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Lier le budget de la Commission et les réformes économiques est une "erreur", selon un député européen

Siegried Muresan (PPE/Roumanie).
Siegried Muresan (PPE/Roumanie). Tous droits réservés  Michel CHRISTEN/EP
Tous droits réservés Michel CHRISTEN/EP
Par Paula Soler
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Le principal négociateur du Parlement européen sur le prochain budget à long terme, Siegfried Mureșan, a expliqué dans une interview à Euronews comment il pense que l'argent de l'UE devrait être dépensé après 2027.

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Lier les programmes de l'UE aux réformes macroéconomiques globales dans le prochain budget à long terme de l'Union (2028-34) serait une "erreur" parce que les citoyens pourraient être affectés par l'échec de leurs gouvernements, a déclaré l'eurodéputé en charge du dossier dans une interview accordée à Euronews.

Siegfried Mureșan (PPE/Roumanie) a réagi aux propositions de réforme du budget qui ont été divulguées par Euronews et selon lesquelles la Commission européenne cherche à lier les recettes budgétaires aux réformes économiques.

Les négociations sur le prochain cadre financier pluriannuel - le plan de sept ans qui fixe les limites des dépenses de l'UE - devraient commencer à l'été 2025, mais la Commission européenne étudie déjà des idées sur la manière de réformer le budget à long terme de l'Union pour le rendre plus simple et plus flexible.

Euronews : Comment le prochain budget à long terme de l'UE pourrait-il combiner les anciennes et les nouvelles priorités de financement ?

Tout d'abord, il faut reconnaître que les priorités traditionnelles [la cohésion entre les territoires et l'agriculture] ont été importantes pendant des décennies et qu'elles le restent. De même, nous avons de nouvelles priorités : la transition vers l'économie verte, l'économie numérique, la recherche, l'innovation et notre défense, ainsi que la nécessité de protéger nos frontières, donc la sûreté et la sécurité. Nous devons trouver des synergies entre les deux.

Nous avons déjà utilisé la cohésion pour rendre notre économie plus verte et plus numérique. Nous devrions également voir comment nous pouvons utiliser les priorités existantes pour renforcer la compétitivité, qui est une nouvelle priorité politique en Europe.

Nous devons [également] nous assurer que l'argent est bien dépensé. Nous devons nous assurer que l'argent parvient aux bénéficiaires, qu'il y a de la transparence. Et s'il y a des irrégularités à bord, il faut s'y attaquer. Et puis, comme les citoyens européens attendent de l'Union européenne qu'elle fasse plus, qu'elle leur apporte plus, qu'elle les protège, qu'elle renforce l'économie, il est clair que nous ne pouvons pas faire plus avec le même budget.

Euronews : Une augmentation du budget à partir d'où ? Soutenez-vous la question de la dette commune ?

Si les gouvernements des Etats membres de l'UE attendent de l'Europe qu'elle en fasse plus, ce n'est pas sérieux et c'est populiste de leur part de demander un budget plus petit s'ils attendent de l'Europe qu'elle en fasse plus. Ils doivent aussi donner à l'Union les outils dont elle a besoin, et le budget est tout simplement un outil essentiel.

Deuxièmement, je suis conscient que les gouvernements ne sont pas prêts à s'allouer beaucoup plus dans le budget. Je pense que de petites augmentations sont réalistes, mais pas de grosses augmentations. C'est pourquoi je pense que la création de nouvelles ressources propres [les principales sources de revenus du budget de l'UE] est le meilleur outil dont nous disposons pour combler le fossé, mais aussi pour faire en sorte que le financement de l'Union devienne transparent, prévisible et stable.

Aujourd'hui, lorsque nous décidons du Cadre financier pluriannuel, il s'agit essentiellement d'une négociation entre les 27 États membres et le Parlement européen, chacun des États membres souhaitant participer le moins possible et recevoir le plus possible. Il s'agit d'une négociation très politique. En revanche, si nous disposons de nos propres ressources, les revenus sont prévisibles pour tout le monde. C'est clairement la solution à long terme.

En ce qui concerne les emprunts conjoints, je conseillerais de ne pas en discuter maintenant parce que c'est encore politiquement controversé. Nous venons de nous endetter de 700 milliards d'euros [avec les fonds de relance post-pandémie]. Nous devons être très prudents quant à l'idée de créer une nouvelle dette. De plus, c'est un sujet qui divise idéologiquement en ce moment.

Euronews : Il y a déjà des conflits entre le Parlement et le Conseil sur le budget 2025 lorsqu'il s'agit de financer des programmes clés comme Erasmus+ ou Horizon Europe, alors quel type de budget envisagez-vous pour la période après 2027 ?

Je pense que nous avons besoin d'un budget dans lequel les principaux bénéficiaires de l'Europe ont toujours le sentiment d'être pris en charge : les programmes pour les étudiants, pour les bourses Erasmus, pour la recherche, pour les agriculteurs, pour la cohésion doivent toujours être clairs et visibles.

La défense sera l'un des principaux domaines à développer et nous devons également soutenir nos pays voisins, car soutenir nos voisins, c'est nous soutenir nous-mêmes. Nous le voyons en ce moment avec l'Ukraine, nous venons d'avoir un référendum sur l'intégration européenne de la Moldavie cette semaine et nous avons réussi, mais à une très faible majorité, parce que la Russie a été très active et a essayé d'affecter la Moldavie. Ce sera donc l'une des nouvelles priorités.

Euronews : Que pensez-vous des projets de la Commission sur la centralisation du budget de l'UE ? Quel pourrait être leur impact ?

Je pense que ce serait une erreur. Je pense que négliger le rôle des régions serait une erreur. Je pense qu'un budget que les niveaux local et régional s'approprient est un budget qui correspond mieux aux besoins sur le terrain et qui a plus de chances d'être mis en œuvre plus rapidement. La centralisation comporte également le risque que les gouvernements nationaux utilisent le budget de l'UE comme un outil politique à leur disposition. Ce serait également une erreur.

Euronews : En plus de ces idées, il y a également eu des discussions sur la façon dont ce budget devrait passer d'un budget basé sur des programmes à un budget basé sur des politiques. Quelles seraient les implications pour le financement des programmes de l'UE ?

Nous avons besoin d'un lien plus clair entre nos nouvelles priorités politiques et le budget nécessaire. Nous avons également constaté, dans le cadre de la facilité pour la reprise et la résilience (FRR), que les investissements étaient liés aux réformes. Et nous avons vu que grâce à ce lien, nous avons réussi à encourager des réformes qui n'auraient pas été faites autrement. Mais je pense que ce serait une erreur de lier des programmes concrets à des réformes macroéconomiques globales. Je ne voudrais pas que les agriculteurs voient les fonds européens bloqués parce que le gouvernement ne procède pas à une réforme des retraites. Voyons donc comment nous pouvons encourager les réformes dans ces domaines spécifiques.

Euronews : Le CFP est-il le bon instrument pour renforcer notre défense et nos capacités militaires ?

Nos besoins en matière de défense seront importants et un seul budget ne suffira pas. Le budget de l'Union ne pourra donc pas à lui seul fournir des ressources suffisantes. Il peut être un élément de réponse.

Du côté du Parlement européen, je constate que, quel que soit le type de dépenses que nous effectuons au niveau européen, je préfère qu'elles soient financées par le budget de l'UE, car cela est synonyme de légitimité démocratique, de responsabilité et de transparence. Je préfère donc trouver dans le budget de l'UE les ressources nécessaires à la défense, mais je suis sûr que cela ne suffira pas.

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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