce qu'elles sont difficiles, et a accepté le prix à payer, à savoir une stagnation des relations", a déclaré à Euronews Joel Reland, chercheur au groupe de réflexion 'UK in a changing Europe'. "Si les travaillistes veulent faire avancer les relations avec l'UE, ils doivent s'attaquer à ces questions".

"La Commission sera réticente à envisager de nouvelles formes de coopération tant que les obligations existantes ne seront pas réglées", ajoute l'expert.

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Faciliter la mobilité des jeunes

Une autre demande figurant en bonne place sur la liste de Bruxelles est un accord sur la mobilité des jeunes, qui permettrait aux jeunes Britanniques et Européens de franchir plus facilement la frontière entre le Royaume-Uni et l'UE pour étudier, travailler et vivre.

De jeunes manifestants s'opposent à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, Londres, le samedi 25 juin 2016.
De jeunes manifestants s'opposent à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, Londres, le samedi 25 juin 2016. Tim Ireland/Copyright 2016 The AP. All rights reserved.

La Commission européenne a proposé l'ouverture de négociations sur un accord de mobilité des jeunes en avril de cette année, mais le parti travailliste a rejeté cette perspective à plusieurs reprises au cours de sa campagne électorale, de peur qu'elle ne soit interprétée comme un retour à la libre circulation, un sujet sensible pour une grande partie de l'électorat britannique.

Joel Reland estime que le parti travailliste est désormais confronté à un dilemme : maintenir son opposition au projet, comme il l'a fait pendant la campagne, ou tenter de conclure un accord édulcoré qui soit à la fois acceptable pour la Commission et pour la partie sceptique de l'électorat britannique.

Un partenaire "privilégié" en matière de sécurité

Les diplomates de l'UE affirment que, dans un monde géopolitiquement plus instable, et avec la perspective d'un retour de Donald Trump à la Maison Blanche, une relation étroite en matière de sécurité et de défense avec le Royaume-Uni est indispensable.

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"Il est évident que le Royaume-Uni doit être pour nous un partenariat privilégié en matière de politique étrangère et de défense", affirme un diplomate de l'UE.

Les fonctionnaires de l'UE considèrent qu'il est possible de formaliser un partenariat avec le gouvernement de Keir Starmer par un pacte de sécurité UE-Royaume-Uni.

"Ce pacte n'est pas encore détaillé, mais d'après ce qu'a dit le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy, il impliquerait un ensemble de mesures qui permettront au Royaume-Uni et à l'UE de coopérer plus étroitement, de la politique étrangère à des domaines tels que la migration, la sécurité énergétique, la sécurité sanitaire et les matières premières critiques", explique Luigi Scazzieri.

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