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Bélarus : l'opposition "plus unie que jamais" avant la présidentielle de 2025

Svetlana Tikhanovskaïa
Svetlana Tikhanovskaïa Tous droits réservés  Markku Ulander/Lehtikuva
Tous droits réservés Markku Ulander/Lehtikuva
Par Diana Resnik
Publié le Mis à jour
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En exil, Svetlana Tikhanovskaïa, figure de l'opposition bélarusse, s'est entretenue avec Euronews à propos de son combat pour un Bélarus plus démocratique.

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À l’approche de la présidentielle de février 2025, l’opposition bélarusse serait plus “unie” que jamais, selon Svetlana Tikhanovskaïa.

Celle qui n’avait aucune expérience politique lorsqu’elle s’est présenté à l’élection de 2020, entend poursuivre le combat de son mari, un blogueur incarcéré.

Loin de son Bélarus natal, elle vit désormais en exil, Euronews l’a rencontrée à Berlin.

Tikhanovskaïa et la présidentielle de 2020

En 2020, son mari décide de se présenter à l'élection présidentielle. Lorsqu'il est arrêté, Svetlana décide de prendre sa place et de défier Loukashenko. Après sa victoire, elle doit fuir le pays, laissant tout derrière elle.

"En 2020, au moins un demi-million de personnes ont fui le Bélarus à cause de la répression", se souvient-elle. "Mais les gens ne s'exilent pas simplement pour devenir des étrangers. Ils continuent d'être bélarusses. Ils continuent à se battre contre le régime de Loukachenko".

"Ma tâche est de garder les gens unis et de les inciter à ne pas abandonner", dit-elle.

Svetlana s'efforce d'établir des relations solides avec les dirigeants politiques des pays occidentaux. Effectuer ce travail alors qu'elle est en exil n'est pas la tâche la plus facile. Mais Svetlana se bat sans relâche pour un Bélarus libre.

"Notre tâche consiste à préparer nos mouvements et forces démocratiques à la période de transition au Bélarus", explique-t-elle.

"Les forces démocratiques et le peuple bélarusse sont unis comme jamais auparavant, car nous avons un objectif commun : libérer nos proches, nos amis et les prisonniers politiques, mais aussi organiser des élections libres et équitables".

Svetlana estime que sa visite en Allemagne est un pas essentiel dans cette direction. Pour construire une démocratie dans son propre pays, elle a besoin du soutien d'autres démocraties.

"Si les gouvernements des pays dans lesquels nous vivons n'entendent pas notre voix, cela signifie qu'il n'y a pas de problème", dit Svetlana.

Les prisonniers politiques ne doivent pas devenir des "monnaies d'échange"

Lors du récent échange de prisonniers politiques entre la Russie et les pays occidentaux, aucun prisonnier politique bélarusse n'a été libéré. L'opposante Maria Kolesnikova, qui a soutenu Svetlana lors des élections présidentielles de 2020, purge une peine de onze ans d'emprisonnement. Amnesty International rapporte que, comme beaucoup d'autres prisonniers politiques, elle doit endurer l'isolement et la torture et ne pèse que 45 kilos alors qu'elle mesure 1m75.

"Nous voulons tous qu'ils soient libérés", dit Svetlana. "Mais nous ne voulons pas que nos prisonniers politiques, nos héros, servent de monnaie d'échange dans le jeu de Loukachenko".

Les forces démocratiques bélarusses se présenteront-elles contre Loukachenko en 2025 ?

En 2025, Loukachenko prévoit d'organiser des élections présidentielles. Pourtant, ce n'est pas le moment pour l'opposition biélorusse d'entrer dans le jeu, estime Svetlana. "Tous les leaders des mouvements démocratiques sont en prison ou en exil, ou bien la société civile est ruinée : pas d'ONG, pas de médias alternatifs [...] Les gens travaillent essentiellement dans la clandestinité en ce moment", explique Svetlana.

Cependant, il semble que plus Loukachenko s'accroche au pouvoir, moins il est soutenu par le peuple. Quatre ans après les élections, les Bélarusses vivent dans la crainte constante de répressions.

"La majorité des Bélarusses se battent contre le régime de Loukachenko", affirme Svetlana. "Bien sûr, ils [Loukachenko et ses partisans] utilisent la violence comme arme, ils font preuve de brutalité [...] Mais il ne bénéficie pas du soutien du peuple. Et il le sait", affirme Svetlana.

Se préparer pour le bon moment

Derrière cette apparence douce se cache une dirigeante forte. Bien qu'elle n'envisage pas de retourner au Bélarus pour les élections présidentielles de 2025, elle prépare le terrain pour le moment opportun.

"Nous devons nous préparer à un véritable moment d'opportunité", déclare Svetlana. "Il y aura un appel à l'action pour le peuple bélarusse. Mais je ne veux pas que les gens se sacrifient en vain", ajoute-t-elle.

En attendant, elle soutient le peuple ukrainien, qui lutte contre la Russie.

"La relation avec l'Ukraine est d'une grande importance pour nous, car nous sommes tous deux confrontés à la même situation. [...] Nous essayons donc d'aider les Ukrainiens autant que possible", explique Svetlana.

"Nous ne pouvons pas donner à l'Ukraine des équipements militaires ou des millions, mais nous défendons les intérêts ukrainiens. Des soldats bélarusses se battent aux côtés des Ukrainiens contre l'ennemi. Nos réfugiés soutiennent les réfugiés ukrainiens. Nous organisons des événements communs. Nous travaillons ensemble", déclare Svetlana.

Des soutiens qui se transforment en ennemis ?

La Pologne a été un fervent défenseur des réfugiés bélarusses et ukrainiens. Toutefois, elle a récemment annoncé une suspension temporaire totale des droits des citoyens bélarusses à demander l'asile dans leur pays.

Malgré cela, Svetlana parle plutôt chaleureusement de la Pologne.

"Pendant quatre ans, la Pologne a été un fervent défenseur du peuple bélarusse. Pendant quatre ans, elle a soutenu notre société civile et la plupart des personnes qui ont fui la répression. La Pologne est devenue un havre de paix pour ces personnes. Elle a modifié les lois pour donner de la stabilité aux gens et leur permettre de se sentir à l'aise en Pologne", se souvient Svetlana.

"Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un changement de politique", dit-elle. "Mais nous allons prendre contact avec le ministère des affaires Étrangères pour savoir ce que ce message signifie", ajoute-t-elle.

Penser au Bélarus

Entre son engagement politique et sa lutte acharnée pour un avenir démocratique pour son pays, les pensées de Svetlana sont tournées vers le Bélarus.

"Je me réveille tous les matins et je me couche en pensant à mon mari. Tous les souvenirs de mes enfants me manquent. Ils se souviennent toujours de ce qui leur arrivait à l'école, dans notre maison de vacances".

"Nous avons passé tant d'années merveilleuses avec notre famille au Belarus. Le village où ma grand-mère est enterrée me manque. C'est là que j'ai passé mon enfance. Tous ces souvenirs. Mais, vous savez, je veux voir le Bélarus libre".

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