Ce projet lituanien a déjà été adopté par de nombreuses entreprises européennes pour combattre le stress et l'épuisement professionnel parmi leurs employés.
La santé mentale des travailleurs est devenue une question prioritaire pour de nombreuses entreprises, en particulier depuis la pandémie de COVID-19.
Toute l'Europe est concernée, mais les chiffres sont particulièrement inquiétants en France.
Selon une récente étude du cabinet Technologia, "près de 3,2 millions d'employés français seraient en situation de travail excessif et compulsif, présentant un surengagement pathologique et connaissant un risque élevé de développer un syndrome d’épuisement professionnel".
Le projet européen Mindletic, basé en Lituanie, vise à améliorer la résilience au stress des employés, la prévention du burn-out au travail et à réduire les coûts pour les entreprises.
"Mindletic est une salle de sport numérique pour s'entraîner individuellement à l'intelligence émotionnelle", explique Ieva Vaitkevičiūtė, la fondatrice du projet.
"Nous fournissons aux entreprises des informations basées sur des données anonymes et agrégées qui sont collectées auprès de leurs employés", ajoute-t-elle. "Grâce à ces données, les entreprises peuvent prévenir les coûts liés aux cas d'épuisement professionnel et à la gestion du stress".
Le fléau du stress au travail
Plus de 30 % des Européens déclarent souffrir d’anxiété au travail, selon une enquête téléphonique sur les conditions de travail réalisée en 2021.
La start up 1stdibs.com, basée à Vilnius, fait partie des nombreuses entreprises qui ont pris conscience de l'impact humain et économique des troubles liés au stress pendant la pandémie de COVID-19.
La direction de l’entreprise utilise désormais Mindletic, les différentes fonctions de la plateforme permettant aux employés d'évaluer leur niveau d'énergie et leurs émotions, ainsi que de pratiquer la méditation.
"Je pense que de plus en plus d'entreprises comprennent qu'un bon équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, l'équilibre émotionnel et l'équilibre physique, signifie que les travailleurs sont plus productifs s'ils sont heureux", affirme Gedas Monginas, PDG de 1stDibs.com, dont 95 % des employés utilisent Mindletic.
"Il est donc préférable d'investir dans les employés existants plutôt que de former de nouvelles personnes au sein de l'entreprise", ajoute-t-il.
D'après Algimantas Stuopelis, employé de la start-up cast.ai, qui consacre quelques minutes à Mindletic chaque jour depuis six mois, l'application permet de mieux contrôler son stress au travail.
"Chaque fois que je fais ces exercices, chaque fois que je suis l'entraînement proposé par Mindletic, je suis capable de mieux me comprendre et de réagir à des situations comme le stress de manière un peu plus réfléchie", déclare-t-il.
"Obtenir des résultats tout en prenant soin de nous"
L'épuisement professionnel et la dépression représentent la deuxième cause d'incapacité de travail chez les indépendants. Ces phénomènes augmentent en fonction des crises, comme la guerre en Ukraine ou la pandémie de Covid.
En France, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) estime "le coût social du stress professionnel entre 2 et 3 milliards d’euros, ces chiffres incluant les dépenses de soins, celles dues à l’absentéisme, aux cessations d’activité et aux décès prématurés".
Le projet Mindletic bénéficie d'un budget total de 510 000 €, dont 47,05 % proviennent de la Politique de Cohésion de l’UE et 52,95 % de l’Université de Vilnius et d’autres entités privées.
Une trentaine de psychologues spécialisés participent au projet. Parmi eux, Rokas Salevicius affirme qu'il est crucial de lever le tabou sur l'épuisement professionnel et la santé mentale en général.
"Je ne vois pas le burn-out comme quelque chose de nécessairement mauvais qui doit être éliminé", déclare-t-il. "Il s'agit d'un signal de notre corps qui nous prévient que nous devons ralentir, que nous pouvons obtenir des résultats tout en prenant soin de nous".